Chapitre 9 : La chambre

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La marée humaine, composée d'enfants d'une dizaine années, avait emporté Abi à travers les couloirs, avant de s'arrêter devant une porte. Ils l'avaient ensuite jetée dedans, sans la moindre délicatesse. A peine la porte s'était-elle fermée, qu'Abi entreprit d'observer l'endroit avec plus d'attention. Elle l'avait l'impression d'avoir pénétré dans une forêt, presque au sens littéral du terme. L'endroit était plongé dans la pénombre, le sol était recouvert d'un épais tapis de feuilles mortes, qui craquait au moindre de ses pas. Enfin, il y avait de gros arbres un peu partout dans la pièce, dont le sommet n'était même pas visible, caché par de bas nuages qui surplombaient le tout. Au fond, trônait un lit à baldaquin. Abi s'en approcha et frôla du bout des doigts, les longs rideaux transparents qui tombaient de chaque côté du lit. Ils étaient doux, mais aussi quelque peu collant, perlés de fines gouttes de pluie, semblables à de petites perles brillantes. Abi trouvait cela magnifique, d'une telle pureté, d'une telle beauté. Mais c'est avec horreur qu'elle se rendit soudain compte qu'il s'agissait de toiles d'araignées. Abi repoussa vivement ces « rideaux » et retournant au centre de la chambre.

En y regardant de plus près, un autre détail rendait l'endroit étrange : il y avait deux cheminés. Dans l'une, brillait une lumière argentée, tandis que dans l'autre, il s'agissait d'une flamme jaunâtre. Abi les assimila presque automatiquement au soleil et à la lune. Les deux astres se faisaient face, et semblaient se battre à celui qui brillera le plus fort. Cette idée saugrenue fit naître un sourire sur le visage d'Abi. Soudain, elle entendit des chuchotements. En tournant la tête vers la porte elle vit que plusieurs paires d'yeux la regardaient, puis entrer précipitamment dans la pièce. Il s'agissait du groupe d'enfant qui l'avait conduit ici.

- Euh.... Vous pouviez me dire qui vous êtes ? Demanda-t-elle, avide d'explications.

Les enfants se jetèrent sur elle en riant, visiblement enthousiasme.

- On est tes Ases ! Répétaient-ils, en sautant autour d'elle.

- Ok, ok ! Et qu'est-ce que ça signifie ? Si ce n'est pas trop vous demander, dit-elle en regardant tour à tour chaque enfants.

- On est chargés de te servir, tu peux nous demander ce que tu veux Wyrd ! S'exclama l'un d'eux, et qui semblait être de plus mûr.

Sa réponse provoqua la colère des autres qui se mirent tous à parler. Un brouhaha insupportable naquit alors dans la tête d'Abigaël. Elle avait l'impression que des fils invisibles emprisonnaient son esprit. A la manière d'une toile d'araignée, les pensées des enfants y restaient accrochées et ne parvenait plus à en sortir. Abi, qui n'avait jusqu'alors jamais été aussi près d'autant de personnes, ne savait comment leur barrer la route, les empêcher de prendre du terrain. Incapable de parler, ni même de raisonner, elle sentait son corps s'enliser peu à peu dans un tourbillon dont elle ne sortirait pas indemne. Par pur instinct de survie, elle plaqua ses mains sur ses oreilles et sortit de la pièce en courant.

Elle ne regardait pas où elle allait, laissant soin à ses jambes de prendre les décisions qui s'imposaient. Elle ne vit donc pas la personne qui arriva brusquement devant elle, comme par magie. L'impact fut brutal, comme si elle était rentrée dans un mur. Alors qu'elle tombait au sol, dans un grand bruit, la personne en face d'elle resta stoïque et poussa un râle d'agacement.

- Non mais tu ne peux pas regarder où tu vas ! Lança une voix féminine, énervée.

Abi se redressa en se massant la tempe.

- Je suis désolée... Je ne t'avais pas vue.

C'est à ce moment-là, qu'Abi leva les yeux vers l'individu. Loin d'être un mur imposant, il s'agissait en réalité d'une fille de son âge. La familiarité de ses traits lui fit un choc. Ses yeux d'un bleu profond, étaient mis en valeur par la noirceur de ses cheveux. Mais aussi la finesse de son corps et la délicatesse de ses bras qui renfermait pourtant une force surhumaine. La fille devant elle ne savait comment réagir devant cette inconnue qui, la mine décomposée, la fixai intensément.

- Ce n'est pas grave, mais s'il te plait arrête de me regarder comme ça. C'est très dérangeant, dit la jeune fille, une pointe d'humour dans la voix.

Prenant conscience de ces mots, Abi secoua la tête pour retrouver ses esprits avant de se remettre, maladroitement, sur ses deux jambes.

- Hécles, lança la jeune fille.

- Euh Abigaël, répondit l'autre.

- Toi aussi tu es...

- Une Wyrd, oui.

Hécles regarda attentivement Abi, ses yeux inexplicablement attirés par les yeux violets de l'autre. Elle avait l'impression d'être happée, presque ensorcelée, par ce regard. Prête à exaucer le moindre souhait émis par les lèvres de son possesseur. Comment se faisait-il que ces yeux avaient une telle influence sur son corps ? Une petite voix dans sa tête lui en donna, quelque peu, la réponse.

« Il serait préférable que tu arrêtes de me regarder, c'est très dérangeant » lui avait dit Abi par télépathie.

Coucou à tous 😊j'espère que ce chapitre vous a plut. La suite mercredi prochain.
N'oubliez pas de mettre une petite étoile si vous avez aimé.

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