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"La peur mène à la colère. La colère mène à la haine. La haine mène à la souffrance. "

J'en faisais de plus en plus souvent, presque tous les soirs

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J'en faisais de plus en plus souvent, presque tous les soirs. Je continuais jusqu'à ce qu'on me hurle de laisser la place à Greg. Mais ça prenait du temps à faire, des entailles. Ça diminuait la tension, mon envie de partir, de casser. Ca diminuait la colère que je gardais en moi.

Un jour, notre emplois du temps s'est modifié. Je finissais deux heures avant, le mardi. En même temps que Harry. Je n'ai rien dis à ma famille et j'ai signé moi même la circulaire. Ce qui faisait qu'après les cours, je rejoignais Harry et on courrait chez lui, pour ne pas perdre trop de temps. Au début, Liam venait avec nous, puis il nous a laissé. Pour que je l'ai rien que pour moi. Il me l'avait dit comme ça, et j'avais rougi, parce que c'était vrai. Généralement on se couchait sur son lit et on écoutait de la musique, en discutant. On feuilletait des magazines et lorsqu'il lisait, il s'appuyait toujours contre moi. Il ne pouvait pas s'empêcher de me toucher. Frotter mes cheveux, lisser mon tee-shirt, caresser mes cuisses à travers mon jean, me faire des papouilles dans le dos ou même entremêler nos doigts. Même si j'étais gêné, je le laissais faire. Déjà parce que je laisse toujours faire les autres et en plus, parce que j'aimais ça. Surtout venant d'Harry. Avec lui, j'avais l'impression d'exister. Il était un peu ma petite lumière. Un petite étincelle dans ma vie. Avant, je ne ressentais rien. Même quand je n'étais pas avec lui, je ne ressentais pas grand chose. Ou trop de choses. Mais ça revenais au même. Ça faisait un vide qui me bouffait de l'intérieur.
J'avais pas envie de me jeter d'un pont ou me lancer sous un train. Mais je devais avouer, que si une voiture arrivait sur moi, je n'aurais même pas eu le réflexe de me décaler. Je m'en foutais.

Lorsque j'étais avec Harry, parfois je me mettais en travers du lit, sur le ventre. Je faisais exprès de m'étirer pour que mon polo découvre mon dos. Automatiquement, Harry me caressait le dos. Avec lui, je voulais aller plus loin, je crois. Mais j'avais peur. Pathétique. Je n'osais pas lui demander si lui était déjà aller plus loin. Ca ne m'aurait pas étonné. Il était déjà majeur à cet époque. Pas moi.

- Harry. J'ai chuchoté un jour, mais il m'avait entendu. Pourquoi on t'appelle comme ça ?

J'avais deviné que ce n'était pas son prénom. Comme moi, Niall n'était pas mon vrai prénom.

- Parce que j'aime ça. Mais tu peux m'appeler Harold si tu préfères.

- Harold veut dire armée et chef en vieil anglais, tandis que Harry, d'origine germanique, veut dire maison et roi.

- Comment sais-tu ça ? Il m'a demandé, étonné.

J'ai simplement haussé les épaules pour lui répondre. Il a sourit. Il s'est penché et m'a embrassé. C'était lent, doux. Trop bon. J'ai du me dégager, ça devenait insupportable tellement c'était bien.

- Tu as peur, Niall.

J'ai hoché la tête. J'avais peur.

- Harry, t'as déjà.... Mais je n'ai pas finis ma phrase. Parce que j'avais peur.

Il a rit et s'est assit à califourchon sur moi, un genou de chaque côté de mes hanches. Et il m'a embrassé encore, collant nos torses.

- Tu es bien curieux. Il a soufflé en souriant lorsque nous nous sommes séparés.

Il a roulé sur le côté et s'est mit dans la même position que moi.

- Je t'adore. Il a dit, en me regardant dans les yeux.

On est resté comme ca, dans le silence jusqu'à ce que ses lèvres se recollent aux miennes. Après notre baisé, il s'est levé et s'est écarté de moi. J'ai soudain eu envie de ma lame de rasoir, cachée dans la salle de bain à la maison. Je me suis demandé ce qu'il en penserait. Toutes ces marques, ce sang, ces cicatrices sur ma peau. J'ai presque eu envie qu'il les voient, qu'il les touchent, qu'il appuie dessus pour me faire saigner lui aussi. Mais en même temps j'avais peur de le perdre s'il le découvrait. Ça aurait été insupportable.

Quelques minutes plus tard, j'ai dû quitter sa maison pour retourner au lycée et retrouver Chris. Quand je ne suis plus avec Harry, je ressens comme un vide atroce, comme un trou, un gouffre qui a toujours été là, et qu'il recouvre simplement. Je ne voulais vraiment pas le perdre. Mais ce jour là, ce n'est pas lui que j'ai perdu, c'est toutes les autres choses qui faisaient que j'étais moi. Mon beau-père est entré dans ma chambre avec un énorme sac poubelle et a commencé à y vider mes placards.

- Mais qu'est ce que tu fais ? J'ai demandé depuis mon lit, tremblant.

- Je range. Il est temps de changer, tu ne peux plus continuer comme ça ! Il s'est énervé.

- Non, fais pas ça... J'ai supplié, mais il a continué.

Il a d'abord jeté tous les dessins que j'avais fais. Depuis que j'avais rencontré Harry, j'avais commencé à dessiner. Finalement, je n'étais pas si mauvais que ça, il fallait juste y croire un peu.

J'ai fermé mes yeux très fort, pour ne pas voir. Surtout pour ne pas pleurer en fait. Il a jeté tellement de choses. En chacun de ces objets, il y avait des détails qui me correspondaient. Des magazines qui appartenaient à Harry, des tickets de cinémas, des listes de ce que j'aimais faire ou de ce que je voulais réaliser, des vieux stylos que mon père me donnait de son travail, des bracelets, mes boîtes de maquillage, mes jouets de lorsque j'étais petits auxquels je tenais comme la prunelle de mes yeux parce que je les partageais avec mon frère. En jetant chaque objet, il retirais de moi une part de ce que j'étais. Puis il a ouvert la porte de mon armoire.

- Ca aussi il faut que ça cesse. Il a dit, sortant mes vêtements dans lesquels il ne supportait pas de me voir.

Il était très en colère, je ne savais pas quoi faire pour stopper ça. Je me suis levé doucement.

- Arrête... J'ai supplié, ma voix se brisant.

Il s'est retourné et m'a poussé très fort contre le mur. Ma tête a cogné. Fort. J'entendais le bruit du choc résonné à l'intérieur de mon crâne, puis j'ai eu un vertige. Je me suis tenu au mur pour ne pas tomber. J'ai fermé les yeux et je me suis laissé glisser jusqu'au sol. Je savais qu'il me parlait, ou plutôt qu'il me hurlait dessus, mais je n'arrivais pas encore à comprendre. Ce n'était pas encore net dans ma tête. Greg est venu voir ce qu'il se passait, puis ma mère aussi. Je voulais que ça cesse, plus que tout. J'avais envie de me jeter sur lui, de le ruer de coups, je voulais l'étrangler, lui briser le cou, lui hurler de ne pas toucher mes affaires, qu'il n'avait pas son mot à dire me concernant, que je n'étais pas son enfant. Je voulais le tuer. Cette haine grandissait en moi chaque seconde. Mais au lieu de réagir, je suis resté au sol, contre ce mur, à pleurer en silence.

Autodestruction | NARRY |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant