Helldown #2 - Ville de glace

Chapitre 2 (corrigé)

Trois garçons jouaient sur le tapis au pied du lit. Leur ressemblance la frappa tel un coup de poings dans l'estomac : les mêmes yeux bruns perlés d'une larme d'or, les mêmes traits anguleux, leurs cheveux châtain foncé parsemés de mèches blondes. Ils s'amusaient avec de petites figurines et des voitures.

Leur bonheur lui serra la gorge.

La scène se modifia pour dévoiler deux adolescents couverts de boue et de sang face à une dame plus petite qu'eux mais dont l'aura les étouffait littéralement.

— Aucune jeune fille dans ce monde ne mérite que deux frères se déchirent.

— Sasha est quand même la guépard la plus sexy du cla, bougonna l'un des triplés un peu en retrait.

— Roy ! hurla leur mère, le visage rouge. Vous n'avez que quinze ans.

Les trois jeunes la dévisagèrent, un brin moqueur. Elle leva les yeux au ciel puis plaça ses poings sur ses hanches.

— Je ne veux rien savoir ! Vous allez arrêter cette guerre, immédiatement. Ou j'en parlerai aux principaux concernés !

— Tu veux nous jeter la honte ? s'indigna Rhett sous le rire moqueur de River.

— Ne me forcez pas la main et comportez-vous en futurs rois !

Les deux garçons bougonnèrent, les bras croisés. Heilin les trouvait mignons à agir de la même façon.

— Vous étiez vraiment proches.

— Parfois, les gens pensaient que nous n'étions que des jumeaux, admit le plus âgé.

De l'extérieur, son regard se trouvait irrémédiablement attirée par deux d'entre eux, Roy se tenait en retrait même s'il intervenait dans la discussion. Son aura n'était en rien comparable à celle de ses frères. Il semblait plus calme, plus réfléchi. Sans doute, une impression née du voile qui assombrissait les yeux de Roy.

— Il a dû en souffrir, commenta-t-elle distraitement.

— Il n'en a jamais rien montré mais je suppose que oui. Roy est quelqu'un de plus réservé et pragmatique.

Les triplés sortirent de la chambre en se taquinant toujours.

*

* *

Heilin bailla. Son corps se crispa. Les blessures de son dos et sur ses jambes brûlèrent.

— Évitez les mouvements trop brutaux, lui conseilla River qui lâcha sa main gauche.

— J'oublie parfois, soupira-t-elle.

— Vous guérissez lentement parce que vous n'êtes pas auprès de votre seigneur, lui apprit la Morrigan.

Jamais Heilin ne serait en mesure d'oublier cette grande tige rousse aux yeux verts perdus dans un monde unique.

— Vous avez pu entrer ? s'étonna la convalescente.

— Ce qu'un roi ignore ne peut le blesser, sourit la rouquine.

Heilin haussa un sourcil, surprise. Leur première rencontre restait, dans sa mémoire, un moment particulier, entre rêve et réalité, et il lui parut évident que la seconde ne serait pas plus explicite. La Morrigan du Panthéon cultivait le secret comme personne.

— Mais ce roi blesse les miens, je ne peux le laisser agir à sa guise, ajouta celle-ci.

River baissa la tête, soudainement tout petit dans la pièce. Toute l'attention de la Vanadis se tourna vers la Morrigan.