Le miroir
D'une simple phrase peut partir la vieMonique arrive en courant au centre commercial. Elle passe très rapidement dans le vestiaire pour enfiler son blouson bleu de caissière, puis rejoint de le couloir et trottinant.
Les allées du supermarché sont encore vides, il n'est que sept heures trente et Monique est déjà assise sur sa petit chaise à roulettes, devant sa caisse prête à compter, calculer et rendre des tickets de caisse à rallonge.
Elle doit d'abord compter le nombre de billets dans la boîte devant elle, c'est une démarche assez méticuleuse que de compter exactement le nombre d'euros et de centimes : absolument aucune des pièces ne doit être mise de côté.
Elle termine son comptage : 387€ et 13 centimes très exactement. Monique s'y est prise à trois fois avant d'être sûre d'avoir le bon nombre. Le temps a passé vite il est déjà 8 heures trente, le magasin va ouvrir dans dix minutes environ. Elle regarde Marie, sa jeune collègue qu'elle connaît bien, à la caisse voisine en train de fermer sa boîte à monnaie d'un coup ferme.
Marie est arrivée ici il y a 1 an environ, lorsqu'elle reçu par la poste la lettre qui expliquait qu'elle n'avait pas les capacités pour entrer à l'université. La lettre spécifiait que son dossier était trop maigre et trop peu garnit pour une jeune femme de 21 ans, et donc que sa candidature avait été refusée. Elle rêvait d'étudier la littérature française et de devenir une auteure célèbre, reconnue pour ces belles paroles et ses phrases à consonance étonnante. Elle pensait avoir du talent, avoir un coffre assez rempli pour continuer d'étudier et apprendre.
Il semble que non.
Comme quoi croire en ses rêves n'est peut être qu'une erreur. Nous sommes aveuglés pas nos espérances et revenons déçu lorsque l'on échoue : quelle perte de temps.
Marie a prit cette lettre comme une véritable insulte à sa passion et son rêve. Elle a tout arrêté, a ensuite enchaîner les petits jobs alimentaires avant de se retrouver ici, dans ce grand supermarché au clients agaçants et aux employés peu bavards.
- Tous nos employés sont priés de rejoindre leur poste, rétorque une voix féminine à travers les micros du magasin.
Monique soupire encore: elle n'a pas le choix, elle devra encore supporter une journée de plus. 8 heures de bonjour, de "bips" agaçants et de mercis forcés. La réjouissance qu'elle ressentait autrefois lui manque, tout lui manque.
§
Sarah se sent à nouveau plus bas que terre. Elle supporte la dure reflexion de Jeanne, fermant ses lourdes paupières pour bloquer ses larmes. La jeune fille s'y attendait, elle sait qu'ici dans cette école, les rumeurs vont aussi vite que l'éclair. Elle se contente juste de survivre et de prier pour que personne ne la prenne par surprise pour lui faire un sale coup. Elle entend Jeanne se retourner :
- Mais je veux que tu saches que je ne tiens pas compte des rumeurs. Je sais à quel point les choses peuvent se déformer et prendre une ampleur démesurée.
Sarah sent son cœur s'arrêter, elle s'attendait à tout sauf à ça. Jeanne poursuit :
- J'ai d'ailleurs quitter mon ancien lycée pour des raisons similaires (elle marque une pause) Ma vie était devenue un enfer, littéralement, il n'y a pas d'autres mots.
Sarah retient son souffle en entendant les mots crus de Jeanne : en voilà une qui n'a pas peur de dire les choses. Ça fait parfois du bien de parler à des gens sincères.
- Vraiment, s'interroge Sarah, mais que s'est-il passé ?
Jeanne soupire.
- Je ne préfère pas en parler pour le moment, c'est encore un peu trop frais dans mon esprit pour ne pas me faire de mal... J'imagine que ça passera avec le temps.
VOUS LISEZ
Help
RomanceÀ 17 ans, Sarah voit la vie en noir. Entre le récent décès de son père, une sœur qui la martyrise, un niveau de vie peu convenable et une mère trop peu présente, son quotidien est plus que chaotique. Sa seule ressource est la souffrance et elle pass...