Chapitre 2

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La flamme étouffée
Atteindre le purgatoire.

Le soleil ne fera plus long feu, il reste encore trois minutes avant que le noir s'installe dans le ciel. Sarah se promène sur le toit de son immeuble, ne sachant toujours pas quoi faire. Elle pense, elle réfléchit, puis traîne les pieds jusqu'à arriver devant la petite porte en fer, qui cache le système électrique du bâtiment. Un genre de minuscule cube de béton vide et borgne de l'intérieur.
Elle s'y adosse, puis se laisse tomber sur le sol dur et glacé du sommet de son immeuble.

Les larmes coulent encore et toujours sur son visage blanc et fatigué. Ses joues autrefois rouges, pleine de santé, de joie et de vitalité, on pris une teinte pâle des plus glaciale. Ses yeux autrefois remplit de bonheur, qui se plissaient lorsqu'elle souriait, ressemblent à présent à des billes figées, sèches, sans aucune forme d'expression. Une statue, voilà ce qu'elle est devenue. Elle a des yeux aussi effrayant et une peau aussi froide et rugueuse que la Venus d'Ille. Une comparaison très peu flatteuse en ce qui la concerne.

Elle frotte ses paumes l'une à l'autre pour se réchauffer. C'est qu'à Paris, il fait tout de même froid en octobre! Elle regarde ses mains, fines et frêles, un instant. Les marques sont saillantes, et les manches de son pull gris favori sont souillées de peinture rouge.

De son propre sang...

Comment a-t-elle pu en arriver là, à vouloir en finir par tout les moyens? Elle même n'a pas de réponse à cette question. Est-ce normal d'avoir la mort en tant que rêve, quand on a dix-sept ans ? Elle ne pense pas. Elle doute que les idées suicidaires soit quelque chose de normal, surtout à cet âge là.

Sarah jette la tête de toutes ses forces en arrière, et se tape le crâne contre la porte blindée ; je veux me faire sortir ces idées de la tête ! J'en ai marre de tout voir en noir ! Sauvez moi, sauvez moi !

Sarah est à bout de souffle. Sa tention est plus que faible et ses intentions plus que mauvaises.

Que faire?

Elle rampe à genoux sur le béton rugueux pour atteindre le bord, le petit muret. Ses mouvements sont faibles, et ses idées ne sont pas très claires. Elle massacre son jean bleu qui frotte et s'éfile sur le crépi; de toutes manières, je n'en aurais bientôt plus besoin! Si je dois crever en ayant l'air d'une souillon, tant pis, ce n'est pas si grave! La jeune fille se relève difficilement sur ses jambes, puis pose un pied sur le muret, ce petit muret innocent qui s'apprête à voir une jeune fille s'envoler dans le ciel. Un morceau de béton, le fil qui sépare le ciel du monde des vivants, une porte dont Sarah s'apprête à franchir le seuil ;

J'aurais vécu dix-sept ans, dix-sept putains d'années sur cette terre. Dix-sept ans passé à essayer de survivre, c'est déjà un exploit! J'ai passé la plus grande majorité de ce temps à réparer des erreurs dont je n'étais pas l'auteure, à recoller les pots cassés et à me demander pourquoi j'étais ici. Que de temps perdu, autant en finir tout de suite!

Sarah a été heureuse aussi, mais ce temps fût minime comparé à celui qu'elle a perdu à vouloir être bonne et gentille avec les gens. Elle voyait la vie en rose, et à présent, elle la voit en rouge. C'est une descente aux enfers à laquelle la jeune fille n'était pas préparée, et elle se trouve en ce moment même au bord du précipice.

Sarah est prête, la porte lui est grande ouverte. Elle monte sur le muret, se frottant les pieds sur le paillasson avant de franchir la porte. Celle de la mort. Elle inspire tout en ravalant ses larmes puis se isse sur la pointe des pieds en levant la tête, avant de prendre une grande inspiration et de regarder les nuages.

Ça y est, le noir s'installe. Le soleil se laisse tomber derrière le bâtiment le plus écarté de la banlieue parisienne. Le vent fémit sa peau blanche et figée, innondée de larmes salées qui l'a refroidissent.

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