Helldown #2 - Ville de glace

Chapitre 43 (corrigé +)

Heilin entendit la mise en garde de son frère mais elle ne réussit pas à éviter la créature immense. Le sol disparut sous ses pieds. L'air lui manqua. Ses yeux se révulsèrent malgré toute la force qu'elle déployait pour se sortir de la poigne d'acier qui compressait sa gorge.

Je vais mourir.

Elle ne parvenait plus à penser à autre chose. Ces mots tournaient en boucle dans son esprit asphyxié.

Quand elle réussit à ouvrir les yeux, l'enfer la balaya d'un revers de main. Tous se battaient de leurs dernières réserves d'énergie.

Elle poussa le corps qui la cachait et massa sa gorge sans quitter le champs de bataille des yeux.

Dos à dos, Vesper et Dageus empêchaient les assaillants humains de passer le couloir de flammes maintenues par les mages et les sorcières. Kiera soutenait Fark tellement pâle derrière son masque de sang qu'elle le reconnaissait à peine.

Le champs de bataille se figea. Leurs adversaires reculèrent à la lisière du feu.

L'un d'eux sortit du lot.

La bile envahit la bouche de Heilin.

Le Vanir se prosterna aux pieds de l'homme. Il renvoyait l'image d'un chien quémandant une caresse de son maître.

– Agenouillez vous et vous serez épargnés !

Le silence lui répondit. Il éclata d'un rire aiguë agressif.

– Je comprends votre étonnement ! Un humain immortel, ça n'existe pas.

– Approche que je t'enfonce ta lame dans le cul, on verra si tu es si immortel, gronda Dageus.

– Toujours le mot pour rire, Odin.

Sa bonne humeur acheva de lui donner la nausée. Il s'exprimait comme si les dernières heures n'existaient pas. Comme si marcher alors qu'il s'était fait embroché plus tôt dans la journée était tout à fait normal.

– D'ailleurs, je suis étonné de ne pas te voir effondré par la perte de ta moitié. Même moi, je ressens un pincement au cœur en la sachant morte.

Heilin replia ses jambes pour disparaître derrière un bout de mur. Elle s'efforça de garder son esprit latent, malgré les appels de Dageus. Elle cessa même de respirer en sentant la magie des wastes glisser sur le sol à sa recherche.

– Je vais t'arracher tripes et boyaux et te les faire bouffer, grogna le tigre.

– Je ne crois pas, non ! Avant que tu ne comprennes ce qui t'arrive, tu me lécheras les bottes !

Les combats reprirent de plus belle. Heilin se glissa le long des arbres, des voitures désossées, des pans de murs ou autres débris. Un peu plus tôt, elle avait repéré dans la mêlée des humains un peu à part enchaînés entre eux et qui psalmodiaient en continue. A chaque changement de son, les phacochères géants adaptaient leurs attaques. Si elle parvenait à les arrêter ou à se servir de l'un d'eux, elle pourrait renverser une grosse partie de la bataille à leur avantage. En tout cas, elle l'espérait.

Un éclat attira son attention. Elle saisit le pommeau dans le sol et le tira vers elle. Une lame de taille moyenne scintilla d'un orange vif. Son énergie rappela à la jeune femme celle de Dageus : glacée et ferme à la fois. Elle ne se posa pas de question et la tint fermement. Elle serait plus utile que ses griffes.

Un homme plus grand que les autres vociféraient sur les sorciers et sorcières enchaînés. Elle croisa le regard rempli de haine de l'un d'eux.

« C'est la fin avant le début ! » fut sa seule pensée concrète sur le coup.