Chapitre 30 : Une histoire de mort

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Astrid avait opté pour un ton calme, un brin solennel.

« Les Wyrds sont née d'une magie si ancienne et si puissante qu'on ne sait d'où elle tire son origine. Ils sont les protecteurs du monde et des hommes. A une époque où la terre était encore dans son berceau, ils étaient considérés comme des dieux.

Durant des siècles, les Wyrds étaient les seuls êtres doués de pouvoirs. Ils n'y avaient aucun être capable d'ebranler la paix qu'ils avaient instauré.

Jusqu'à l'arrivée d'Ymir et Hel. Deux êtres monstrueux aillant commis des crimes qui dépassent l'entendement. Possédant la forme d'immortalité maudite offert par la mort elle-même. Leur existence ne reposait que sur destruction, désolation et chaos. Ils mettaient à feu et à sang des villages entiers sans le moindre remords. Les Wyrds ont évidemment cherché à les arrêter mais cela semblait presque impossible. Le pouvoir d'Ymir et d'Hel reposait essentiellement sur la possibilité de voler le pouvoir de leurs adversaires. Ils réussirent à prendre une partie des pouvoirs de chacun des Wyrds sauf les tiens, Abigaël. Tu es la seule à posséder un pouvoir qu'ils n'ont pas, la raison pour laquelle le bien l'a toujours emporté. En toi réside le pouvoir de les anéantir. De nombreuses fois vos ennemis sont morts sous vos coups, mais à chaque fois ils revenaient à la vie. Il ne vous fallut pas beaucoup de temps pour comprendre que vous étiez tous liés. En prenant vos pouvoirs Ymir et Hel avaient gagné une partie de votre immortalité.

Les Wyrds étaient face à un dilemme, combattre sans relâche et sans espoir de victoire, et mettre en danger les humains qui vous entouraient, ou mourir vous-même. Vous avez tous choisis la deuxième option.
En cédant votre immortalité vous avez fait disparaitre la leur. A la fin de votre ultime combat, Ymir et Hel furent emprisonnés par le pouvoir de l'esprit à l'intérieur d'une montagne de glace. Et vous, vos corps se transformèrent en poussière quand le temps de vos siècles d'existences vous rattrapa.

Cela aurait pu être la fin des Wyrds et de tout combat... Pourtant l'on ne sait comment, près d'un siècle plus tard, des fleurs très spécial naquirent à l'endroit même où le château se tient aujourd'hui. Et de ces fleurs six bébés sont nés. Possédant les pouvoirs des Wyrds disparus. Dix-huit ans plus tard Ymir et Hel ne soit libéré à leur tour de leur prison de glace. Pour que le combat reprenne.

C'est ainsi que huit générations plus tard, et tout autant de combat, tu te retrouves devant moi. Prête à continuer ce combat incessant.

Vous voilà néanmoins soumis à des corps humains, fragiles et inadaptés pour supporter des pouvoirs si puissants. Des corps qui s'épuisent et meurs. Plus vous utiliserai vos pouvoir et plus vous en subirai les conséquences.»

Le monologue d'Astrid était à présent terminé mais une question brulait les lèvres d'Abi. Incapable de parler elle envoya sa question par la pensée.

« Comment pouvons-nous les détruire alors ? »

- En laissant leurs pouvoirs s'épuiser plus vite que les vôtres. Et les détruire de la même façon que la première fois.

Cela tombait sous le sens. Astrid venait de lui étaler l'ensemble de son histoire, comment sa vie ou plutôt, ses vies, avaient commencé et comment elles se terminaient.

Abi sortit de chez Astrid en transe. Plus aucunes pensées ne lui traversaient l'esprit, elle ne faisait qu'errer dans les bois. Puis elle s'arrêta glissa le long d'un tronc d'arbre et s'allonga dans les feuilles mortes. Ce n'est qu'à partir de cet instant qu'elle s'autorisa à pleurer. De la même manière que le jour de son anniversaire où elle s'était retrouvée seule dans les bois. Elle n'était définitivement qu'une enfant pas du tout prête à affronter les épreuves que sa condition lui imposait. Comment pouvait-elle être la fille qui devait sauver le monde grâce au seul pouvoir que ses ennemis ne possédaient pas ? Elle aurait tant voulu qu'Elise soit à ses côtés, lui dise que tout allait bien se passer. Mais Elise avait mystérieusement disparue et aucune autre personne n'aurait pu remplir cette fonction.

C'est à ce même instant, qu'un bruissement de feuilles se fit entendre. Abi pensa d'abords qu'Astrid l'avait suivi et venait la réconfortait. Mais en voyant une canne blanche et des lunettes de soleil, elle sut qu'il s'agissait d'Aaron. C'était la première fois qu'elle le voyait avec une canne de non-voyant et cela le rendait plus vulnérable qu'à l'ordinaire. Elle savait qu'il allait encore lui lancer des réflexions comme le jour où il l'avait retrouvé dans le couloir en pleurs. Elle ne put donc s'empêcher de lui lancer le plus méchamment possible :

- Pourquoi c'est toujours toi qu'on envoie pour me retrouver ?

«  Pourquoi le handicaper tu veux dire. »

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, cria-t-elle tout haut.

- Mais c'est ce que tu as pensé.

Il se rapprochait d'elle aussi vite qu'il le pouvait alors qu'elle restait toujours recroquevillée contre l'arbre. Arrivée à sa hauteur il lui donna un petit coup de canne sur la tête.

- Je t'ai déjà dit d'arrêter de pleurer !

- Comment sais-tu que...

- Tu renifle de façon très bruyante.

Elle leva les yeux au ciel.

- Tu ne pourrais pas être gentil au moins une fois dans ta vie !

- Non, parce que les gens gentils sont ceux qui sont trahis en premier.

- Tu as été trahis alors ?

- Non, parce que je n'ai jamais été gentil avec personne, sauf mon frère, mais lui c'est différent.

- J'aurai bien aimé avoir un frère, ne put s'empêcher de dire Abi.

Le calme revint entre eux. Aaron s'accroupit et s'assit près d'elle. Il posa une main sur sa tête.

- Aller arrête de pleurer s'il te plait.

Mais au lieu de cela, elle pleura de plus belle et plongea dans ses bras. Surpris le jeune homme resta tendu avant de poser ses bras autour de la jeune fille. Il la serra plus fort. Les sanglots d'Abi lui brisaient le cœur. Il s'efforçait de ne pas se laisser atteindre pas cette fille qui pouvait obtenir tout ce qu'elle voulait d'un simple regard. Mais il devait se rendre à l'évidence : son côté de princesse en détresse ravivait en lui une âme de chevalier servant. Il ne voulait qu'une chose à présent : la protégée autant que son frêle corps d'être humain le pouvait. Autant que son handicap le pouvait. Après tout, tel était le rôle d'un futur Vanes. D'une main hésitante il essuya les larmes qui coulaient sur les joues rougies de la jeune fille.

- Je viens d'apprendre que je vais bientôt mourir, souffla-t-elle entre deux sanglots.

- Rien n'est gravé dans la pierre. Et puis maintenant tu n'es plus seule. A nous deux on trouvera un autre moyen. Je te le promets.

Ils restèrent blottit l'un contre l'autre, jusqu'au coucher du soleil, quand le vent eut fini de sécher les larmes de la « sauveuse. » 

Salut à tous désolée pour ce long mois d'absence, j'espère que ce chapitre aura été a la hauteur de vos attentes. De gros bisous à tous.

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