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Les points de sutures referment les blessures mais laissent des cicatrices.

Je ne lui avais pas laissé le temps de répondre que j'avais déjà raccroché

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Je ne lui avais pas laissé le temps de répondre que j'avais déjà raccroché. Cette histoire, c'est la première fois que je la racontais. Personne à part moi ne la connaît réellement, il fallait que j'en parle. Quand je suis rentré, ma tante m'a tendu des assiettes pour que j'aille les mettre sur la table. Quand je suis passé, Chris m'a bousculé et je me suis cogné la cuisse avec l'angle de la table. Exactement à l'endroit où je m'étais ouvert un peu plus tôt. J'ai lâché un petit cris de douleur ainsi que toutes les assiettes. Elles ont toutes cassées. Il y a eu un grand calme dans la maison. J'ai essayé de ne pas pleurer sinon, pendant encore des décennies on aurait entendu Chris rire avec mes oncle et tantes que je pleure même lorsque je casse des assiettes.

- Mais putain ramasse ! A crié mon beau-père. C'est pas possible ce gosse, il casse tout ce qu'il touche ! Il a grogné en quittant la pièce.

J'ai attrapé les morceaux comme si c'était des bonbons. Sans peurs ni rien d'autres, je les ais empoignés jusqu'à ce que mes mains saignent.

- Ni' , a dit ma mère derrière moi, tu vas te faire mal.

Je n'ai rien répondu et j'ai continué dans ma transe. Quand j'eu finis de tout ramasser, j'ai mis tous les morceaux à la poubelles et je me suis rincé les mains. Elles saignaient, mais ce n'était pas grave.

- Il faut mettre quelque chose, a dit ma mère en regardant l'état de mes mains.

- Non, c'est pas la peine. J'ai répondu.

- Ça saigne beaucoup, tu sais. Elle a insisté, inquiète.

Il y avait plein de petites coupures, mais il y avait une entaille beaucoup plus grosse que les autres. Beaucoup plus profonde que celles que je me faisais. Elle saignait beaucoup plus aussi.

- Il faut sûrement faire des points, a dit mon frère en s'adressant à ma mère.

Mon beau-père m'a alors tiré par le bras.

- Aller, on va les faire ces points comme ça on en parle plus. Il a dit en me tirant vers la porte.

- Ce n'est pas la peine, j'ai dit.

- Ça suffit maintenant ! Peur ou pas peur tu te bouges et on va aux urgences putain ! C'est pas possible d'être froussard à ce point !

J'ai voulu rétorquer mais son regard m'a fait changer d'avis et j'ai obéis. On a attendu longtemps dans la salle d'attente avant que quelqu'un ne s'occupe de moi. J'étais entrain de me vider de mon sang par la main et personne ne s'en est inquiété si ce n'est que la femme de ménage qui m'a demandé de me mettre au dessus de l'évier en voyant trois gouttes de sang sur le carrelage blanc. J'étais dans la même pièces que les enfants, à vrai dire, on était une bonne quinzaine, de tout âge à s'impatienter. J'ai regardé les jeunes enfants s'amuser avec des petites voitures et je me suis dis qu'ils avaient l'air d'aller bien. Vraiment bien. Puis je me suis rappelé qu'au lycée aussi, j'ai l'air d'aller vraiment bien.  Au bout de plusieurs heures, un docteur est venu et m'a demandé de le suivre. Mon beau-père aussi à suivit. Il nous a mené jusqu'à une pièce et m'a demandé de me coucher sur le lit. Il a observé ma main et en a conclu que j'avais une belle entaille.

- Je vais devoir faire quelques points, n'ai pas peur. Il m'a dit.

- Mais j'ai pas peur, putain ! J'ai presque crié, à l'intention de tout le monde. De la Terre entière même.

Le docteur avait sursauté et Chris s'est approché de moi, m'a giflé et m'a hurlé de m'excuser immédiatement.

- Ça ira, il n'y a aucun problèmes. A dit le docteur en cherchant mon regard sous ma mèche blonde. En revanche il faut que je vous demande de sortir, il a continué à l'intention de Chris. En voyant qu'il allait insisté, il a reprit. C'est le protocole.

Chris est donc sortit. Je ne suis pas sur que le protocole demande cela, mais moi ça m'allait.

- Ça va ? Il m'a demandé et j'ai dit que oui. Vous vous entendez bien ?

J'ai haussé les épaules et il m'a demandé s'il lui arrivait souvent de me frapper. Je lui ai répondu que ça arrivait, parfois. On est pas allé plus loin et je n'avais pas non plus envie qu'il en sache plus.

- Excusez moi, je lui ai dis pendant qu'il préparait son matériel.

- Il n'y a pas de mal. Il m'a répondu.

Il a fait une anesthésie locale et a commencé son opération. Il m'a demandé comment je m'étais fais ça et je lui ai vaguement expliqué.

- Quel âge as-tu ? Il m'a demandé

- Quinze ans.

- Ça fait mal ? Il m'a demandé en me montrant mes piercings du menton.

- Non ça va. Après ça dépend de la personne et si ça s'infecte aussi.

- Tu les as fais où ?

- Dans une boutique en ville. Chez un pote à mon... Mon.. euh...

- Ton copain ? Il a terminé à ma place.

- Ouais. A mon copain.

Il a sourit et n'a rien dit. J'ai eu peur qu'il me fasse tout un discours sur les moyens de se protéger mais il a juste continué son travail. J'aurais aimé qu'il n'anesthésie pas. J'aurais aimé sentir l'aiguille dans ma peau.

- Tu écoutes quoi comme musique ? Il m'a demandé en me montrant l'oreillette de mes écouteurs qui dépassait de mon pull et qui était vissée dans mon oreille.

- Un peu de tout. J'ai répondu.

- Et là, tu écoutes quoi ?

Avec ma main droite j'ai sortit la seconde oreillette et l'ai mise dans son oreille.

- C'est Not Afraid d'Eminem, j'ai précisé.

- J'aime bien, il a répondu.

- Moi aussi.

Quelques minutes plus tard, il eu finit de s'occuper de ma main.

- Il faudra enlever les points dans 10 jours. Mais tu peux revenir avant si ça ne va pas. Pour n'importe quel problème, je me tiens à ta disposition.

Puis il m'a laissé partir. Sur la retour il n'y a eu aucun bruit, seulement celui de la route.

Autodestruction | NARRY |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant