Prologue

228 27 4
                                    

Ça y est, Sarah est en pleurs. Ce moment si redouté a fini par arriver. La télévision vient tout juste de confirmer son pire cauchemar. Elle est assise sur le sofa, les yeux fixés dans le vide et le visage figé dans l'air.

C'est officiel, à présent elle ne regardera plus jamais le journal de vingt heures. Sa sœur aînée, Mathilde pleure elle aussi à chaudes larmes suite à cette nouvelle.

Claire Chazal, la présentatrice, continue son émission comme si son annonce ne venait pas de détruire des vies. Le prochain sujet qu'elle évoque passe comme une lettre à la poste et elle parle de la nouvelle réforme anti-déchets mise en œuvre dans les métros parisiens sans aucun problème.

Monique, la mère, est déjà partie s'enfermer dans la chambre pour pleurer et hurler sans effrayer ses deux filles.

La télévision vient tout juste de rendre Sarah à moitié orpheline, de lui arracher une partie d'elle même, de tuer son créateur.

On vient de lui enlever son père.

Il s'est sacrifié pour sa passion.

Elle aurait au moins voulut lui dire au revoir. Elle serait allée le rejoindre en Irac où la guerre fait rage, juste pour pouvoir le serrer dans ses bras une dernière fois. Elle lui aurait murmuré à l'oreille à quel point elle l'aimait et à quel point il allait lui manquer.

Mais Sarah n'a malheureusement pas le pouvoir de traverser les écrans.

Elle se dirige vers sa sœur, pour la consoler. Mathilde éclate en sanglots lorsque Sarah la prend dans ses bras, puis elle lui murmure à l'oreille :

- Sarah, promets-moi que tu ne deviendras jamais journaliste...

Sarah inspire longuement puis répond à son aînée en sanglots :

- Je te le promet.

HelpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant