Chapitre 7 : Le directeur

51 15 25
                                    

Egeon reposa son pied sur le sol tout en la fixant des yeux.
- Je peux savoir qu'est-ce que je fais ici ? Demanda-t-il.

- Je n'en ai pas la moindre idée, répondit Abi en se tournant vers Elise. Elle ne veut pas me le dire.

- Je n'y suis pas autorisée, nuance. Mais venez, vous avez rendez-vous avec le directeur, lui pourra vous répondre.

"S'il en a envie" lut Abigaël dans l'esprit d'Elise.
Cette dernière partit en avant, et les deux jeunes la suivirent. Egeon se plaça aux côtés d'Abi, il avait l odeur de la pluie et du vent frais du matin, ce qui la suppris.
- Comment tu t'appelles, je ne m'en souvient plus ? Lui demanda cette dernière.
- Egeon, lui repondit-il en souriant jusqu'aux oreilles.

Le trajet jusqu'au bureau du directeur, laissait le temps à Abi d'observer les lieux. Après être sortis de la serre, ils avaient franchi le « couloir des souvenirs », celui avec les centaines de miroirs. Ils étaient ensuite arrivés devant une porte qui semblait délabrée. Elle était immense, de la même largeur que l'étroit couloir. Le lierre le recouvrait entièrement, et les portes n'étaient visibles que grâce à de grosses poignées en fer forgé dorée. Elise tira dessus, déverrouillant ainsi un mécanisme caché. Les portes s'ouvrirent sur une pièce minuscule. La seule source de lumière provenait d'une petite sphère lumineuse aux reflets argentées qui brillait dans le coin de la pièce. Cette sphère lui faisait penser à la lune, dont les couleurs étaient semblables. Abi ne trouva cela aucunement étrange.
- C'est un ascenseur, dit soudainement Elise. 

Abi vit qu'Egeon fixait la boule lumineuse avec insistance, comme hypnotisé. Agacée, Elise leva les yeux au ciel, et lui dit :

- C'est une Lune, notre système d'éclairage, crée par l'un des premiers Wyrd... Beaucoup mieux que les lumières ordinaires.

Sur ces mots, elle invita les autres à entrer dans l'ascenseur. A peine avait-elle refermé les portes que l'ascenseur monta.
Ces dernières se rouvrirent sur un couloir plus grand et beaucoup plus lumineux. Abi marchait d'un pas lent, regardant successivement le plafond et les murs. Elle découvrait l'endroit pour la première fois, pourtant certains détails lui revenaient en mémoire, comme un vieux souvenir d'enfant. Elle semblait reconnaître la couleur pourpre du tapis ou encore l'odeur du vieux bois dans l'air. En levant la tête, elle vit briller pleins de petites sphères lumineuses, les mêmes que celles de l'ascenseur. Elles donnaient à la pièce, une atmosphère féerique, presque surnaturelle.
Dans les murs, Abi aperçut un tronc d'arbre imposant. Il semblait supporter l'édifice, le traversant de part en part. Le tronc sortait du mur avant de s'enfoncer dans le sol. Il semblait y avoir sa place, car le plancher était découpé de manière à le laisser passer.
Elle s'approcha de la fenêtre et vit où elle se trouvait : en pleine forêt. Elise, qui s'était aperçu de son arrêt, s'approcha d'elle.
- Le château a été construit en pleine forêt, loin des regards indiscrets. Il est protégé par un bouclier d'invisibilité jeté par l'un des tous premiers Wyrd.

- Mais pourquoi les arbres sont-ils si proches ? Pourquoi ne pas avoir construit le château dans une clairière ?

- Cela attirerait trop l'attention. Les arbres font maintenant parti du château.
Abi acquiesça et suivit Elise qui commençait à partir.
Enfin, ils arrivèrent devant une porte en bois. Elise toqua et rentra, suivie des deux autres.
- Laissez-nous, Gardienne, lança une voix puissante.

- Mais.... tenta de protester Elise.

- Laissez-nous, répliqua simplement l'autre.
Elise n'eut d'autre choix que d'obéir. Elle regarda sa protégée, et les larmes lui montèrent aux yeux. Un trou béant commençait à prendre la place de son cœur. Si par malheur, on l'empêchait de la revoir, elle ne le supporterait pas. Elle avait besoin de voir les yeux de "sa fille" car être loin d'eux l'anéantirai. Abi ne comprenait pas la réaction excessive de sa Gardienne, après tout elles allaient se revoir. Evidemment, elle était certaine de ce qu'elle avançait, mais Elise n'en était pas si sure. Surpassant sa tristesse, elle sortit en claquant la porte derrière elle. "Ne m'oublie pas trop vite" avait pu lire Abi dans son esprit avec qu'Elise ne sorte de la pièce. Elle fini par lever les yeux vers l'homme qui se trouvait, debout, derrière un bureau en bois flottant. Il était petit, enfin autant qu'Abi mais celle-ci faisait à peine 1m60, mais pourtant très musclé. De rares cheveux blonds couvraient son crâne, et quelques rides aux yeux rendaient son visage jovial. Il leur sourit gentiment et s'approcha d'eux, les mains dans le dos.

- Je suis ravi de vous revoir, tous les deux.
Devant leurs regards étonnés, il continua.
- Vous n'étiez que des bébés à l'époque. Comme le temps passe vite.

- Vous pouvez nous dire ce qu'on fait ici, Monsieur ? Demanda Egeon.

- Vous êtes ici pour accomplir votre devoir, pour sauver le monde.

- Rien que ça, dit Abi dans un sourire.

- Vous avez sans doute remarqué que vous possédiez des facultés spéciales depuis votre plus jeune âge ?

- Oui, répondirent, en cœur, Abi et Egeon.

- Ces "dons" vous ont été donnés, à votre naissance, pour réparer les erreurs humaines. Vous resterez ici le temps de les développer dans le but de sauver des vies, et non pour vos besoins personnels.

- Et on est censé faire ça à deux ? Lui demanda Egeon.
Le directeur secoua la tête et sourit.

- Non, tous les Wyrds ne sont pas encore arrivés. Une autre doit arriver aujourd'hui, les 3 autres demain. Mais avant tout nous allons vous montrez vos chambres. Les entraînements commenceront dans trois jours, quand tout le monde sera installé et reposé.

Sur ses mots, il frappa dans ses mains et des dizaines d'enfants arrivèrent en courant. Abi n'eut même pas le temps de protester qu'elle fut emportée par une marée humaine.

PrédestinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant