Helldown #2 - Ville de glace

Chapitre 34 (corrigé)

– Tu es très sensible à la magie de notre ville, s'étonna leur guide.

– Elle est la Vanadis, bien sûr qu'elle y est sensible, gronda un vieillard au pas de la porte. Refermez cette porte !

Les gardes s'inclinèrent puis les poussèrent à l'intérieur de la ville. Les habitants chahutèrent en les dévisageant avant de s'éparpiller dans les ruelles sombres.

Heilin frissonna d'appréhension face au vieil homme. Ses lunettes pareilles à un masque de plongée l'empêchaient de discerner ses émotions et cela la mettait mal à l'aise. Autant que l'énergie qui caressait toujours sa peau comme à la recherche d'une brèche dans laquelle s'engouffrer.

Des silhouettes éthérées glissaient le long des immeubles en ruine, la tigresse sentait leur attention dirigée vers eux. Vers elle. Sa part animale grondait, furieuse, insensible à sa raison qui lui ordonnait de se calmer. Ils devaient passer cet endroit pour se rendre à Tara, qu'ils le veuillent ou non.

Au bout de la rue se trouvai un bâtiment circulaire dénué d'étages et de fenêtres. Il n'y avait qu'une porte qu'ils durent emprunter les uns après les autres.

– Notre Commandant va vous recevoir, les informa l'ancêtre.

Celui-ci passa à côté d'Heilin qui se tendit. L'impression d'agression se renforça au contact de son énergie. Ses dents grincèrent tant elle prenait sur elle pour ne pas se transformer. Subitement, les doigts de l'homme se posèrent sa joue droite. Une légère décharge électrique crépita. Elle tenta de reculer d'un pas pour échapper à la douleur mais son corps resta parfaitement immobile. Elle ne pouvait que regarder son agresseur approcher.

La Bifröst tournoya autour de ses pieds, incapable de s'accrocher à sa peau et d'entrer elle.D'une pulsion, Heilin l'envoya vers Vesper et Rhett toujours proches. Un rugissement détruit le silence. L'homme percuta le mur à quelques mètres d'eux, repoussé par Vesper. Heilin inspira et expira plusieurs fois, les poumons en feu.

Rhett les contourna, releva l'homme par le cou et le secoua, enragé :

– Essaye encore de la toucher et je te découpe en morceaux.

– Rhett, tenta de le calmer Roy.

Le guépard lâcha le vieil homme qui partit dans un éclat de rire. Son visage se métamorphosa devant leurs regards ahuris. Ses cheveux devinrent noirs, recouvrirent ses yeux gris verts et sa nuque épaisse entourée de plusieurs chaînes argentées. Un tatouage tribal de ce qu'Heilin identifia comme étant un dragon apparu sur son bras gauche du poignet à l'épaule. Sans doute descendait-il dans son dos mais son t-shirt couleur corbeau l'empêcha de le savoir. Une ceinture fixait un long tissus bordeaux autour de ses hanches et qui flottait autour de ses longues jambes enserrées dans un pantalon de cuir.

Le cœur de la jeune femme se figea à la vue du sigle étrange –une forte de Kanji mais elle n'en était pas certaine – sur la cape rouge sang. Ses doigts se faufilèrent à l'intérieur de sa veste de protection pour en retirer une photo pliée en quatre. Depuis qu'elle l'avait trouvé dans les locaux souterrains de l'Academy, le cliché ne la quittait plus. Elle savait qu'en le cachant, elle ne découvrirait rien de plus, mais une voix au fond d'elle l'empêchait de le dévoiler à qui que ce soit. Comme si inconsciemment, elle savait les troubles que causeraient cette photographie.

– Tu connais mon père, marmonna-t-elle.

Sur le cliché, elle pouvait distinguer l'inconnu, au fond, à droite de son père.

– L'un des seigneurs d'il y a vingt ans.

Tous le dévisagèrent, ahuris.

– Je gouverne les Ombres. Votre père ( il indiqua d'un mouvement de main Vesper et Heilin) régnait sur les Wastes. Le prédécesseur de Fark tenait ses Mages d'une mains de maître. Et cette chère Jezabelle croyait posséder les Sorcières sous sa coupe.