Chapitre 19

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Le deuxième samedi
Et si c'était encore mieux ?

Sarah descend du métro, puis rejoint rapidement l'allée de Garance, où vit Tyron. Elle est moins angoissée que la dernière fois, mais anticiper ces moments avec le jeune homme, ou les discussions qu'ils pourraient avoir, suscite en elle un questionnement constant. Elle ne cesse de s'imaginer des choses, des choses impossibles.

Elle se surprend parfois à penser à lui, à ses yeux vert et aux nombreux samedis qu'elle passera avec lui, sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Ces images occupent son esprit, et ses rêves en monopolise l'attention. Elle l'aime bien, plus qu'elle ne veut se l'avouer.

Elle entre dans l'immeuble du Charlemagne au numéro soixante-huit, puis grimpe les escaliers deux par deux jusqu'à l'appartement seize, au cinquième étage. Elle sonne à la porte, puis attend en sautillant sur la pointe des pieds.

L'artiste lui ouvre la porte, un immense sourire aux lèvres.

Elle passe le palier, puis il ferme la porte.

Elle lui fait la bise, puis ils avancent vers la petite salle, où ils étaient déjà la dernière fois. Lorsque Sarah commence à retirer son blouson, Tyron l'arrête.

- Attend ! Je pensais qu'on pourrait aller faire quelques photos dehors, aujourd'hui. Le soleil est radieux, et je compte bien profiter de cette luminosité. Enfin, si cela ne te pose pas de problème, bien sûr.

La jeune fille hoche la tête, en replaçant son manteau.

- Non, aucun problème.

Il semble ravi.

Le jeune homme prend son appareil photo, puis se dirige vers la porte, suivi de Sarah.

- Je pense qu'on va rester dans la rue, juste sous l'immeuble. On ne sera pas dérangés, il n'y a pas beaucoup de monde.

Sarah est rassurée. Elle se seraient sentie ridicule de faire cela sur une rue passante. Le jeune homme lui indique un mur blanc, sur le trottoir d'en face. Elle reste debout devant le mur, ne sachant pas quoi faire.

- Fait comme la semaine dernière, comme si nous n'étions que tous les deux.

Elle le prend au mot, puis fait abstraction des choses qui l'entoure.

Sarah aime le regarder la prendre en photo. Il est si concentré que rien ne pourrait le décrocher de son travail. La jeune fille continue de jouer devant l'objectif, sous les compliments du jeune homme, qui ne cesse d'être surpris par l'aisance de son modèle.

Tyron s'approche d'elle, sûrement pour avoir des photos d'une différente perspective. Elle distingue à travers l'appareil, son regard vert, ténébreux et étrangement irrésistible, puis attarde son regard fougueux sur ses lèvres pulpeuses.

Lui aussi, qui la regarde à travers son objectif, s'attarde sur ses yeux bleus, et ses lèvres roses et charnues. Il se baisse un instant pour les admirer, puis les prend en photo. Tyron voit Sarah sourire.

- Pourquoi prends-tu mes lèvres en photo ? S'interroge la jeune fille.

- Pour avoir plus de précision après sur le tableau. Je vais prendre chaque partie de ton visage afin d'avoir un genre de puzzle que je pourrais ensuite modifier, cela ne te dérange pas ?

- Non, ne t'en fait pas.

Après quelques minutes et photos supplémentaires, ils finissent par remonter à l'appartement.

Sarah est surprise par cette complicité qui les unis et elle ne cesse de s'interroger sur ce que sera la suite. Elle pense encore à cette troisième partie. Leurs discussions, leurs confessions et leurs histoires constituent pour Sarah un futur qu'elle n'arrive pas à envisager ou imaginer, car elle sait qu'ici, la liberté est permise et que par conséquent, tout peut arriver. Mais étrangement, elle aime être amenée à rencontrer l'inconnu, qu'elle ne voit que quand elle est avec l'artiste, avec Tyron.

Elle s'assied sur la chaise, puis Tyron s'approche d'elle pour perfectionner sa pose.

- Tu as le droit de te détendre, et même de bouger si tu en a besoin.

Elle hoche la tête.

Il pousse légèrement son t-shirt pour en découvrir son épaule et sa clavicule. Sarah ne peut s'empêcher de de frissonner lorsqu'elle sens les doigts vallées de Tyron entrer en contact avec sa peau blanche. Il se met alors face à elle, et la regarde intensément. Ses yeux verts pénètrent son regard interrogateur, puis il se met alors à sourire. Mais que se passe-t-il ? Elle sent presque la chaleur du regard brûlant de Tyron sur son visage.

- Qui a-t-il ? Demande Sarah en souriant malgré elle.

Il semble alors sursauter.

- euh, rien excuse-moi.

Ils place ses cheveux brun un peu sur son front, puis va finalement s'asseoir devant son immense toile. Sarah le regarde encore, lui, sa nonchalance et sa manière d'être, puis ne peut alors s'empêcher de sourire.

§

- Alors, comment était-ce ? Demande Tyron à la jeune fille en essuyant ses pinceaux.

- C'était super. J'aime bien te voir peindre.

Il hausse les sourcils, visiblement surpris.

- Vraiment, et pourquoi ça ?

- Je ne sais pas. Tu sembles en même temps ici et ailleurs, et concentré mais distrait.

Il ricane.

- Ha ha ! C'est la magie de l'art. Tu donne libre espace à ton imagination et les idées divergent dans ta tête aussi vite qu'un courant d'air. En vérité, je suis en train de réfléchir, de penser, et d'imaginer en même temps. C'est un mélange étrange.

Sarah aime aussi sa façon de penser, et de parler. Tout semble abstrait et en même temps réel. Elle n'arrive pas à croire comme les choses ont changées en si peu de temps. Est-ce seulement grâce à cette nouvelle vie ? À sa rencontre avec Jeanne ? Où avec Tyron ? Elle n'en sait rien. Mais apprécie déjà ce que la nature lui offre enfin : le bonheur.

Soudain, Tyron pose sa main sur son épaule, coupant cours à ces interrogations.

- J'espère que tu es libre ce soir, car j'avais prévu de faire quelque chose pour notre troisième partie.

Elle se met à rire et à sourire.

- Dis-moi, donc !

- Je veux t'inviter au restaurant, pour te remercier, Sarah.

Elle est surprise.

- Tu n'as pas besoin de m'inviter pour me remercier, tu sais.

Il rit, puis pose son regard sur elle.

- En fait j'ai changé d'avis, ce n'est pas une invitation, mais une obligation ! Dit-il en lui tendant son manteau.

Elle se met à rire. Puis répond avec une voix ironique :

- Bien. Alors face à votre persévérance, j'accepte.

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