Il y a des poèmes qui se chuchotent et des poèmes qui se hurlent. C'est exactement comme les appels au secours. Je ne sais pas si c'est le monde qui est sourd ou moi qui suis muet, mais personne n'entend quand je demande de l'aide. Personne ne remarque quand j'ai besoin d'eux. Alors j'écris, parce que Charles Baudelaire a dit un jour que "Ecrire c'est crier en silence sa douleur" et je trouve ça beau.
J'ai toujours assuré préférer être seul qu'accompagner, mais il est impossible de nier que les gens ont besoin des gens pour survivre. Moi, actuellement, personne ne me tend la main pour que je puisse m'accrocher. Le problème c'est que choisir d'être heureux, c'est beau, mais c'est également renoncer à son malheur, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, je suis attaché à tout ce mal. Sans lui, je ne suis plus ce que je pense être. Alors, je m'accroche. Je m'accroche à deux choses paradoxales mais qui au final sont exactement les mêmes. Ce que j'aime. Harry et ma douleur. Sauf que Harry, lui, ne s'accroche pas à moi comme je le fais avec lui. Alors je m'attache à ce qui me retient. A ce qui me reste. J'aime mon malheur ; il me tient compagnie lorsqu'Harry n'est plus là. Parfois, quand je suis momentanément heureux, je ressens comme un manque de douleur. On est vite accro à sa tristesse. Et c'est terriblement apeurant.
Vous vous souvenez lorsque j'ai dis que je suis malade ? Ce n'était pas des conneries. C'est atrocement réel. Mais ma maladie ne se voit pas, alors elle n'est pas si réel que cela, pas vrai ? En 1943, Jean Paul Sartre a publié un ouvrage qu'il présente comme un essai phénoménologique sur la conscience, nommé L'Etre et le Néant . Un grand texte philosophique manié par la beauté des mots. Une qualité remarquable. Une pensée très profonde. J'aurais aimé avoir ce talent, d'écrire et de marquer les esprits. Mais ce n'est pas le cas. Pour reprendre M. Laporte dans l'ouvrage : « l'on abstrait, lorsqu'on pense à l'état isolé ce qui n'est point fait pour exister isolement ; le concret, par opposition, est une totalité qui peut exister par soi-seule » Dans ce cas, sachant que sans l'humain, ma maladie n'aurait pas lieu d'être, elle est abstraite. Et, douloureusement, Harry ne croit pas en l'abstrait et trouve ça idiot et ironique. Mais, si on pousse la réflexion, j'aime penser que, l'Homme ne peut pas vivre dans l'isolement alors... est-il lui aussi abstrait ? En réalité, je connais la réponse à ma propre question, donc, je n'attendais pas de réponse - c'était donc une question rhétorique, qui par définition est une figure de style qui consiste à poser une question n'attendant pas de réponse, cette dernière étant connue par celui qui la pose. Enfin, peut importe. L'Homme est à la fois la définition même du concret et de l'abstrait. Et c'est ça que je trouve incroyable dans notre existence. Les émotions, les pensées, les sentiments. L'amour. Tout ça, se sont des formes d'abstraction retenu dans un corps éternellement concret. Parfois je touche le vide en espérant effleurer ta peau. Je presse le néant en espérant enlacer ton corps. Mais je dois me contenter d'étreindre l'idée de toi.
Je porte des vêtements. Et sous mes vêtements, il y a ma peau. Harry pense m'avoir déjà vu nu car il a examiné l'entièreté de mon corps sans aucun vêtements tissu. Mais personne ne verra jamais personne entièrement nu. Parce que se mettre à nu n'est pas que l'action de dénuder, c'est aussi se dévoiler. Et je suis certain que jamais personne ne sera près à déclarer ses plus sombres secrets. Personne ne pourrait comprendre vraiment. C'est pour cela que qu'on ne s'explique pas, parce que les autres n'ont pas la même sensibilité que nous pour comprendre. Alors ils font tout, ils donnent le meilleur d'eux même pour qu'on s'explique. Mais on n'y parvient pas. Alors, on ne rend pas les choses de la manière que les autres le veulent. Mais ça ne nous empêche pas de ne jamais oublier leur geste, leur obstination à vouloir nous aider, vouloir nous aimer. C'est ce qu'on vit avec Harry. C'est difficile de rendre un "je t'aime" quand même le penser est une épreuve. Mais il n'existe pas de réponse parfaite dans ce monde d'émotions et de désordre. La perfection est hors de portée. Dans chaque instant rayonnant de bonheur, il y a cette goutte de poison : la conscience que la douleur reviendra. Pour un humain, souffrir, c'est comme respirer ; aimez, c'est comme s'abîmer. Ce n'est pas aussi simple que l'on pourrait croire. C'est aussi vouloir porter secours, mais on ne peut pas aider les autres, on peut juste être le témoin de leur parcours de douleur et les encourager à tenir bon. Si on intervient on est emporté. C'est une catastrophe humaine. C'est comme ça. Ca le sera toujours.
Je suis dans l'incapacité de dire comment j'en suis venu à écrire tout ça, mais ce qui est sur, c'est que ces mots ont un jour été posé sur cette page.
Je m'appelle Niall Horan, j'ai quinze ans et j'ai le TPL, Trouble de la Personnalité Limite.
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Autodestruction | NARRY |
Fanfiction《 Je me lève chaque matin, l'air de rien. Je m'habille, vais à l'école, je souris mais pour personne. Je suis seul, complètement seul. Délaissé comme un chiot abandonné. J'ai peur, vous savez ? Mais je fais avec, j'affronte mais je sais que le lende...