Chapitre 21 : Les remords

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La première chose qu'elle ressentit, fut une douleur dans la nuque. En dehors de ça elle semblait détachée de la réalité, comme si elle ne se trouvait pas dans son corps. Elle ouvrit prudemment les yeux, comme par crainte de se retrouver en face de quelque chose qu'elle ne devait pas voir. Flottant dans l'air à quelques mètres du sol, elle voyait son propre corps allongé dans un canapé en velours vert, un oreiller sous la tête et couverte d'un plaide. La pièce était immense, éclairée par des rayons de soleil qui avaient réussi à passer derrière les lourds rideaux rouges, accroché aux grandes fenêtres. Le regard d'Abi se posa sur les autres canapés qui se trouvaient alignés dans la pièce. Elle reconnut Egeon, près de la porte et Hécles, qui dormait de manière étrange, le bras retourné dans un angle impossible. Abi ne put s'empêcher d'esquiver un sourire. Elle ne connaissait pas beaucoup Hécles, mais il semblait que cette dernière avait un caractère assez fort, ce qui contrastait beaucoup avec la fragilité qu'elle dégageait en dormant.

Soudain des bruits de pas se firent entendre, mais aussi des soufflements. Deux hommes franchirent la porte en tenant à bout de bras un jeune garçon qu'Abi connaissait : il s'agissait de Dag.

- Eh bah, il n'est pas léger lui, souffla l'un visiblement épuisé.

- C'est ça profite qu'il soit endormie, tu ne ferais pas le malin s'il se trouvait devant toi. N'oublie pas qui il est.

- C'est bon PPE, tu sais que je rigole ! N'empêche que c'est toujours à nous qu'on donne le sale boulot.

- C'est sûr que ce n'est pas au fils chouchou du directeur qu'on aurait demandé de faire ça.

Il éclata de rire, l'autre l'imita.

- Bon bouge ton cul, ils vont bientôt arriver et je n'ai pas envie de me faire engueuler, finit par dire le garçon aux cheveux noirs.

Après avoir presque jeté Dag dans le canapé, ils sortirent. Peu de temps après une femme fit son entrer. Elle tenait dans les mains une bouteille et un petit verre. Abi cligna des yeux et se retrouva instantanément à côté d'elle. Maintenant qu'elle était plus près, Abi remarqua que la femme était assez âgée, ses mains, tout comme son visage étaient ridés et ses cheveux arboraient une jolie teinte blanche, comme la neige. Elle avait une démarche plutôt gauche, comme si elle avait un caillou dans sa chaussure qui l'empêchait de se déplacer autrement qu'en boitant. La dame s'était à présent arrêter devant l'Abi endormie et versa le liquide qui se trouvait dans la bouteille, dans le petit verre qu'elle avait dans les mains. Soucieuse de savoir ce qu'elle allait devoir avaler Abi observa le contenu de la boisson. Celui-ci avait une étrange couleur or, et des branches d'une plante inconnue, flottait à l'intérieur. Dès que le liquide eut franchi ses lèvres, une sensation de brulure lui rongea l'estomac, elle réprima une grimace. Le mauvais gout passé, un sentiment d'euphorie la saisie puis ses yeux commencèrent à devenir lourds, enfin ses mains devinrent de moins en moins nettes, comme si elles s'effaçaient. En un battement de cil, Abi se retrouva dans son corps. Bien que réveillé, elle garda ses yeux fermés. Elle ne sentait plus la présence de la vieille dame à ses côtés, ce qui devait signifier qu'elle devait être partie.

Au bout d'un moment, elle entendit des pas saccadés puis des voix qui s'emblait en désaccord.

- Peut être que nous y sommes allés un peu loin ! S'exclama une voix masculine.

- Ne dites pas de bêtises secrétaire, répondit le directeur d'une voix mesuré, tout était sous contrôle. Ce malheureux accident sera sans gravité, je puis vous l'assuré.

- Mais elle l'a... tué, la voix avait eu du mal à dire le dernier mot.

Abi eut toutes les peines du monde pour ne pas ouvrir les yeux. Il était évident que l'on parlait d'elle, et elle aurait tant aimé pouvoir se justifier de ses actes devant ceux qui semblaient la juger.

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