Fin...

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Il fut bientôt admis partout en Bretagne qu'Arthur reposait bel et bien au fond de la Seine, même si aucune preuve formelle ne le certifiait. La seule chose certaine, c'est que son corps ne fut jamais retrouvé.

Comme Aliénor, la sœur aînée du jeune prince, restait retenue en Angleterre, les barons et évêques bretons reconnurent sa demi-sœur, Alix de Thouars, comme héritière du duché (Aliénor y restera toute sa vie, sans jamais remettre le pied sur le continent. Elle mourra en 1241 à Bristol, après avoir été enfermée à Gloucester et à Malborough, et sans qu'Henri III, fils et successeur de Jean sans Terre, ne songeât à la libérer). 

Guy de Thouars ne fut pas nommé duc pour autant, mais seulement tuteur de la jeune duchesse. Philippe Auguste, en lui promettant le titre ducal, lui avait fait miroiter un avancement qui n'était même pas en son pouvoir...

Catherine de Thouars, la sœur cadette d'Alix, fut mariée par la suite au fils du sire de Vitré, en remerciement des services rendus par son père.

Guy de Thouars gouverna le duché au nom de sa fille pendant une dizaine d'années. Il se remaria avec dame Eustachie de Chemillé, dont il eut un fils.

En deux campagnes militaires, printemps 1203 et été 1204, Philippe Auguste avait complètement reconquis la Normandie. Au cours de son règne, il parviendra d'ailleurs à récupérer l'essentiel des possessions anglaises sur le continent.

Mais le roi savait qu'il n'avait qu'une très faible emprise sur le Poitou, d'où était originaire le sire de Thouars, et donc encore moins sur la Bretagne. Il lui fallait fidéliser le duché au royaume de façon plus solide. Un accord de mariage fut ainsi conclu entre la jeune Alix, héritière du duché, et Henri de Tréguier, héritier du Penthièvre, dont le père était un fidèle de Philippe Auguste.

Mais trois ans plus tard, le roi s'avisa que cette alliance restait encore trop incertaine. Un duc breton pouvait toujours décider de prendre ses distances avec la monarchie française...

Non, il fallait marier l'héritière à un seigneur plus proche de lui ! Un membre de sa propre famille ! C'est ainsi qu'il choisit son petit-cousin, Pierre de Dreux. Le jeune homme avait déjà renoncé à une carrière ecclésiastique pour laquelle il ne se sentait aucun goût, ce qui faisait bien les affaires du roi.

Cependant, Philippe Auguste connaissait le tempérament querelleur et emporté de son cousin. Avant d'accepter définitivement ce mariage, qui devait donner à la Bretagne un duc capétien, le roi demanda à Pierre de s'engager à respecter tous les anciens accords passés entre lui et Guy de Thouars, ainsi qu'à ne pas attaquer ses vassaux bretons sans son accord. Son père, son oncle et son frère aîné furent les témoins de ce serment, et promirent de le réfréner si d'aventure le jeune homme manquait à sa parole.

Preuve s'il en est que Philippe n'était pas très assuré non plus de la loyauté de Pierre, dont l'ambition ne faisait que croître avec les ans...

Par son mariage en 1214, ce jeune homme devenait officiellement Pierre Ier de Bretagne, duc bailliste du duché au nom de sa femme.

Cependant, c'est sous un autre nom que le jeune homme laissera une trace dans l'histoire...

Ses nombreux démêlés avec le clergé lui vaudront en effet le surnom de Pierre Mauclerc – mauvais clerc. Les chroniques de l'époque ne le désigneront bientôt plus que par ce nom. Et c'est encore un personnage haut en couleur que ce Pierre Mauclerc ! Batailleur infatigable, ambitieux, autoritaire, ce rebelle impénitent, incapable de rester en place, donnera bien du fil à retordre au petit-fils de Philippe Auguste, le futur Saint Louis !

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 15, 2016 ⏰

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La Dernière chevauchée, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant