La mélodie de l'espoir.
Le cercle vicieux du quotidien.- Éteins ça ! Hurle Mathilde en enfonçant sa tête dans l'oreiller.
Sarah se réveille en sursaut, obéit à sa sœur, puis appuye vite sur le bouton qui désactive l'alarme. Mathilde cesse enfin de se plaindre, Sarah sort de son lit en s'étirant, puis rejoint la cuisine sans faire de bruit. Elle allume les lumières sur son chemin, puis passe dans la chambre de sa mère ; son lit est vide, elle est déjà partie au travail. "La grande distribution n'attend pas !" répète-t-elle souvent en souriant, avant de s'en aller.
Sarah sourit, sa mère fait preuve d'un optimisme impressionnant, et tente toujours de voir le côté positif de ce qui lui arrive. C'est une initiative plus qu'admirable et mature. Mais chose est sûre, elle ne pourrait pas en dire autant.
Sarah se isse sur la pointe des pieds pour atteindre le haut de l'étagère et prendre une boîte de céréales. Elle attrape une brique de lait dans le frigo, puis un bol dans le placard. Elle pose le tout sur la table à manger, puis s'assoit. Lorsqu'elle s'apprête à verser les corn-flakes au chocolat dans son bol, une phrase lui revint soudainement en mémoire et l'a fait douter.
"Tu devrais peut-être penser à faire un régime, il semble que tu as encore pris des hanches"
Elle sait qu'elle ne devrait pas écouter sa sœur, ne pas s'attarder sur ses lourdes paroles et ne pas les prendre en considération. Mais Sarah ne peux pas s'en empêcher ; après tout peut être a-t-elle raison, songe la jeune fille.
Certes, Sarah n'est pas fine, mais n'est pas grosse non plus. Elle n'a jamais vraiment cherché à atteindre la perfection physique. Elle ne s'est jamais vraiment posé la question, il semble qu'elle a toujours été normale. De longues jambes, des fesses rondes, un petit ventre doux et légèrement musclé. Elle a à présent un corps de femme, n'est-il pas normal d'avoir des formes ? Un peu de hanche, un peu de fesses et un ventre légèrement plus gonflé après un bon repas, tout ce qu'il y a de plus normal semble-il.
Son aînée aurait matière à réflexion, c'est certain. Mathilde est si parfaite: des longues jambes fines et fermes, des bras fins, des abdos subtilement dessinés, et surtout un joli minois qui ne manque pas d'attirer les regards, ou même les compliments.
Sarah se souvient des dîners de famille où tout le monde complimentait Mathilde : "comme cette jeune fille est belle, elle ira loin ça c'est sur!", "elle sera une femme remarquable", "oh comme elle est magnifique, une vraie beauté cette petite". Mathilde était si radieuse, ses cheveux d'or était ornés de petites boucles et elle portait une petite robe blanche satinée, spécialement choisie pour l'occasion. Elle répondait en souriant, exposant sa rangée de perles et ses petites fossettes.
Ses proches passaient ensuite vers Sarah en la regardant de haut, puis se contentaient de rétorquer quelque chose uniquement pour me pas la dégoûter ; "tu as une très jolie robe Sarah, c'est un excellent choix". La jeune fille soupirait puis répondait en souriant par politesse. Elle regardait encore sa sœur de l'autre côté de la salle, assise sur sa petite chaise haute, puis la remerciait secrètement de lui avoir prêté le vêtement en question. Cette vulgaire petite robe bleue pastel, au petit noeu parfaitement noué, qui a présent, la dégoûte plus qu'autre chose.
Sarah se retourne pour ranger le paquet de céréales sur l'étagère, puis attrape une pomme verte dans le panier à fruits. Certes elle ne pourra jamais être comme sa sœur, mais elle pourrait plus ou moins s'en rapprocher; se rapprocher de la perfection incarnée.
Elle traîne les pieds jusqu'à la salle de bain, puis se débarrasse des ses vêtements avant de sauter dans la douche. L'eau brûlante s'écoule sur son corps frêle, et détend ses muscles endoloris. Elle se sent lourde épuisée et affaiblie, ses membres l'abandonnent au fil des jours.
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RomanceÀ 17 ans, Sarah voit la vie en noir. Entre le récent décès de son père, une sœur qui la martyrise, un niveau de vie peu convenable et une mère trop peu présente, son quotidien est plus que chaotique. Sa seule ressource est la souffrance et elle pass...