Chapitre 8 : Hécles

60 12 22
                                    

Hécles poussa un grognement d'agacement. Cela faisait plus de dix minutes qu'elle cherchait ses chaussures et elle commençait à perdre patience. Toutes ces précieuses minutes gâchées à cause de son manque d'organisation, ça lui apprendra ! Elle finit par apercevoir un lacet, dépassant de sous le canapé. Elle émit un soupire d'exaspération et se jeta dessus, sans plus d'hésitation. Elle les enfila rapidement, avant de se précipiter dehors, son sac de randonné sur le dos. En sortant, elle scruta les montagnes qui l'entouraient, en respirant le bon air frais du matin. Savourant ce calme absolu, elle se mit en marche. Un pas après l'autre, Hécles se dirigeait vers la cabane du berger Augustin, dont elle avait la charge. Chaque jour, elle y montait pour entretenir la maison que son vieil ami lui prêtait. En échange de son ménage quotidien, elle avait le droit d'y rester, pouvant ainsi lire sans être dérangée. Elle préférait la solitude au brouhaha insupportable de la maison, et être dehors la rendait plus sereine.

Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas la pierre qui se trouvait devant elle. Elle roula dessus et s'étala de tout son long sur le sol rocailleux. Elle jura et se releva en époussetant ses vêtements. Elle vit alors qu'un trou s'était formé dans le sol à l'endroit où elle était tombée, ce qui l'énerva encore plus. Elle détestait quand cela se produisait ! Dans ces moments-là, elle avait le sentiment d'être bizarre, et l'agacement pouvait se lire sur son visage. Heureusement, personne n'était là pour la voir se couvrir de honte, à chaque fois qu'elle s'enfonçait dans le sol. Ce sentiment d'anormalité était dû à sa rencontre avec Augustin. L'homme était un ancien berger de 70 ans, et il était la seule personne, en dehors de ses Gardiens, qu'elle n'ait jamais connu. D'ailleurs ces derniers refusaient catégoriquement qu'elle le fréquente. Mais Hécles avait de la sympathie pour ce vieil homme, qui aimait raconter des histoires à dormir debout. L'une de ces préférés était celle d'un être capable de laisser des trous immenses dans le sol et pouvoir déterrer des troncs d'arbre à mains nues. Mais cette histoire n'était pas à dormir debout. En effet, il n'avait jamais su que l'être en question était Hécles elle-même. La force incroyable qu'elle possédait lui était très utile, sauf quand elle s'énervait en mettant ses chaussures, par exemple, et finissait par les déchirer (et on pouvait dire que cela lui arrivait). Ses Gardiens la considérait comme un être hors du commun, voué à faire de grandes choses. Mais elle, voyait cette force d'un autre œil. A certains moments, elle avait l'impression d'être maudite, comme si elle payait pour des actes passés dont elle ne se souvenait même plus. La question qu'elle se posait souvent était : Pourquoi ses Gardiens ne lui avaient-ils jamais dit que détruire des rochers à mains nues n'était pas normal ? La question allait certainement rester sans réponse.

Après une bonne demi-heure de marche, elle arriva à la petite maison du berger qu'il habitait la moitié de l'année. L'endroit était petit, mais elle s'y sentait comme chez elle. Une fois à l'intérieur, elle vit qu'un trou béant était apparu dans la toiture. Le vent froid de mars s'y engouffrait et la pluie de la veille avait trempé le sol. Hécles posa son sac devant la porte et se mit au travail. Elle fit léviter la table, les chaises et le canapé au dehors, avant de faire de même pour l'eau de la pièce. Ensuite, elle partit chercher un arbre dans le petit bosquet d'à côté, pour remplacer la bûche abîmée. Quand son travail fut terminé, elle s'installa dans le canapé et continua le livre qu'elle avait commencé.

L'heure de rentrer arriva trop vite au goût de Hécles, et une flemme immense s'empara d'elle. Monter jusqu'ici était une chose agréable, mais descendre l'était beaucoup moins, car revoir le visage de ses Gardiens ne l'enchantait guère, leur regard plein d'admiration l'énervait plutôt qu'autre chose. Elle finit par prendre son courage à deux mains et se leva. Elle remarqua alors que la pièce autour d'elle ne cessait de tourner, une impression de malaise la saisit. Les images devinrent de moins en moins nette. Elle finit par s'effondrer, comme attirée par une force invisible.

Coucou à tous 😊 voilà le premier chapitre presentant un personnage j'espère qu'il vous plait. N'hésitez pas à me dire si des corrections sont nécessaire, je me ferait une joie de me corriger, merci à tous.
Bisous plumedinspiration 😊

PrédestinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant