Chapitre 1

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L'épreuve du sang
Le fer rouge des sentiments

1 an plus tard...

Ce pantalon bleu est long, bien trop long. Il est si long que Sarah marche dessus en gravissant les escaliers. Elle continue d'écraser le bout déjà en fils avec ses vieilles Converses blanches. La jeune fille marche d'un pas lent et las, et ses bras pendent le long de son corps frêle d'une manière on ne peut plus inquiétante. Des mouvements lourds qui l'a ralentissent dans sa trépidante ascension.

Cette posture semble être associée aux larmes qui innondent son visage clair et inexpressif, à moitié assombri par la lumière du soleil que l'on aperçoit furtivement, à travers la cage des escaliers. Elle traîne, elle soupire, elle est épuisée, on se demande encore combien de temps elle va réussir à tenir sur ses jambes.

Elle arrive en haut des escaliers, puis se percute au majestueux coucher de soleil qu'elle aperçoit depuis le toit de son immeuble de banlieue. Elle passe doucement une main sur son frond pour ne pas se brûler les yeux ; quelle somptueuse vue, se dit la brunette. Elle inspire un grand coup puis avance plus près du bord, sans quitter des yeux le soleil, entrain de s'en aller derrière les autres bâtiments de son quartier. Ses semelles frottent le sol en béton, massacrant encore plus ses vieux souliers de contrefaçon ; de toutes manières, ces foutues godasses sont déjà pourries, soupire Sarah.

Soudainement, ses pieds atteignent la limite, la barrière qui sépare le toit du vide, le solide du gazeux ; la vie de la mort. Un simple petit muret d'environ un mètre de haut ; décidément, ce n'est pas très prudent. Vraiment, vraiment pas prudent.

Elle ne sait pas comment le faire, comment commencer. Dois-je monter sur le muret, puis sauter dans le vide ? Ou dois-je me laisser tomber depuis là où je suis ? Telle est la question.

Elle ne sait pas comment le faire sans se tromper, sans que cela ne soit trop dangereux. Comment ce suicide-t-on ? J'imagine qu'il n'existe pas de mode d'emploi ou de loi à propos d'une action aussi extrême. Si seulement cela existait, cela serait plus simple, pense la jeune fille.

Néanmoins, une question persiste ; Doit-elle seulement le faire? Doit-elle vraiment sauter du toit pour mettre fin à ses jours?

Elle n'en doute plus.

Sarah en est à présent certaine. Elle sait qu'elle veut fuir ce monde qui ne l'accepte pas, plus rien ne la retient. Elle veut à tout prix s'en aller, et les marques fraîchement dessinées à l'intérieur de ses poignets ne la contrediraient pas...

Ces nombreuses marques sont encore rouges et le reste des tâches de peinture corporelle est répondu sur la manche de son gros pull gris en cotons de mailles, qu'elle a associé à son jean bleu favori : Si je veux mourir autant le faire en étant confortable.

La première fois que Sarah a fait encrer ces marques sur sa belle peau laiteuse, c'était il y a un mois de cela. Elle était seule dans l'appartement. Sa mère était chez la voisine en train de boire un thé et sa sœur était allée passer l'après midi chez son petit ami. Le silence régnait dans toutes les pièces, Sarah était certaine de ne pas être dérangée.

Cette idée lui avait trotté dans la tête il y a déjà quelques temps, mais cet alors que depuis la table à manger où elle faisait tranquillement son exercice de maths, elle aperçut le couteau à pain traîner sur le plan de travail. Sa mère l'avait utilisé pour couper une tranche de gâteau à partager avec la voisine, ce matin même.

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