Je me tenais devant la porte de ma maison. Il était tard, pourtant la lumière faible de la cuisine était encore éclairée. William était derrière moi. Je le savais, il attendait que je sois rentré, pour partir. Je savais qu'il ne bougerait pas tant que la lumière de ma chambre ne se soit pas allumée suite à mon passage puis éteinte par mes propres mains.
Ce soir là n'était qu'une preuve de plus du mal qu'Harry avait pu nous faire. Il n'est pas un mauvais garçon. Il a voulu nous sauver de nous-même. Il a vraiment essayé, c'est sur. Mais, il a lamentablement échoué. Il a trébuché sur nos sentiments, il s'est prit les pieds dans nos émotions sans jamais vraiment tomber dans nos démons. Et puis il s'est perdu dans son affection et on s'est fait du mal. Je ne connaissais pas vraiment William, mais je savais que ce désir, ce soir, n'était qu'une preuve de plus, qu'un cri silencieux, qu'une alerte indiscernable de plus parmi tant d'autre.
- Tu connais le désespoir ? Je lui ai demandé, avant de rentrer dans la maison. Je connais le désespoir. C'est un sentiment pire que la mort car il tue ce qu'il y a de plus beau en toi. Il te broie de l'intérieur et te laisse spectateur. Le désespoir, c'est pire que l'amour, la haine et toutes ces conneries. Le désespoir c'est quand tu es mort et que tu dois continuer à vivre.
Il n'a pas répondu tout de suite. Je sentais son regard brûler dans mon dos et j'ai eu peur qu'il se moque de moi pour je ne sais quelle raison, mais qui aurait été valable tout de même.
- La souffrance vaut toujours mieux que la mort. C'est moins définitif aussi. Il a fini par dire, tout simplement, lassé de toujours vouloir trouver de quoi se raccrocher à la vie, sans doute.
Je savais que William n'avait aucune envie de continuer à vivre. Je le savais, car même si je ne lui ai pas dis, j'ai remarqué toutes ses cicatrices verticales le long de son avant bras quand il me les a montrées et celle qui se tient dans son cou aussi. Celles-ci, sont vraiment dangereuses et témoignent de réelles tentatives de suicide. Je pense que se sont elles qui nous ont rapprochés l'un de l'autre d'une certaine façon. Cette souffrance dissimulée. Je suis rentré dans la maison, sans lui répondre. Je suis allé dans ma chambre sans même saluer ma mère qui était dans la cuisine. J'ai allumé la lumière, j'ai attendu quelques secondes et je l'ai éteinte. J'ai lentement ouvert la fenêtre et je me suis penché. J'ai regardé que William soit bien partit. C'était le cas. J'ai passé une jambe, puis l'autre. Et je me suis assis. Juste assis, là. J'ai regardé le sol et j'ai attendu. J'ai attendu que la ville dorme paisiblement tandis que je l'admirais fermer les yeux. Même les lampadaires réguliers de la rue ont finis par sombrer dans la pénombre. Il n'y avait plus que moi qui résistait aux bras de la noirceur. Le silence était mélodieusement effrayant. Comme j'aimerais retrouver ce calme intérieur. Cette sérénité. Parce que je suis devenue un grand désordre. J'ai remonté un peu le toit et je me suis couché pour voir les étoiles. Soudain, tout m'est revenu dans la gueule. HARRY. Ce prénom tournait en rond dans ma tête, son visage flottait dans mon esprit. Il faisait battre mon coeur affreusement vite et faisait réagir mon corps d'une façon totalement imprévisible. J'avais l'impression que chaque étoile était un détail de son visage. J'ai envie de disparaître. Je veux que ces sentiments disparaissent. Je veux m'enfuir loin d'ici. Ne plus revoir son visage, ni entendre sa voix, ni sentir son odeur, ou toucher ses doigts. Je ne peux plus supporter cela. Des larmes dévalaient inconsciemment mes joues sans que je ne puisse les retenir. Tout ça, c'était bien trop douloureux. Je n'étais tombé amoureux qu'une seule fois. Et rien qu'une fois avait suffit pour me détruire. Je ne souhaitais plus poursuivre ma vie avec cette douleur au creux de la poitrine, je voulais juste mettre un terme à mon existence si c'était pour ne plus ressentir cela constamment. Il n'y avait qu'une seule façon qui me permettait de voir un avenir plausible pour moi et c'était à travers tes yeux. Mais maintenant que tu ne me regarderas plus, je ne veux plus, je ne veux plus continuer. Je ne suis tombé amoureux qu'une seule fois et je ne veux pas recommencer. Je ne veux que toi, personne d'autre.
Je ne suis personne, je ne suis que le reflet de ceux qui m'abandonnent. Je n'ai aucune valeur à part celle qu'on me donnera et je ne suis qu'une simple copie de ce qu'on fait de moi. Je me suis dis à moi même ou au monde qui dormait. Je tomberai dans l'oubli avant d'être charmé par de beaux yeux car il vaut mieux s'éteindre à la vue du monde qu'être éperdument amoureux. Mais je suis tombé éperdument amoureux avant.
Quand je suis retourné au lycée, quand j'ai vu tous ces étudiants vivant tranquillement leur vie tandis que j'avais envie de crier que je ne pouvais plus, quand j'ai croisé son regard avec plus aucune sympathie pour moi, quand j'ai sentis mon coeur se briser et mon bonheur s'effacer. Quand une journée de lycée a suffit pour que je comprenne que plus rien ne sera comme avant.
J'ai passé ma journée seul, comme avant. Je l'ai observé de loin lui et sa bande de copain et ça me répugnait de le voir sourire comme de rien alors qu'il y a quelques temps il faisait mine de pouvoir tout donner pour moi. C'était terrible de me retrouver à nouveau seul après avoir passé tellement de temps avec des gens qui semblaient se soucier de moi. Ce n'était apparemment pas le cas.
Le temps passait, et je ne suis plus venu au lycée. Je ne sais pas s'il l'a remarqué, mais en tout cas, ça ne l'a plus inquiété mon absence. William continuait de venir me voir au lac. On s'accompagnait toujours d'une bouteille d'alcool et de quelques mots durs, parfois des baisers et des mains baladeuses. Mon frère, ma mère, mon père se souciaient vraisemblablement plus de moi et ça me faisait chaud au coeur. Mais malgré tout, c'est difficile à dire, mais il faut se l'avouer. Je commence à croire que plus rien ne compensera ton éternel ignorance.
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Autodestruction | NARRY |
Fanfic《 Je me lève chaque matin, l'air de rien. Je m'habille, vais à l'école, je souris mais pour personne. Je suis seul, complètement seul. Délaissé comme un chiot abandonné. J'ai peur, vous savez ? Mais je fais avec, j'affronte mais je sais que le lende...