Chapitre 2

107 9 6
                                    


À mon grand soulagement, je le trouvai debout devant sa porte, mais le visage blême, l'air apeuré et se tordant nerveusement les mains. Il eut l'air grandement soulagé en me voyant arriver.

— Ah, dame Yanna ! Dieu soit loué, vous voilà !

— Que se passe-t-il, Messire ?

— Mon valet de confiance, Michel, il...

Arthur ne put achever, trop bouleversé, continuant à se tordre les mains. Il m'indiqua sa chambre de la tête. J'entrai lentement, remplie d'appréhension. La pièce était encore dans la pénombre, un seul rideau ayant été tiré, mais c'était suffisant pour en distinguer l'ameublement. Une personne était allongée dans le lit d'Arthur, sans mouvement.

— Mon Dieu, c'est de ma faute, pardonnez-moi..., gémit le jeune garçon derrière moi.

Je retins son souffle et me penchai au-dessus du visage juvénile posé sur l'oreiller. Je blêmis soudain affreusement. Je venais de découvrir les boutons rouges qui lui couvraient le visage. Je reculai vivement, le cœur battant. Exactement les mêmes, j'en étais certaine.

— Quelqu'un est-il entré ici cette nuit ? demandai-je vivement.

— Oui, répondit le page qui avait été me chercher. Le valet de chambre qui dormait devant la porte a été assommé, et la porte forcée.

Je regardai mon jeune demi-frère, et mon cœur se serra.

— Vous avez donc suivi mon conseil..., murmurai-je.

Arthur hocha silencieusement la tête. Je regardai à nouveau le garçon étendu dans le lit. Les mêmes symptômes que mon père... Je me redressai brusquement. Mon oncle Bertrand ! Il avait donc récupéré les poisons de sa mère et continuait à s'en servir ! Il était peu vraisemblable qu'il se fût introduit lui-même au Palais, mais soudoyer un domestique n'avait pas dû lui poser de problème !

— Messire, il faut que je vous quitte, dis-je vivement à Arthur.

— Pourquoi ? Où allez-vous ? demanda-t-il d'un air paniqué alors que je marchais à grands pas vers la porte.

— J'ai une petite visite à rendre... Un château à fouiller ! Je ferai le plus vite possible, mais en attendant, je vous en supplie, redoublez de prudence ! lançai-je en disparaissant dans le couloir.

Je courus jusqu'à l'étage des domestiques, qui commençaient tout juste à s'éveiller. Je trouvai rapidement Étienne, Claudine et Loeiz et les mis au courant en peu de mots. Ils insistèrent aussitôt pour m'accompagner.

— Je préférerais que vous restiez pour veiller sur lui, avouai-je.

— Je crois que tu auras beaucoup plus besoin de nous que lui ! affirma mon amie. Il a tous les valets et seigneurs qu'il faut pour le protéger, sans compter qu'il fera attention, maintenant. Tandis que toi, on ne sait pas ce qui t'attend, tu peux avoir besoin de renforts !

— Oui, tu auras besoin de nous ! ajouta Loeiz. Et je ne supporterais pas que tu coures un danger sans que je sois là pour te prot... t'aider !

— Je pense aussi que nous devrions tous venir, approuva Étienne. D'ailleurs, nous ferions mieux de passer avant à Nantes pour réquisitionner deux jeunes gens qui nous ont déjà aidés par le passé...

— Mais cela nous fera perdre un temps fou ! protestai-je.

J'ignorai Claudine, dont le regard s'était soudain éclairé à cette idée.

— C'est plus prudent, assura Étienne. Même si nous ne sommes pas sûrs que Bertrand soit retourné à Menezher...

— Au diable Bertrand, nous nous en occuperons plus tard ! Pour l'instant c'est la réserve de poison qui m'intéresse ! rétorquai-je. Or elle est certainement là-bas.

La Dernière chevauchée, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant