Chapitre 12 (Corrigé ++)

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Il fallait bien que quelqu'un l'empêche de rejoindre le seul endroit de tout ce foutu Panthéon capable de lui apporte le calme dont il avait besoin.

– Tu n'aurais pas dû briser le lien !

– Je ne l'ai pas fait ! grogna-t-il en levant les yeux au ciel.

Alpheus lui emboîta le pas, cet air sévère horripilait sur le visage. Même épuisée, la chef des léopards lui donnait du fil à retordre.

– C'est pourtant ce que nous avons tous ressenti !

– Elle a mis sa vie en danger ! protesta-t-il.

– Elle mérite donc de croire que tu la rejettes ? l'attaqua Alpheus. C'est une enfant perdue, Dageus !

Il ouvrit la bouche mais elle le devança.

– Toi aussi, tu n'es qu'un gamin pourri gâté !

– Une petite leçon ne lui fera aucun mal, se rebiffa-t-il piqué par son accusation.

– Couper votre lien n'est pas une petite leçon, Odin ! Le rejeta-t-elle. C'est dire à ton propre peuple que leur reine n'est pas digne de confiance.

La porte de la salle du trône se referma derrière le dos vouté d'Alpheus. Il constatait de jour en jour sa faiblesse. Il ne pouvait rien y faire. Elle avait pris seule sa décision et le lui reprocher serait inutile car le mal était fait.

Dageus avisa la pièce qui pouvait contenir plus de trois cents personnes. Le sol était pavé, fissuré par endroits et gorgé d'une énergie qu'il était le seul à ressentir. Il aimait cet endroit pour tout un tas de raisons. Et autres que les sentences de mort ou d'exécutions sans sommation de plusieurs de ses ennemis aux pieds de son trône. C'était tout simplement le seul endroit dans ce fichu Panthéon où personne n'osait venir le déranger dès qu'il s'y trouvait. Tous savaient que l'accès à cette salle ne se faisait que si Dageus en donnait l'ordre. De plus, contrairement à la majorité des habitants, les ténèbres qui entouraient son trône ne le dérangeaient pas. Il y voyait même mieux qu'en plein jour. Sans parler de ce silence lourd et froids qui agissait tel un baume sur ses blessures psychiques.

Parfois, il se demandait si les lieux imprégnés de sa magie ne lui répondaient pas d'une certaine façon. Ils se muaient en un sanctuaire galvanisant pour lui, exactement ce dont il avait besoin.

Depuis toutes ces années à contenir la Bifröst pour deux, cette dernière ne parvenait plus à agir sur lui de la même manière que sur les autres wastes. Souvent, il en venait à se demander si elle n'avait pas eu l'effet inverse : une sorte de cancer qui le rongeait jusqu'aux tréfonds de son âme.

Une âme tourmentée qu'il peinait à laisser s'exprimer.

A sa décharge, quand Jerry commença son éducation des années auparavant, il avait dû enterrer ses émotions car, selon l'ancien Odin, ces dernières l'affaiblissaient. L'Odin ne pouvait se permettre la moindre faiblesse. Et en ce temps-là, il n'eut aucun mal à obéir car il se sentait vide, esseulé et horriblement malheureux d'avoir perdu les seuls êtres chers qui comptaient dans sa vie. Perdre ses parents fut un coup cruel du destin mais perdre Wyatt fut le couperet final. Son apprentissage auprès de Jerry devint, dès lors, un moteur à sa vengeance. Dès qu'il en eut la force, il retrouva les assassins de ses parents. Dire qu'il prit plaisir à écorcher vif et démembrer les humains responsables de leur mort resterait un doux euphémisme. Il adora chaque seconde de ces instants funestes, l'odeur de leur peur et de leur sang, le son irrésistible des os sous la force de ses crocs et leurs supplications. Il les entendait encore aujourd'hui, lui rappelant combien la revanche pouvait être salvatrice.

Helldown #2 - Ville de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant