Helldown #2 - Ville de glace

Chapitre 3 (corrigé)

Excédé, Dageus observait la silhouette profondément endormie du dernier ennui qu'un enfoiré venait de balancer aux pieds de sa porte sans penser une seconde que sa fureur en serait décuplée. Ou peut-être était-ce justement un fait exprès ? Présentement, il oscillait entre rage incommensurable et dégoût ce qui ne l'aidait pas à garder la tête froide. De plus, la réaction de la vieille bique hérissait ses poils le long de sa colonne vertébrale. L'envie de débarquer chez elle et la démembrer devenait, même, presque trop tentante.

Si seulement !

L'Odin poussa un long soupire.
Ce salaud de Jerry s'était bien gardé de lui avouer qu'il hériterait d'une crèche géante.
Une vague d'angoisse le balaya quand il repensa à ce qu'était devenu son mentor. Comment avait-il pu se changer en cette immonde chose capable de blesser sa propre fille ?
C'était durant des jours comme celui-ci qu'il sentait le poids de ses décisions peser telle une chape de plomb sur ses épaules. S'il avait su, jamais il n'aurait accepté de devenir Odin. Il les aurait envoyés au diable, Jerry et toute sa joyeuse clique d'emmerdes. 

Malheureusement, le père de Heilin devait se douter, à l'époque, qu'il était pris « par les couilles».
Néanmoins, il devait admettre qu'à présent, il y avait des choses dans cette vie dont il ne pouvait plus se passer.
Quand bien même il le niait haut et fort.
Ses retrouvailles avec son frère et l'évolution de sa relation avec Heilin constituaient les rares éléments de bien dans sa vie. Même si cette dernière restait coincée chez ce bon à rien de Rhett, qu'il ne pouvait l'aider perpétuellement à distance et qu'ils auraient besoin, tous deux, de renforcer leur lien à un moment donné. Il avait besoin d'elle pour le guider, soigner et gérer leur peuple.

Mais avant tout il devait régler le problème qu'était l'héritière de la vieille bique sans coeur.

Et je sais exactement par où commencer!

Dageus jeta un dernier regard sur la brune dont le visage contusionné rendait son identification plus difficile.  Les piercing scintillants à son oreille gauche attirèrent son attention. Un rappel brusque de ce qu'elle était. Il soupira lourdement une énième fois en songeant que pour une fichue fois, il aurait préféré qu'elle aussi le défie du regard sans peur ni égard pour son statut d'Odin.

Chienne de vie !

Pas un jour, il ne serait tranquille. Et ce manque de tranquillité, il le ferait payer à qui de droit le moment venu !

Il résista à l'envie de claquer la porte en sortant de l'infirmerie. Qu'il fasse un boucan à réveiller un cimetière le soulagerait peut-être un peu. De toute manière, la  victime ne se réveillerait pas avant un long moment. 

A quelques mètres de l'immense porte à double battant derrière laquelle se jouerait sa scène favorite, il replaça son masque d'impassibilité. Plus il se montrait froid, plus il inspirait la crainte et c'était précisément ce qu'il cherchait à provoquer. Il ouvrit la porte sans même se servir de ses mains, les faisant claquer contre les murs. Il pénétra dans la salle du trône et ignora l'homme raide comme un piquet au bas des marches menant à son trône.
Alors qu'intérieurement il brûlait de le « reaganiser » !
Une fois assis sur les os des précédents souverains, Dageus s'essuya les pieds sur la peau de Reagan, puis d'une main se mit à tapoter la tête du Headhunter l'ayant défié le matin même.
Finalement, l'idée de Matt d'en faire un ballon de football n'avait pas été retenue. Il avait décidé, au contraire, d'en faire un exemple. Exactement comme Reagan mais sous forme de sceptre et non de paillasson. Certes il ne durerait pas longtemps, néanmoins, parader avec des morceaux de ses ennemis était jubilatoire et servait efficacement à faire flipper tous ceux qui décidaient de ruiner ses journées !
Lentement, son regard descendit sur le guépard qui attendait de savoir pour quelle raison il l'avait convoqué. Le simple fait de le regarder réanima sa colère.
Malheureusement pour Roy, sa filiation le desservait.
Sous les trois uniques mèches blondes dans sa chevelure ébène masquant son front, Roy n'en menait pas large, ses yeux bruns se noyaient d'inquiétude. Sans parler de son odeur caractéristique et des poils qui se dressaient sur ses avant-bras à la peau doré et vaguement tâchée.