Chapitre 19 (corrigé)

1.6K 217 7
                                    

L'ironie doucereuse de leur échange s'évapora pour laisser place à une atmosphère plus lourde. Étouffante.

« J'ai besoin de toi. Moi, Dageus. Pas l'Odin ! »

Ses mots résonnaient sous son crâne, martelaient son cœur douloureux. La sincérité dans sa voix, la droiture de son regard émeraude et sa chaleur salvatrice l'empêchèrent de reculer pour réfléchir posément. Si l'humaine n'osa amorcer le premier mouvement, la tigresse, elle, n'hésita pas une seconde. Elle se frotta contre le tigre imposant aux yeux rubis. Celui-ci ne broncha pas. Il attendait. Il scrutait son homologue. Quand la femelle passa son museau sous sa gorge, il ouvrit la gueule et la saisit par le cou. La tigresse s'allongea, pattes bien étalées devant elle. Tel un signale, le tigre la recouvrit de son corps massif.

Heilin leva les yeux vers Dageus aussi imperturbable que sa partie waste. Il attendait aussi. Il laissait leur lien ouvert pour qu'elle ressente ses appréhensions. Elle combla le pas entre eux. Dageus émit un son bas tel un roulement de tonnerre. Un frisson la parcourut en réponse. Il ferma la porte de la chambre derrière eux, mais n'appuya pas sur l'interrupteur, les laissant dans la pénombre. Heilin tendit la main. La lumière inonda la pièce. Il ne broncha pas, les yeux fixés dans les siens. Elle inspira puis ôta son t-shirt qui tomba au sol.

Ils se mesurèrent du regard un instant.

Heilin n'avait aucune envie de dévoiler son corps, néanmoins si elle devait dégoûter Dageus autant qu'elle le sache tout de suite.

Comme s'il lisait aussi leur lien, il leva une main pour retracer certaines cicatrices encore rouges. Les mains du tigre longèrent ses flancs, s'attardèrent un peu sur son dos raide avant de s'échouer sur son visage écarlate.

La jeune femme sentit son cœur se serrer à l'intimité du geste.

Dageus remplaça ses doigts par ses lèvres et sa langue.

Le baiser qu'ils échangèrent ressembla à un raz-de-marée. Sa peau se couvrit de chair de poule sous ses doigts curieux et ses muscles se raidirent au fil de ses passages tantôt doux tantôt plus appuyés.

Le poids qui pesait sur les épaules de Heilin s'envola. Elle aurait pu pleurer de soulagement s'il ne la souleva pas soudain pour la porter vers son lit avec une facilité déconcertante. Ses jambes se crochetèrent autour de sa taille. Elle put sentir avec netteté le désir de Dageus. Il plongea la main qui ne soutenait pas le bas de son dos dans ses cheveux et tira. Ses pupilles recouvraient presque en totalité ses iris rubis. Son souffle se bloqua dans sa gorge face à la tendresse qu'il affichait. Heilin se sentit totalement désarçonnée et subjuguée à la fois. A cet instant précis, elle comprit pleinement les paroles de Devis : « Dageus n'est pas un homme dont les sentiments transparaissent au premier regard, il faut le connaître et pouvoir prétendre sa confiance pour y accéder ».

Il fléchit son corps au-dessus du sien. Leur baiser s'intensifia.

Heilin mourrait d'envie de le dévorer, de se fondre en lui jusqu'à en oublier sa propre existence.

Le bruit d'une déchirure brisa l'unique bruit de leurs respirations. La chemise de Dageus termina en morceaux de part et d'autre du lit. Il émit un rire bref, un peu moqueur de son empressement.

Avec une lenteur exagérée, il se redressa, lui ôta son jean et en profita pour enlever le sien. Le froid de la pièce la fit trembler, mais tous ses gestes restèrent lents. Terriblement lents.

Elle crevait d'impatience mais, dès qu'elle essayait d'apporter plus de passion à leurs échanges, il s'éloignait.

Son sourire... ses yeux verts scintillants... Il se moquait d'elle.

Helldown #2 - Ville de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant