Chapitre 28 (corrigé)

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Bras croisés sous sa poitrine, Heilin avisa le trou dans le mur de la chambre de Wyatt. Lui qui se remettait à peine d'années d'abus et de désespoir, un nouvel ennemi venait le perturber. Elle referma la porte, incapable d'en supporter d'avantage.

Le regard de Rhett la cloua sur place. La longue balafre sur son cou attira son regard. Ils avaient frôlé de le perdre aussi.

– Tu devrais être couché, fit-elle remarquer.

– Je vais bien, soupira-t-il d'une voix trop rauque.

– Pour quelqu'un qui vient de se faire arracher la trachée, je suis d'accord avec toi, se moqua-t-elle. Il n'empêche que tu devrais encore te reposer.

– Je vous accompagne, décréta-t-il.

Elle ouvrit la bouche qu'il referma d'une pression de doigt sous son menton.

– Je n'ai pas envie de garder cette voix de robot bas prix alors ne discute pas et laisse-moi faire !

– Pourtant, tu le mériterais amplement, grogna-t-elle.

Il rit mais toussa aussitôt. Son visage se transforma sous l'effet de la douleur. Elle l'obligea à s'asseoir et alla lui chercher un verre d'eau qu'il engloutit sans discuter.

– J'irai bien, promit-il.

Ses yeux s'illuminèrent d'une drôle de lueur. Elle fronça les sourcils. Il posa un doigt sur ses lèvres courbées en un sourire taquin puis sortit de la chambre d'un pas rapide et léger à la fois. Un poids semblait envolé de ses épaules. Elle se demanda qui l'y aidait.

Quelques secondes plus tard, Dageus entra, son regard grenat au lieu d'émeraude. Ses ongles épais et noirs crissèrent sur le bois de la porte décrochée. La jeune femme resta immobile et muette.

– Tu devrais lever l'interdiction de sortie, nota-t-elle.

Il haussa un sourcil, la rejoignit en deux enjambées sur le divan couvert de poussière et la souleva. Heilin ne protesta pas. Elle sentait toute la force mentale que Dageus développait pour rester maître de lui-même, elle ne voulait pas ruiner tous ses efforts avec la mauvaise parole.

Contrairement au reste de l'étage, la chambre du seigneur des wastes n'avait subi aucune dégradation notable. Le lit aussi long que large trônait devant la porte. Un divan siégeait entre deux armoires en chêne noir. Un bureau, à l'opposé, croulait sous des papiers, des dossiers et des bouquins.

Étrangement, son estomac se roula en boule compact. Tout semblait aller tellement vite. Bien trop vite. Elle ne contrôlait plus rien et se trouver dans le refuge de l'Odin – de mon compagnon – ne fit qu'accroître son angoisse.

– Si c'est à cause de Rhett que tu te sens obligé...

– Je ne me sens jamais obligé à rien, la coupa-t-il avec brusquerie.

Heilin n'osa pas affronter son regard. Elle resta donc soigneusement dos à lui. Dageus farfouilla dans une armoire pour ensuite la tirer dans une pièce adjacente.

Là aussi, tout était dans la démesure. : la baignoire et la douche pourraient facilement accueillir une équipe de football américain sans que les joueurs ne se gênent jamais. Deux éviers en fonte brillant pourraient permettre à des bébés chiots de s'y prélasser.

Néanmoins, tout était aussi obscur que dans la chambre. A première vue, Dageus appréciait le vert et bleu sombre ainsi que l'argenté.

– Le Kronidès est mon double, Line, finit-il par expliquer. Celui qui doit prendre le trône si je meurs demain...

Helldown #2 - Ville de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant