Chapitre 29 : Une rencontre dans les bois

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- Je l'avoue, je ne te croyais pas quand tu disais pouvoir me battre au bras de fer.

Hécles hocha les épaules avec une fierté non masqué. Elle était heureuse d'avoir réussi son pari contre Dag. Elle allait ajouter quelque chose quand Abi entra dans la salle de sport. Dès lors, tous se turent. Elle gardait la tête haute, assumant enfin le pouvoir de ses yeux. Elle put lire avec une étonnante facilité les pensées de ses amis et fut étonné d'y voir une pointe de crainte. Evidemment tous avaient appris ce qu'elle avait fait à Hel, avec qu'elle sang-froid elle avait voulu la tuer. Seul Dag voyait ça comme un acte de courage, les autres ne savait pas quoi en penser. Assis en tailleur à dix mètres au-dessus du sol, Egeon observait Abi d'un œil mauvais. Il avait décidé de se tenir loin d'elle et essayait d'oublier les sentiments qu'il avait ressentis à son égard. Abi jugea préférable de partir. S'ils ne parvenaient pas à la comprendre alors elle resterait loin d'eux.
Elle était désormais seule. Aucun de ses amis ne partageait son point de vue : détruire le mal par le mal. Elle déplorait leur comportement mais ne pouvait évidemment rien y faire. La solitude serait désormais son lot, elle en était persuadée.

Au croisement entre l'aile des Nornes et la sienne, une boule de poil blanc fondit sur elle. Il s'agissait de la louve dont les yeux brillant comme deux saphirs la regardaient avec joie. En y regardant de plus près, la louve n'avait plus rien du bébé, qu'Abi avait rencontré dès son premier jour au château. Elle avait grandi, son pelage s'était allongé et un air plus sévère peignait son visage.

« Comme je suis heureuse de te revoir ! » lui lança gaiement celle-ci par la pensée.

- Moi aussi ! Mais dit moi qu'est-ce que tu as grandi.

La louve sourit avec malice.

« Comme toi non ? »

- Je n'ai pas autant changé.

« C'est ce que tu crois. N'oublie pas que je suis toi. »

Abi savait qu'il y avait un message derrière ces paroles mais elle ne voulait pas y penser. Au risque de s'énerver avec la seule personne qui voulait encore lui parler. En dehors d'Elise qui ne s'était pas montrer depuis le retour de New York. Dont l'absence rendait encore plus triste la jeune fille que si le monde entier était contre elle. Abi savait qu'il s'agissait de la décision du directeur, c'est pourquoi elle avait décidé d'aller le trouver pour le faire changer d'avis. Avec ou sans ses pouvoirs.

« Mauvaise idée », souligna la louve.

- Pourquoi tu dis ça ?

«  T'en prendre au directeur ne t'attirera que des ennuis. Par contre je connais quelqu'un qui pourrait répondre aux questions que tu te poses. »

Sur ces paroles la louve s'en alla. Abi la suivit en marchant à ses coté. Elles ne firent aucun échange durant le trajet. Abi était perdu dans ses pensées et se contentait de fixer le sol devant elle. Leurs pas les menèrent au grand escalier qu'Abi avait pris le premier jour pour se rendre dans la salle de bain. Ou plutôt la salle où se trouvait la cascade. L'endroit même où elle avait rencontré la louve. Mais c'est n'est pas là que cette-dernière avait décidé d'emmener la jeune fille. Car elles se dirigèrent vers une immense porte en bois. Une porte si haute et si large qu'Abi avait du mal à croire en son existence. Sur la porte on pouvait voir des motifs plus impressionnants les uns que les autres. Les animaux dans une forêt verdoyante, une chasse à cours où cavaliers et chien poursuivaient un être sans défense ou encore une grande bataille de guerre où fusil et canons semblaient sur le point d'envoyer leurs munitions sur le camp adverse. Abi avait l'impression que la porte racontait des histoires. Le bois semblait onduler comme lorsque que l'on caresse la surface d'une eau.

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