Chapitre 11 (corrigé)

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Les appartements réservés aux loups la surprirent. Heilin ne s'attendait pas à tout ce rouge foncé, les décorations d'or et d'argent ainsi que le tapis épais au sol. C'était vraiment trop chargé et excessif. Sans doute, une sorte de mise en garde pour le visiteur.

– Nous avons eu deux naissances difficiles, lui expliqua Valérie. Les loups sont donc un peu nerveux.

La tigresse leva sa gueule, les yeux grands ouverts, se désintéressant totalement des breloques entassées ci et là. Heilin ressentit son envie dévorante de visiter deux bébés wastes. A quoi ressemblaient-ils ? Se trouvaient-ils sous forme humaine ou lupin ?

– Je te montre le chemin, sourit l'Eithne des loups comme si elle venait de lire ses pensées.

Plusieurs loups les saluèrent sur leur passage. Plus elles avançaient, plus Heilin devait admettre que cette espèce de waste la déroutait totalement. Si le hall était chargé, les couloirs ne payaient pas non plus de mines avec les nombreux tableaux tantôt classiques tantôt psychédéliques, les candélabres dorés et l'architecture très ancienne.

Quatre loups discutaient au milieu du couloir dans une alcôve. Sur la table se trouvaient un jeu de carte, des verres vides, des sandwichs entamés et un cendrier vide. Leur énergie frôla ses chevilles. Elle avisa les filaments noirs et bordeaux auxquels elle répondit avec douceur. Ils se recroquevillèrent et filèrent auprès des gardes qui les saluèrent respectueusement. Wyatt raffermit sa prise sur sa main gauche.

– Les Luchta protègent la nursery, lui apprit la louve.

La Vanadis s'inclina ce qui lui valut des regards ahuris. Valérie ricana et ouvrit une des deux portes en bois couverts de glyphes. Le calme de l'endroit étonna Heilin. Elle s'était attendue à des cris de nouveau-nés, à du remue-ménage de sage-femmes, pas à ce silence oppressant. Elles traversèrent le salon d'attente pour entrer dans une large pièce dans laquelle des fourrures à même le sol servaient de lit à deux femmes et quatre jeunes enfants.

– Majesté, glapit une blonde aux yeux dorés.

– Ne bougez pas ! Lui ordonna Heilin quand elle constata que la louve désirait se lever.

Elle s'agenouilla à ses côtés et accepta l'étreinte alors qu'elle détestait cela. A force de côtoyer Devis, Heilin savait que les loups aimaient toucher et qu'il n'existait, pour eux, rien de moins honorifiques que d'étreindre leurs souverains.

Ses yeux se posèrent sur un petit être minuscule emmailloté dans un linge bleu ciel.

– Il a déjà les yeux dorés, s'extasia-t-elle.

Heilin grogna, un peu vexée des rires moqueurs qui suivirent sa tirade.

– Tous les wastes ont les yeux dorés à leur naissance. Mise à part les Tigres, lui apprit Vanessa.

– Bien ! Je m'endormirai moins bête, souffla-t-elle.

– Voulez-vous le prendre ?

Une créature si minuscule entre ses mains, Heilin hésita. N'allait-elle pas la blesser ? Wyatt s'assit en tailleur. Ses yeux rubis brillaient d'intérêt pour les nouveau-nés. Heilin l'imita et laissa la mère poser l'enfant aux creux de ses bras. Son cœur manqua un battement. Cet être était si petit, si fragile. Un simple coup de doigts et il mourrait. Sa tigresse rugit. Vu qu'il ne s'agit pas d'un appel ni de colère, Heilin l'écouta attentivement et se drapa de son instinct. Elle vit ses avant-bras se couvrirent de rayures noires. Un être aussi chétif ne pouvait rester sans défense. Il lui fallait une protection que les autres ne possédaient plus depuis trop longtemps.

Helldown #2 - Ville de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant