Chapitre 11

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Une chance oubliée
Le premier au revoir

Sarah finit par sortir de table, après avoir terminé son repas. Elle aide sa mère à tout ranger dans la cuisine, pendant que sa sœur continue de parler avec Tyron, en lui faisait les yeux doux.

La jeune fille ne peut s'empêcher de les regarder avec rage depuis la cuisine, en essuyant les assiettes. Elle se sent bernée et étrangement manipulée. Elle termine sont ménage, puis rejoint les deux tourtereaux à table. Peut-être a-t-elle une chance de se joindre à leur conversation ? Elle aimerait tenter sa chance.

- Peut-être, mais je n'en suis pas sûre. S'il avaient fait les choses dans cet ordre là, ils aurait de toutes façons perdu !

Tyron éclate de rire. Mathilde, elle, parle fort et enchaîne les mots. Tous deux semblent être très intéressés.

Mathilde continue son discours, le jeune homme l'écoute d'une oreille très attentive, et ses yeux sont fixés sur la belle blonde. Sarah reste avec eux, mais n'essaie même pas de se joindre a eux, elle se contentera d'écouter et de se taire.

-  Jamais de la vie ! C'est impossible que cela se termine comme ça !

Elle se sent mal à l'aise, elle n'aurait pas dû venir ici.

Soudainement, sa mère l'appelle depuis la cuisine :

- Sarah, madame Vincent t'attendait à neuf heures ce soir, tu es en retard il me semble.

Sarah avait totalement oublié son rendez-vous. Elle devait garder Lola, la fille de la voisine pour la soirée.

La jeune fille est ravie, elle a enfin un prétexte crédible pour enfin pouvoir quitter cet appartement où elle ne se sent guère à l'aise. Sarah s'éclipse pour aller chercher ses affaires dans la chambre, puis se dirige vers la porte pour enfiler ses chaussures.

Elle se dirige vers la table pour saluer le jeune homme, c'est idiot, mais ça l'angoisse.

- Tu vas où ? Lui demande Mathilde

- Je vais garder Lola.

Elle hoche frénétiquement la tête, d'un air inintéressé. Sarah s'approche de la table pour saluer Tyron. Celui-ci se lève, dépose deux baisers sur ses joues, puis lui sourit.

- C'était un plaisir de faire ta connaissance, j'espère qu'on se recroisera.

Elle ne sait pas s'il est sincère, ou s'il dit cela uniquement par politesse.

Sarah voit sa sœur lever les yeux au ciel, d'un air dramatique. Mathilde ne rate jamais une occasion de la rabaisser, que ce soit discret ou pas. Serais-ce de la jalousie ? Sarah en doute, jamais sa sœur ne pourrait être jalouse de quelqu'un de moins bien qu'elle.

Sarah sourit au jeune homme, et le regarde dans les yeux.

- Moi aussi, répond Sarah.

Mathilde émet un toussotement, pour mettre fin a leur entrevue et continuer sa conversation avec le jeune homme. Elle ne tolère pas qu'on puisse la laisser seule plus d'une minute, et sourtout, qu'on lui vole la vedette.

Sarah se retourne, puis sort de l'appartement. Elle grimpe les escaliers avec frénésie, puis se frotte les pieds sur le paillasson avant de sonner à la porte des Vincent.

Une femme noire ouvre la porte :

- Bonsoir Sarah, viens entre donc !

La jeune fille entre, puis Mme Vincent ferme la porte derrière elle.

- Je suis désolée du retard, je n'ai pas vu l'heure passer.

Mme Vincent lui sourit.

- Aucun problème, ne t'en fait pas.

La jeune fille avance dans l'appartement, puis voit la petite fille assise sur le vieux canapé vert, en train de regarder un dessin animé. Madame Vincent s'approche d'elle, puis lui demande d'aller se brosser les dents.

- Elle va se brosser les dents, il est tard et elle a école demain.

Sarah hoche la tête. Madame Vincent poursuit :

- Comme je suis de garde ce soir à l'hôpital, je ne rentrerai pas avant cinq heures demain matin. Il y a la chambre de mon fils qui est libre au fond du couloir pour que tu puisses dormir, dit-elle en détournant le regard.

Sarah ignorait jusqu'à aujourd'hui l'existence de son fils, elle ne l'a jamais vu et n'a jamais entendu parler de lui. Et au vu de la façon dont Madame Vincent parle de lui, avec cette voix peu assurée et légèrement tremblante, il semble être un sujet plus que sensible.

- D'accord merci beaucoup.

Madame Vincent la salue en lui souhaitant une bonne soirée, puis s'en va.

La jeune fille pose ses affaires sur le canapé usé, puis va chercher Lola, pour voir si tout va bien. Elle la retrouve dans sa chambre, où elle est en train de défaire son lit pour s'y installer.

- Tout va bien Lola, tu es prête à dormir ?

Sarah parcourt de ses yeux bleus la chambre de la petite fille. Tout est parfaitement rangé, et même millimétré. C'en est presque inhumain, pense la jeune fille complètement ébahie. Les livres dans la bibliothèque sont tous rangés et classés par tailles, couleurs et éditions. Les boîtes posées sur le haut de son bureau sont toutes annotée sur le devant, dont l'une avec l'inscription "dessins", attise la curiosité de Sarah. Elle sait que Lola est une dessinatrice hors-pair pour son âge, elle arrive à mémoriser les détails de chaque choses qu'elle voit, et ce, en toutes circonstances. Sarah se souvient que la petite fille lui avait montré une représentation de la petite sirène, qui était trait pour trait, celle qu'elle avait vu dans le dessin animé. Elle était impressionnée par son talent. Par ailleurs, les murs de sa chambres sont recouverts par la plupart de ses œuvres.

- Oui, je suis prête.

Alors, Lola se couche dans son lit. Elle remonte le duvet jusque sous son menton, puis pose sa tête frisée sur l'oreiller rose.

Sarah s'assied sur le bord du lit. Elle a envie de questionner Lola sur son frère, mais ce n'est pas une bonne idée, ça ne la regarde pas, et il est bien trop tard.

- Tu veux que je te lise une histoire ?

Lola sourit, puis hoche la tête. Sarah s'approche de la bibliothèque, puis prend un livre.

- Celui-ci a l'air bien.

Elle se met près de la petite fille, ouvre le livre, puis débute sa lecture.

- C'est l'histoire d'une princesse, une magnifique princesse aux cheveux d'or et aux yeux azur. Elle était considérée comme la plus belle fille de la cité. Elle habitait avec ses parents et sa sœur dans un magnifique château.

Sarah tourne la page, puis poursuit :

- Elle vivait dans le château du soleil, avec ses parents, qui étaient très gentil et très heureux. Mais hélas, la princesse Nora était détestée de sa sœur, la princesse Ilona.

Sarah s'arrête une seconde, troublée. Elle regarde la petite fille : elle s'est déjà endormie. Tant mieux.

Elle regarde la petite fille, avec cette façon qu'elle a de sucer son pouce lorsqu'elle s'endort. Sarah soupire, l'innocence de l'enfance lui manque plus qu'il ne devrait. Et plus elle avance dans l'âge, et plus la vie devient compliquée.

Sarah se lève, puis va ranger le livre dans l'étagère, avant de quitter la chambre en fermant la porte.

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