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"Je t'aime."

- J'avais l'habitude de penser que j'étais la personne la plus étrange de ce monde

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- J'avais l'habitude de penser que j'étais la personne la plus étrange de ce monde. J'ai commencé à dire. J'avais l'habitude de me dire, le soir devant le miroir de la salle de bain, que je suis trop étrange pour ce monde. Que je ne suis pas dans les attentes. Je me disais que j'étais certainement un enfant non voulu, un accident. C'est pour ça que je me sentais bizarre, parce que je ne devrais pas être là. Et puis je me suis dis qu'il devait y avoir d'autre personnes qui se sentaient comme moi. J'aurais aimé rencontrer ces gens. J'aurais vraiment aimé les rencontrer mais à défaut de les connaître, je les imagine. Et parfois j'imagine qu'ils pensent aussi à moi et que dans un sens je leur tiens compagnie, comme ils me tiennent compagnie à moi.

Harry m'a embrassé le crâne et j'ai eu envie de continuer à parler.

- Je peux dire d'autres choses ?

- Bien sur Niall ! Tu peux dire tout ce que tu veux. Il a dit en souriant. J'aimerais bien que tu me parlent de tout ces gens qui se sentent comme toi. Il a continué, certainement pour éviter de me dire "comment tu te sens" en utilisant ceux que j'imagine comme moi.

- Je pense que... je pense que nous sommes juste des adolescents perdus. Que nous sommes de ceux qui n'arrivent pas à être fort et qui pleurons le soir quand nous sommes seuls dans le noir, au fond de notre lit. Je pense que nous sommes de ceux qui pensent mal, de travers, pas comme il faut. Nous sommes de ceux qui se détruisent de l'intérieur. Nous sommes de ceux qui sourient toute la journée et du moins ne montrent rien pour s'effondrer le soir dans la salle de bain. Je pense que nous sommes de ceux qui sont trop faible pour rester debout.

J'ai laisser un petit silence planer. Je ne voulais pas qu'il devienne gênant. Ce n'est pas triste ce que je disais. Je dénonçait seulement une vérité. Une vérité qui affecte beaucoup trop de jeune de mon âge qui se cachent quand ils ont mal et surtout qui se taisent.

- J'ai l'impression que ma vie est un désastre. Alors que ça n'est pas le cas. Et ça me fait encore plus mal parce que je me dis qu'il y a des personnes qui souffrent encore plus que moi et qui ne se plaignent pas, qui sourient et qui vivent bien. Ça me fait même pleurer parfois. Je suis trop émotif je crois. Et puis, d'autres fois je me mets à pleurer sans savoir pourquoi. Et ça, c'est pire que tout, parce que je me sens mal, je me sens vide sans savoir ce qui me détruit. Du coup, je souris. Enfin, j'essaie parfois, devant mon miroir. Mais ça ressemble pas trop à un sourire, plus à une grimace en réalité. Donc je ne fais rien, je reste impassible, mais surtout je ne montre pas que je vais mal. Je pense que si l'on cache sa souffrance, elle disparaît. Et dans un sens c'est vrai. Nous vivons dans un monde de visible, de vérifiable, de matériel. On veut tous tout voir de nos propres yeux. Par exemple si tu me dis que tu as des stylos qui volent je vais avoir envie de les voir. Pas spécialement parce que je pense que tu me mens, mais par simple curiosité. On veut voir les choses, vraiment, parce que si elles ne sont pas là, si il n'y a pas de preuves, alors il y a de grandes chances que ces choses n'existent pas. Ce qui fait que si ma souffrance est invisible, alors elle n'existe pas. Et je préfère ça.

Harry m'a longuement regardé après que j'ai dis ça. Il a toujours réponse à tout, mais il n'a pas répondu cette fois. Parce qu'il n'y a rien à répondre. Il s'est simplement rapproché de moi, tenant toujours mon visage dans ses mains, et il m'a embrassé. Je lui ai rendu son baisé, puis j'ai légèrement ouvert la bouche. J'ai sentis sa langue jouer avec la mienne. Je me suis senti vivant. Incroyablement vivant. J'ai prolongé le baiser. Ca devenait plus violent, plus dangereux. Mais j'aimais ça. J'ai posé ma main dans sa nuque et doucement retiré son tee-shirt dès que nous nous sommes séparés. J'ai caressé son dos, ses épaules, ses bras, son torse. Puis je l'ai serré contre moi, très fort. Je ne sais pas comment, on a finit au sol. Il était couché sur le parquet et moi, j'étais sur lui. Au bout d'un moment, je me suis un peu redressé, toujours assis sur son bassin. J'ai commencé à dessiner des cercle sur son ventre et il frissonnait. En relevant la tête, j'ai aperçu mon reflet dans son miroir, et j'ai eu peur de moi même. Mon maquillage avait coulé, mes yeux étaient rouges et gonflés, comme mes lèvres. Mais pas pour la même raison. Je me suis allongé contre Harry, en continuant de faire des cercles sur sa peau.

- Excuse-moi... J'ai dis, tout doucement.

- De quoi ? Il a demander.

- De raconter des choses. De parler.

- C'est bon quand tu dis ce que tu penses Niallaëlle. Tu en as le droit aussi. Tu as le droit de t'exprimer chaton. Il a dis, finissant sa phrase en déposant un baiser sur ma main qu'il tenait.

Pour la première fois de mon existence, j'avais trouvé mon prénom beau. C'est une toute autre sonorité lorsque c'est lui qu'il le prononce.

- Ce n'est peut-être pas joyeux ce que tu dis, bien au contraire, c'est plutôt triste de voir un aussi beau adolescent de quinze ans dire des choses pareilles, mais ce n'est pas grave. Je préfère que tu me dise tout ça plutôt que tu t'enferme dans ce silence insoutenable. N'oublie pas que tu peux parler Niall. Avec moi tu peux tout dire, je te laisserais toujours faire. Jamais je ne te couperais la parole. Ta voix est le plus beau son qui m'est donné d'écouter et pour rien au monde je ne la ferais taire.

Ces mots me firent quelque chose au coeur. Et j'ai eu à la fois une atroce envie de l'embrasser et de l'aimer, mais aussi de partir en courant. Etre dans la chambre avec lui, ça a toujours été compliqué. C'était facile d'être avec lui, mais difficile aussi. Parce que c'était dangereux, je n'avais plus de barrières. J'avais peur de ce que je pouvais faire. J'étais sans limites, prêt à exploser, à tout moment. J'avais peur de ce que je pouvais être capable de faire.

- Dis-le. Il a dit d'un coup, me sortant de mes pensées.

- Dire quoi ? J'ai demandé.

- Que tu m'aimes. Il a répondu.

- Je t'aime. J'ai dis sans hésiter.

Et ça ne sonnait pas bizarre, au contraire.

- Je t'aime. J'ai répété.

- Je t'aime Niallaëlle.

Autodestruction | NARRY |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant