Chapitre 1 : La naissance

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Les yeux de l'enfant s'ouvrirent. Ils étaient d'une telle beauté. La femme, qui tenait le nouveau-né dans ses bras, pleura de joie. La simple contemplation de l'enfant lui procurait une telle chaleur, qu'il ne pouvait en être autrement. Elle savait que ce petit corps était promis à de grandes choses. Mais de quel côté ? Car s'il pouvait faire le bien, il pouvait tout aussi bien faire le mal. Le puissant pouvoir qu'il avait entre ses mains, pouvait lui faire tourner la tête. Mais pour l'heure ce n'était qu'une petite fille fragile, au visage d'ange et aux yeux violets magnifiques. Ces yeux qui ne s'ouvraient que quand le monde avait besoin d'eux, ces yeux si rares, si captivant. Ce n'est pas pour rien que l'on disait que les yeux étaient les fenêtres de l'âme, car c'est grâce à eux que l'on savait que l'enfant était spécial.

La femme se rendit compte qu'elle contemplait l'enfant depuis bien trop longtemps. Ses joues s'empourprèrent, elle savait qu'elle allait avoir des ennuis. Le directeur avait était très clair, son rôle consistait à aller chercher l'enfant dans la serre et de revenir immédiatement. Sur le trajet du retour elle évita les yeux de cette petite fille, dont le regard lui transperçait l'âme. Elle ouvrit, sans frapper, la porte du directeur. Elle n'aurait plus jamais l'occasion de refaire ça, alors elle en profitait.

Le directeur leva les yeux vers elle et lui dit d'un ton neutre.

- Posez-la dans le berceau.

Elle regarda à droite et vit le berceau en question. Il était en brindilles et en paille, ressemblant à un nid d'oiseau. A l'intérieur, il y avait une jolie couverture blanche, un mot y était brodé en or : Abigaël. La jeune femme s'approcha du berceau lentement, de voulant pas réveillé l'enfant qui s'était endormie. Mais quand elle dut y déposer l'enfant, elle ne put pas. Car, à peine l'avait-elle décollé de son corps, qu'une puissance émotion la saisit. C'était comme si une partie de son corps lui avait été arraché, comme un manque que rien ne pouvait combler. Elle avait l'impression d'être liée à ce nourrisson. La voix puissante du directeur se fit brusquement entendre. Elle sursauta.

- Je vous avais pourtant dit de faire vite. Plus vous restez en sa présence, et plus il vous sera difficile de vous en séparer.

- Je ne l'ai pourtant regardée que quelques minutes. Ensuite...je suis revenue. Je ne pensais pas....

- Je ne vous ai pas demandé de penser, mais d'obéir aux ordres, la coupa-t-il.

Il avait dit cela d'une voix si calme que la jeune femme en fut déstabilisée.

- Je...je suis désolée, bégaya-t-elle, honteuse.

Alors elle déposa l'enfant dans le berceau, et se retint de pousser un cri de douleur quand il quitta sa chair.

- Retournez dans la serre, les naissances ne sont pas finies. Nous en attendons encore deux.

Devant l'air paniqué de la jeune femme, il continua.

- Ne vous inquiétez pas, tous les Wyrds ne provoquent pas ce genre de réaction.

La femme hocha la tête. Le directeur lui sourit et l'invita à partir. Quand il fut seul, son regard se posa sur le berceau. D'où il était, il ne voyait pas la petite fille. C'était sans doute mieux ainsi, pensa-t-il. Il avait disputé la jeune femme mais il savait que si la tache lui avait été confiée, il aurait fait pareil qu'elle. Le pouvoir de cette enfant était extrêmement puissant, et nul ne pouvait résister à son regard. Même les autres Wyrds ne pouvaient résister longtemps devant lui. Cet enfant, qui n'était qu'un bébé pour l'instant, possédait en lui le merveilleux pouvoir de l'esprit. Il savait que ce pouvoir était une malédiction. Bien qu'il fût à l'origine de sa naissance, il serait également celui de sa perte. Trouver des Gardiens suffisamment forts pour l'élever, s'était avéré difficile. Bien que cela fût un grand honneur, tous les membres des Nornes redoutaient d'être choisis. Cet enfant faisait changer les gens, pouvait manipuler les esprits et les corps. Il était impossible de ne pas s'attacher à elle. Tout cela faisait d'elle un être craint et admiré à la fois. Mais pour l'heure, il fallait élever cette fillette et lui apprendre à contrôler ses pouvoirs qui grandiraient avec elle.

Le directeur posa la main sur son front. Toutes ces préoccupations lui donnaient la migraine. Et cela n'allait pas aller en s'améliorant.

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Voilà un premier chapitre, qui laisse un peu l'intrigue pour la suite. J'espère que cela vous plait. N'hésitez pas à me le dire dans les commentaires. 

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