Prédestinés

Chapitre 3 : Les regrets

Elise était mélancolique ce matin, car on était en mars. La saison de la floraison s'annonçait et elle savait ce que cela représentait : le départ de sa petite protégée. En effet, dans quelques jours elle allait avoir 18 ans, et plus qu'une majorité, cela signifiait que son travail de protection était fini. Désormais, elle devait passer la main. Elle ne put s'empêcher de pleurer, le coeur déchiré. Au fil des années, elle s'était attachée à cette petite fille, qui avait fini par devenir une femme, bien trop tôt à son gout. Mais Abigaël, n'était pas comme les autres petites filles, elle était spéciale et ça Elise l'avait toujours su, mais jamais accepté. Spéciale pour le monde, mais surtout spéciale pour elle. Cette fillette avait changé sa vie, et elle n'arrivait pas imaginer son existence sans elle. D'ailleurs, elle ne savait pas si elle allait survivre à son départ. Elle allait devoir vivre le restant de ses jours, en aillant à l'esprit que sa protégée risquerait sa vie chaque jour, jusqu'à la fin de celle-ci. Peu à peu, elle trouvait que le destin de cette enfant était injuste : vivre pour réparer les erreurs humaines. Ces derniers ne connaîtraient même pas son existence !

Mais tout de même, Elise était fière du travail qu'elle avait accompli pour celle, qu'elle considérait désormais, comme sa fille. Une idée folle lui vint à l'esprit : empêcher Abi d'accomplir sa destinée. Peut être qu'ainsi elle survivrait. Mais elle savait que le directeur ne la laisserai jamais faire.

Tout en laissant divaguer ses pensées, elle finit de faire son lit quand elle eut la brusque envie de regarder par la fenêtre. En s'y approchant, elle vit la forêt qui l'entourait et en contre bas, Abigaël sur la terrasse. Mais c'est là qu'elle le vit : lui. Son sang ne fit qu'un tour, et la peur la saisit. Il était jeune mais il représentait une menace quand même. Toutes ces années, à protéger sa fille (ce mot sonnait toujours étrange dans sa bouche) allait disparaître en fumée à cause de ce morveux un peu trop curieux. Non ! Il ne le lui en fallut pas d'avantage pour se précipiter dans les escaliers, manquant de tomber au passage. A peine arriver sur la terrasse, elle hurla à son encontre :

- Tu n'as rien à faire ici ! Va-t'en, avant que j'appelle la police !

Evidemment, elle ne pouvait pas faire cela, car pour le reste du monde, Elise était morte dans un accident de voiture à l'âge de 21 ans. Mais elle devait lui faire peur comme il lui faisait peur à cet instant.

Le garçon se contenta de la fixer, pas intimidé le moins du monde. Abigaël, elle, ne reconnaissait pas le ton employé par sa Gardienne. Jamais, elle n'avait crié comme cela. Elise regarda attentivement le garçon, elle finit par le reconnaître.

- Egeon ! Tes Gardiens seraient furieux s'ils apprenaient que tu es venu ici ! Dit-elle d'un ton plus calme.

Elle aurait aimé envoyé une filante à ses Gardiens, mais elle savait que si elle le faisait ses compétences de Gardienne seraient remise en cause et cela elle ne le supporterait pas.

« - Tu le connais ? » demanda brusquement Abigaël à Elise, par télépathie.

Cette dernière hocha la tête.

« - Comment ? » Continua-t-elle.

- Tu sauras tout le moment voulu, lui répondit Elise de vive voix.

Egeon, qui regardait la scène, ne savait que faire. Il se contentait de regarder la jeune fille. Il ne se lassait pas de la contempler, ses cheveux châtains, tombant délicatement sur ses épaules et ses yeux violets qui étaient pour l'instant en train de regarder l'autre femme. Egeon savait qu'il s'agissait de sa Gardienne. Cette dernière lui adressa la parole, et il porta les yeux sur elle.

- Tu ferais mieux de partir avant que j'en informe le directeur, et que tes Gardiens aient des problèmes.

Egeon ne pouvait que lui obéir. Si par malheur ils venaient à apprendre ça, il était mort ! Alors il regarda une dernière fois, celle qu'il avait aimé, il y a bien longtemps et s'envola. Les deux femmes le regardèrent s'élever et dépasser la cime des arbres avant de disparaître.

Voilà, un nouveau chapitre, h'espère que cela vous plait toujours : ) N'hésitez pas à me le dire dans les commentaires.