Chapitre 18 (corrigé)

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Dageus n'était pas claustrophobe, mais il pourrait bien le devenir s'il passait encore trois heures dans cet endroit. En jetant un coup d'œil à ses compagnons d'infortune, il fut rassuré de constater qu'il n'était pas le seul à devenir nerveux devant cette magie noire. Au départ, Fark poussait chaque porte mais depuis la vision de sa femme et de leurs jumeaux tués par des sorciers enragés, il n'osait plus s'y aventurer. Il serrait la main de Xiana comme un naufragé sa bouée. Depuis, le maire s'était embarqué dans une course contre la sorcellerie : il ouvrait chaque porte de chaque couloir aussi vite qu'il le pouvait dans l'idée qu'un passage finirait par s'ouvrir. Espoir bien utopique, la magie ne connaissait ni fatigue ni émotion quelconque. Pour autant, Dageus appréciait que l'humain s'en occupe étant donné l'absence de visions cauchemardesques. La sorcière ne devait pas apprécier le petit homme.

– Nom de dieu ! craqua ce dernier couvert de sueur. Faites quelque chose, vous, les...

– Les quoi ? gronda le tigre excédé.

L'homme rougit puis devint blanc comme un cachet d'aspirine. Il se détourna, le corps soudain crispé de terreur. Dageus dut inspirer et expirer plusieurs fois afin de contenir l'animal en lui. Ce dernier détestait se sentir impuissant à ce point. Son esprit tournait à plein régime sur des hypothèses macabres dont il se passerait bien. Si la sorcière en profitait pour attaquer les siens restés en arrière. Et si l'enfer de la dernière bataille recommençait et que cette fois, il ne parvienne pas à sauver sa reine à temps. Dageus se rattrapa au mur sur sa droite quand son corps ploya sous le poids de la culpabilité.

– Odin, n'écoute pas les voix de cette sorcellerie pervertie !

Rhett l'aida à se redresser. Les yeux du tigre devinrent d'un rouge sang. Ce sang qu'il ne manquerait pas de faire couler dès que le moment se présenterait.

« Le bon-goût et Heilin pourront m'intenter un procès, mais je vais dépecer cette mégalo et épingler sa peau humaine sur ma porte d'entrée ! » se promit-il.

Les uns près des autres au milieu du couloir du premier étage, chacun tentait de trouver une solution au sortilège qui les maintenait dans une réalité tordue et distordue.

– Et si nous poussions tous en même temps une porte ? Proposa le maire d'une petite voix.

Ce dernier se tassa sur lui-même quand tous les regards convergèrent à nouveau sur sa personne.

– La sorcellerie ne se laissera pas avoir, réfléchit Xiana, mais tentons.

– Qui ne risque rien n'a rien, soupira son compagnon.

Dageus était moins d'accord avec cet adage. Son expérience lui avait de nombreuses fois démontrer que tenter ressemblait trop à tirer la queue du diable en personne. Pourtant, il poussa lui aussi la porte des escaliers de secours.

Comme un fait exprès, ce fut Wyatt qui apparut dans le salon de ses appartements. Le jeune homme dessinait calmement dans son coin préféré sous la fenêtre blindée. Les rayons du soleil créaient de légers reflets écarlates dans sa chevelure noire qu'il refusait obstinément de couper. Il redressa soudainement sa tête. Dageus sentit son cœur marteler sa poitrine avec force et sa colère enfler. La porte explosa quand un corps le traversa. Heilin se ramassa sur elle-même dans un bond splendide. Ses crocs de tigre dépassaient de sa bouche à moitié transformée. Ses griffes transpercèrent le tapis et ses poils se hérissèrent. Une dizaine de tigres modifiés se ruèrent dans la pièce. La jeune femme se précipita vers le jeune tigre et le poussa dans sa chambre. Maigre rempart contre leurs ennemis qui se ruèrent sur elle.

– Dageus combat cette vision ! lui hurla Rhett.

Le guépard saisit son bras avec force. La Bifröst coula entre eux et lui permit de se reprendre suffisamment pour altérer la scène apocalyptique.

Helldown #2 - Ville de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant