Pluie de roses maléfiques.
Le parfum de la méchanceté.C'est mon bain, mon eau, mon moment à moi. Mathilde n'a pas le droit de me le prendre, songe Sarah en voyant sa sœur ricaner dans la baignoire.
- Un problème ? Demande Mathilde en penchant sa tête sur le côté, comme pour attendrir sa cadette.
- Mathilde, j'ai fait couler ce bain pour moi, pas pour toi. Soupire Sarah en essayant tant bien que mal de se défendre.
Son aînée étouffe un rire, puis se tourne pour attraper un gel douche sur le coin de la baignoire.
- Et alors ? Demande-t-elle en versant une dose de savon dans le creux de sa main .
- Et alors, tu n'as pas le droit de me prendre ce moment-là.
- On peut bien partager, non ?
Sarah ne répond rien, sachant pertinemment qu'elle ne sera pas de taille face au démon maléfique qu'est sa sœur. Elle se contente de baisser la tête, se soumettant encore davantage. Son manque de répartie lui fait défaut, une fois de plus.
Elle aimerait tellement avoir la force de se défendre contre son sang, mais elle s'y sent incapable. Elle voit le mur de la faiblesse se dresser devant elle, ne lui laissant aucun passage par lequel se faufiler. Sarah rêve d'un jour pouvoir dire ce qu'elle pense, pouvoir se faire assez confiance pour tout lâcher et s'énerver, comme elle devrait le faire.
Mais la jeune fille ne fait rien et reste là, debout sur le carrelage glacé de la salle de bain, se demandant pourquoi elle est venue au monde.
- Au fait sœurette, tu devrais peut être penser à faire un régime, il me semble que tu as encore pris des hanches. Rétorque Mathilde tout en immergeant sa tête blonde sous l'eau.
Sarah sursaute, puis se retourne automatiquement pour récupérer son linge, sur le bord du lavabo. La pauvre avait oublié qu'elle était nue sous le regard hilare et moqueur de sa sœur, ce qui est très dangereux pour quelqu'un qui n'a pas confiance en soi. Mathilde creuse encore et toujours jusqu'à l'os, pour atteindre le cœur déjà bien endommagé de Sarah.
La jeune fille soupire une fois de plus puis sort de la salle de bain bredouille et triste de se rendre compte qu'elle devra finalement se contenter d'une douche, le lendemain matin.
Elle passe rapidement dans les toilettes pour se laver les dents, puis rejoint la chambre.
Sarah enfile un vieux pyjama, avant de se glisser dans son lit, recouvrant son corps à l'aide du drap. Elle se retourne un instant pour regarder le lit parfaitement fait et ranger de sa sœur, juste en face. L'oreiller et la couverture ne sont pas dépareillés et les dixaines de peluches qu'elle possède sont soigneusement déposées les unes à coté des autres, comme des livres dans une bibliothèque.
Même pour des petits détails, Mathilde fait les choses à la perfection.
La distinction entre les deux parties de chambre est flagrante. Le côté de Mathilde est lisse, sont lit est parfaitement replié, les vêtements rangés dans son armoire sont pliés au centimètre près et son morceau du mur est recouvert d'images qui s'accordent avec les tons de la chambre. Des posters de stars de la pop, ou d'acteurs connus que Mathilde idolâtre et trouve "vraiment trop trop beaux" comme elle le répète souvent.
En tout les cas, le pieux de Mathilde fait preuve d'une symétrie presque abusive et cette perfection visuelle semble être tout à fait naturelle chez elle. C'en ai à croire qu'elle le fait exprès.
Sarah se retourne à nouveau, remontant au passage son couvre lit, puis fait face à la réalité.
Elle regarde son côté du mur, qui lui aussi est recouvert d'images. Elle se fait mal à chaque fois qu'elle le regarde. C'est le tableau de la douleur, la chronologie de sa vie qui est représenté sur le mur dans un ordre croissant: du meilleur au pire, dans la ligne d'âge.
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RomanceÀ 17 ans, Sarah voit la vie en noir. Entre le récent décès de son père, une sœur qui la martyrise, un niveau de vie peu convenable et une mère trop peu présente, son quotidien est plus que chaotique. Sa seule ressource est la souffrance et elle pass...