Chapitre 24 (corrigé +)

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Heilin frotta vivement ses avant-bras. La température baissait au fur et à mesure qu'elle descendait vers le rez-de-chaussée.

– Majesté ?

Surprise, la jeune femme sursauta avant de se tourner vers la Morrigan. Ses épais cheveux roux ramenés en chignon brouillon tenaient miraculeusement grâce à une baguette parée de breloques en argent. Ses doigts longs et fins fermèrent le dernier bouton du col Mao de sa tunique asiatique rouge feu. Heilin la laissa poser ses mains sur son visage. La douleur s'éloigna jusqu'à laisser un esprit plus calme.

– Que s'est-il passé ? demanda-t-elle à voix basse, étonnée.

– Vous êtes connectée à nos esprits.

La Vanadis entendit le rire clair et joueur de la Morrigan alors qu'elle n'ouvrit même pas la bouche.

– La louve se trouve avec les enfants, lui lança la grande tige, sans doute s'entraîne-t-elle avant le grand jour.

Heilin haussa un sourcil, perplexe. Certains wastes se comportaient bizarrement, mais la palme revenait à la Morrigan qui semblait toujours aux quatre pôles à la fois. Elle passait d'un sujet à l'autre en une fraction de secondes. C'était aussi désopilant qu'épuisant.

La tigresse se figea au milieu des escaliers qui menaient au premier étage et au rez-de-chaussée. Un nuage se forma devant ses yeux quand elle expira par la bouche. La magie emplissait le couloir, montait le long des murs du sol au plafond. Elle pouvait presque en sentir le goût sur sa langue.

Sa majesté parano ne supporterait pas une seconde intrusion sur son territoire.

Elle repensa aux humains qui s'étaient crus plus malins que les wastes en tuant l'une des leurs et en blessant une seconde. Leurs corps démembrés flottaient au grès des vents qui s'engouffraient par la porte nord du territoire waste. Une super entrée en la matière pour quiconque s'engageait chez eux. Sans compter la tête du troisième larron sur un pique dans le petit jardin d'apparat aux pieds du manoir.

– Va chercher l'Odin ! ordonna-t-elle à la Morrigan.

Une explosion de lumière l'aveugla. Elle grogna et laissa ses sens de wastes prendre le dessus. Aussi silencieuse que le permettait la glace, elle descendit les dernières marches jusqu'à l'entrée assez grande pour contenir une centaine de wastes adultes sous formes animales.

Deux sorcières flottaient dans les airs. Leurs visages blafards lui apprirent ce que son odorat savait déjà : elles ne vivaient plus. Leurs robes grises déchirées autour de leurs jambes marquées de griffures profondes et de crocs soulignaient leur apparence cadavérique.

Comment pouvaient-elles user d'une magie aussi puissante ?

– Line, ne reste pas là ! hurla Kiera, les jambes maintenues dans un amas de neige.

Ses cheveux auburn mi longs voletaient sous l'effet d'un vent violent qu'Heilin ne ressentait pas de là où elle se tenait. L'une des sorcières tourna son corps dans sa direction. Sa tête dénudée laissait entrevoir par endroits l'os immaculé de son crâne.

– Ce sont des sorcières primales, lui apprit son amie qui usait de son pouvoir pour se défaire de l'emprise ennemie.

Les sorcières primales, dans leur hiérarchie, se situaient juste en-dessous de la sorcière primaire, l'héritière de la prêtresse. Les plus jeunes apprenaient au contact de leur aînée, pour qu'un jour, quand elle mourrait ou deviendrait reine à son tour, l'une d'elles prenne sa place. Un lien fort se tisait entre elles.

– Il semblerait que la folie de ma mère aille plus loin que ce que nous imaginions.

Le désespoir dans la voix de Kiera lui serra le cœur.

Helldown #2 - Ville de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant