Chapitre 10

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Hey !

PS: j'ai mis une photo de Mathilde en média (du moins, c'est comme ça que je l'imagine 😉)

Bonne lecture !
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La face cachée de la réalité
Les petites minutes

Sarah pense et réfléchit toujours. Elle s'interroge sur la tournure étonnante qu'à pris cette journée. Il est clair qu'elle ne s'attendait absolument pas à ce que tout ce passe de cette façon.

Ça a commencé avec la discussion à cœur ouvert avec Jeanne, une fille qui lui était jusqu'à présent inconnue. Elle a parlé avec elle comme si elle la connaissait depuis toujours, ce qui était tout sauf le cas. Elle s'est sentie libre d'enfin pouvoir parler, sans qu'on lui porte de jugement.

Elle a ensuite fait la rencontre de ce mystérieux jeune homme : Tyron, l'artiste comme elle aime l'appeler dans sa tête. Elle était à ce moment là dans la peine, le seigneur a invoqué un esprit sauveur, et l'artiste est arrivé, avec le sac de Monique sous Le Bras : c'est un ange très curieux, un ange au regard sombre et indéchiffrable.

Puis la soirée a pris un tout autre tournant. Ils sont allés dans un café et ont discuté ; comme deux personnes normales le ferait. Mais jusqu'à aujourd'hui, Sarah ne s'était jamais considérée comme tel. Elle se croyait hors du monde, hors de la normalité et mise à l'écart de la société. Elle n'était pas comme les filles de son âge, elle en était certaine. Elle n'allait pas en ville avec ses amie le week-end et elle ne faisait pas partie d'un groupe avec lequel discuter pendant l'inter-cours. Mais après mûre et profonde réflexion, ce n'était pas une si mauvaise chose. On ne peut pas dire que les filles de lycée fassent preuve d'une maturité très grande...

Et la voilà ici, dans l'appartement, en compagnie de Tyron et de la délicieuse odeur qui plate dans l'espace, et qui s'échappe de la cuisine où sa mère prépare un somptueux repas.

Cela fait au moins un an que les Merciers n'ont pas reçu d'invités, depuis que Papa est partit. C'était lui qui donnait de la vie à ce lieu à présent froid et gris. Cela manque à Sarah, plus que n'importe quoi d'autre.

La jeune fille est assise sur le canapé, à côté de Tyron. Ils regardent une émission, sans vraiment la regarder. Sarah se sent intimidée par ce garçon. Son odeur mentholée embaume ses sens et sa nonchalance le rend encore plus attrayant. Elle se sent étrangement vulnérable à son contact.

Elle ne comprend pas pourquoi elle pense cela, elle n'a pas le droit. C'est totalement malsain. En plus, que possède-t-il de plus que les autres ? Il n'est qu'un humain après tout, il n'y a pas de quoi se sentir perturbée ou intimidée.

- Salut tout le monde !

Sarah se retourne, puis aperçoit sa sœur sur le pas de la porte. Elle s'enfonce dans le coussin du canapé. Cet instant de bonheur et de plénitude ne pouvait pas durer éternellement, elle aurait dû savoir qu'il ne serait qu'éphémère.

Dès l'instant où sa sœur met le pied là où elle est heureuse, la joie de Sarah se transforme rapidement en un cauchemar sans nom. Tout ce qui pouvait la rendre heureuse se retourne contre elle en un instant. Que peut-elle y faire ? Pas grand chose malheureusement, et elle le sait. Elle a beau lutter, les choses ne changerons jamais.

Mathilde dépose ses affaires près du meuble à chaussures puis passe voir sa mère dans la cuisine pour la saluer. Elle se dirige ensuite vers le salon, puis aperçoit enfin Tyron assis dans le canapé.

- Bonjour, dit elle étonnée, je suis Mathilde.

Tyron se lève pour lui faire la bise.

- Enchanté, Tyron.

Mathilde sourit. Sarah ne peut s'empêcher de voir du mensonge derrière son sourire ravageur. Sa sœur est fausse, elle le sait.

Mathilde se touche les cheveux d'un air innocent, puis rejoint Tyron et Sarah sur le canapé.

§

La fin du repas se termine dans la joie et la bonne humeur. Monique semble très heureuse d'avoir pu inviter ce jeune homme, et elle rit à toutes ses blagues. La mère profite de cet instant reposant et pense enfin à autre chose qu'à ces foutues factures et à ces dettes qui l'inquiète tant. Mathilde, elle, rit aussi. Elle n'arrête pas de rire, a croire qu'elle va s'époumoner. Elle ne cesse de passer ses longs doigts manucurés dans sa chevelure blonde, et n'arrête pas de lancer des petits regards étranges au jeune homme. Tout ceci devient quelques peu étrange.

Tout le monde s'amuse, c'est une soirée mémorable.

Sauf pour Sarah, qui se concentre sur son plat de spaghettis et s'amuse à passer sa fourchette le long des pâtes. C'est éclatant, vraiment. Elle jette parfois quelques regards assassins à sa sœur aînée, qui malgré tout, semble s'amuser et ignorer la détresse de Sarah. Mathilde s'en fiche, elle ne ressent rien pour les autres.

La jeune fille à l'impression que Mathilde lui a volé son moment, qu'elle lui a volé la seule chance qu'elle avait de terminer cette journée en beauté. Elle se sent dépassée par tout cela. Elle aurait été heureuse que toute cette soirée ne soit qu'un cauchemar épouvantable. Plus les minutes passent, plus elle a envie de s'enfuir loin, très loin de cette table et de ce foutu immeuble qui la hante.

Sarah a littéralement envie de hurler, de dire à sa sœur de s'en aller et de la laisser profiter de son moment en paix. Elle se lèverait de manière théâtrale, en faisant tomber un ou deux verres et même quelques couverts, puis crierais à sa sœur de sortir d'ici. Elle se sentirait mieux, tellement mieux et si décontractée.

Mais malheureusement, si elle faisait cela, tout partirait en ruine. Elle doit rester assise à cette table et continuer de faire semblant de rire à toutes ces blagues auxquelles elle ne prête pas attention. Elle n'a plus qu'une envie en cet instant, cette envie qui la fait suffoquer et l'empêche de respirer : récupérer son couteau et s'enfermer seule dans la chambre.

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