Chapitre 8

84 8 1
                                    


— L'officier de Bertrand a été aperçu à Nantes il y a une semaine, nous pensons qu'il prépare un mauvais coup sur les ordres de son maître.

— Quoi ! Mais quel coup ?

— Nous n'en savons rien, mais la duchesse préférerait que tu reviennes à Nantes. Quelque chose me dit que tu y serais plus utile. Messire Arthur a tous les barons qu'il souhaite pour l'entourer et le protéger.

— Ma mère ! m'exclamai-je avec émotion. Ma mère me demande !

— Oui, mais faisons vite...

— Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas vue ! Et les autres non plus, Claudine... Est-ce qu'Aubin est toujours là ? Vont-ils bien ?

— Je t'en prie, Yanna ! fit Étienne en riant. Je te dirai tout en chemin, c'est promis ! Mais maintenant il faut y aller.

— Oui, oui, bien sûr ! Oh, et est-ce que ma petite sœur se porte bien ? J'ai appris que ma mère était de nouveau enceinte, est-ce vrai ?

— Yanna, Yanna ! Oui c'est vrai, mais allons !

Le valet avait pris la liberté de faire seller Rousig en arrivant. Je me souvins au moment de partir que je devais informer Arthur de mon départ, puis je partis enfin avec Étienne. J'étais si impatiente de retrouver enfin la Bretagne et tous ceux auxquels je tenais !

***

Nous arrivâmes quelques jours plus tard à Nantes, où Claudine et moi tombâmes dans les bras l'une de l'autre, au milieu de la cour du château, sous les yeux de tous les valets, palefreniers et membres de la cour qui passaient par là.

— Oh, Yanna !! s'exclama mon amie en me serrant de toutes ses forces. Ça fait si longtemps ! Oh, tu ne peux pas savoir comme tu m'as manqué !

— Claudine, toi aussi ! soufflai-je, les larmes aux yeux. Est-ce vrai ce que dit Étienne ? Bertrand est ici, à Nantes ?

— Oui, accompagné de son officier favori ! siffla Claudine, le regard soudain menaçant. Si tu savais ! Depuis le temps que je rêve de lui faire payer !

Je me doutai que savoir l'assassin d'Odet si près d'elle avait ranimé les rêves de vengeance de la jeune fille.

— J'ai réussi à la retenir, ajouta Étienne gravement. Elle voulait se lancer sur sa piste aussitôt et lui tomber dessus à elle seule !

— J'avoue que j'ai eu du mal à t'attendre, mais maintenant que tu es là nous allons lui faire payer !

— Attends au moins que Yanna s'installe, la tempéra son père. Et nous devons réunir plus de monde avant de tenter quoi que ce soit. Dis-lui plutôt, pour Alix...

— Ah oui ! La duchesse m'a nommée gouvernante de sa fille, la petite Alix ! Tu te rends compte ?

— Toi, gouvernante ! Mais c'est formidable !

C'était surtout inespéré ! Qu'une fille de cuisine parvînt à une telle élévation... J'en étais reconnaissante à ma mère. En élevant ainsi mon amie dans la hiérarchie sociale, la duchesse la remerciait pour l'aide qu'elle nous avait apportée lors de nos deux voyages à Menezher. Cela l'avait aussi un peu aidée à se consoler de son deuil... Mais il était certain que son cœur garderait toujours cette blessure.

— Tiens, ajouta Étienne, en parlant de monde à rassembler...

En effet, Aubin venait de sortir à son tour dans la cour pour me saluer. Le jeune homme avait maintenant vingt-neuf ans et travaillait toujours comme valet personnel de la duchesse, au même titre qu'Étienne. Comme lui, il était devenu son homme de confiance, remplissant tous les menus services ou toutes sortes de missions pour son compte. Je trouvai qu'il n'avait pas changé, mis à part une certaine gravité dans son expression.

La Dernière chevauchée, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant