Pour la première fois de sa vie, Abi prenait conscience de son pouvoir, ayant la sensation d'être maudite, et de devoir supporter le poids que son pouvoir avait sur les gens. Finalement, le directeur avait peut-être raison de vouloir l'écarter d'Elise, et dire qu'elle l'avait vu se comporter comme un monstre. Dans un simple élan de colère, elle avait failli tuer tout le monde.
N'ayant plus la force de continuer de courir, elle préféra s'engouffrer dans un couloir sombre, où aucune Lune ne brillait. Plongé dans le noir le plus total, elle s'assit et profita du silence qui régnait. Depuis son départ de chez elle, elle n'avait plus eu l'occasion de se poser et d'écouter les bruits de la forêt, qui lui suffisait d'ordinaire pour se calmer. Elle aurait pu rester là éternellement, loin du monde, loin de tous, tenant en respect le pouvoir qui grandissait en elle. Mais un bruit de pas résonna au loin, se rapprochant peu à peu à un rythme sacadé. La personne devait surement la chercher, alors Abi se cola un peu plus contre le mur, espérant s'y enfoncer d'avantage.
- Il serait préférable que tu sortes de ta cachette, dit une voix masculine.
Comment pouvait-il savoir qu'elle se trouvait là ? Le noir était complet, et elle-même ne savait pas à qui elle avait à faire.
- Je sais que tu es là, je t'ai entendu renifler à l'autre bout du couloir.
D'instinct elle coupa sa respiration. Mais cela ne suffis pas, car une main puissante la saisi à l'épaule et la força à se relever. Abi grimaça de douleur, cet homme avait une sacrée poigne.
- Tu n'es vraiment qu'une petite écervelée, inconsciente et immature !
L'inconnu avait parlé calmement, d'une voix grave et autoritaire, qui fit perdre l'envie à Abi de d'exprimer la moindre parole. Elle ne savait pas si c'était dû à l'immense désespoir dans lequel elle était plongée ou du fait qu'elle avait en face d'elle un homme qui l'intimidait au plus haut point, mais elle se remit à pleurer. Ses joues s'empourprèrent, car elle avait honte de se montrer si faible devant cet inconnu.
- Oh cesse donc de pleurnicher. Crois-tu que tu en auras le temps, quand le monde comptera sur toi ? Et dire que tout repose sur une gamine ! dit l'homme avec répugnance.
Ces paroles la blessèrent profondément, elle se figea et se retint de le frapper, consciente que cela ne servirai surement à rien. L'inconnu émit un bref rire condescendant.
- Quoi ? Tu croyais que j'étais là pour te remonter le moral ? Non ça c'est le boulot de ton petit copain, s'exclama-t-il avec dédain. Je n'ai pas l'intention d'être aimable avec toi.
- Je n'ai jamais attendu qu'on me remonte le moral ! répliqua Abi avec le même ton.
Elle se dégagea vivement de l'emprise de l'homme en tirant sur son bras.
- Très bien, retourne donc pleurer dans ton trou ! Puisque c'est la seule chose que tu saches faire.
- Qui es-tu pour me parler comme ça ? Je ne te connais même pas ! S'époumona la jeune fille hors d'elle.
- Ça n'a aucune importance ! Par contre ce qui l'es, c'est que tu dois comprendre que tu n'as plus le droit d'être faible. Fini le temps de l'inconscience où tu ne pensais qu'à ta petite personne. Tu dois laisser derrière toi, la fillette que tu étais et devenir ce que l'on attend de toi. Pleurer ne sert strictement à rien, et tant que tu ne l'auras pas compris tu ne pourras jamais avancé !
Abi était sidérée, jamais personne ne lui avait dit de telle chose. Mais peut-être que personne n'en avait eu l'audace, car après tout, ce qu'il venait de lui était entièrement vrai. Jamais elle n'avait cessé d'être une enfant, protégée et choyer par ses Gardiens. Elle avait grandi en sachant qu'elle était spéciale sans jamais mesuré les conséquences que cela entrainait. Le temps de l'enfance était désormais révolu.
- Tu as raison, rétorqua-t-elle.
- Bien sûr que j'ai raison ! Ecoute, je comprends que ça demande des sacrifices, mais tu ne dois pas changer uniquement pour toi, ça à un but bien plus grand ! Les choix que tu feras, les actes que tu accompliras auront une répercussion sur le monde entier. Tu ne peux pas te permettre d'échouer ou d'avoir peur, parce que tout repose sur toi, Abigaël.
Il avait accentué les derniers mots, avec une note de gravité dans la voix.
- Mais, et les autres Wyrds ? Eux aussi sont importants.
- Bien entendu ! Mais c'est toi qui permets à la balance de pencher vers le bien. Crois-tu que votre rôle consiste à sauver les chats dans les arbres ou à guérir les maladies ? Non, une menace bien plus grande plane au-dessus des hommes, tu n'as pas idée !
- Mais pourquoi ne nous a-t-on rien dit ?
- Mon... Le directeur semble ne pas trouver nécessaire de vous en parlez, mais moi je le fais. Si ce que je viens de te dire peu te permettre de choisir le bon côté, alors je n'aurai pas désobéi pour rien.
Abi ressentit comme de la gratitude à son égard, peut-être que finalement cet homme n'était pas mauvais.
- Merci, fini-elle par murmurer.
- Ne me remercie pas, grogna l'autre, je préfère les actions aux belles paroles.
- Dans ce cas je ferai tout pour devenir la personne que je dois être, tu as ma parole.
Le silence s'installa. Abi savait que l'homme était toujours là, bien qu'il n'émettait aucun bruit. Elle sentait une présence, toute proche. Une figure imposante, pour qui elle éprouvait une étrange sympathie. Cet homme aux paroles cinglantes, qui parlait sans aucune gêne ni retenue. Tous les autres se comportaient de manière polie et respectueuse envers elle : mais pas lui. Il disait ce qu'il pensait, sachant pourtant très bien qui elle était. Et puis, dans ce noir, impossible pour lui de voir les yeux envoutant de la jeune fille. Pour une fois elle était-elle, identique au commun des mortels, devant un inconnu au caractère franc. Elle eut l'envie profonde de le prendre dans ses bras, mais elle n'en fit rien, on ne pouvait savoir qu'elle serait la réaction de l'homme.
- Il serait bon que tu retournes dans ta chambre, je m'occupe de prévenir le directeur.
- D'accord, répondit-elle simplement.
Sur quoi elle l'entendit s'éloigné. Elle attendit un instant, pour laisser le temps à l'inconnu de s'éloigné, elle ne voulait pas savoir- du moins pour l'instant- qui il était. Elle savoura encore quelques secondes le sentiment étrange qui l'habitait, rester encore un instant la fille de l'ombre. Elle finit par sortir des ténèbres qui l'entouraient, en laissant définitivement derrière elle la fillette qu'elle avait été.
Bonjour à tous j'espère que ce chapitre vous a plut 😊. Je ne publierai qu'un chapitre toute les 2 semaines pour me laisser le temps d'écrire et ne pas bacler mes chapitres. N'hésitez pas a laisser des commentaire, bisous.
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Prédestinés
FantasyDepuis la nuit des temps, des hommes et des femmes se succèdent pour protéger, aux périls de leurs vies, les représentants du monde. Mais qui sont-ils ? Personne ne doit le savoir. Ils sont 6, si différents et pourtant lié. Porteur de pouvoirs des...