Chapitre 23

80 8 1
                                    


Jour après jour, l'armée française progressait au rythme lent des chariots de l'intendance et au pas des fantassins. Ce ne fut que de longs jours plus tard que nous pénétrâmes enfin dans le duché de Normandie. Je sentis l'émotion me gagner à mesure que mon but approchait. Une fois les tentes dressées pour la nuit, je demandai à Aubin si je pouvais lui parler en particulier. Étienne accepta de bon cœur de nous laisser seuls et sortit faire quelques pas dans le campement.

— Aubin, je suis tellement heureuse de toucher enfin au but ! m'exclamai-je en l'enlaçant. Cela fait si longtemps maintenant qu'Arthur est retenu prisonnier ! Neuf mois ! Et nous n'avons eu aucune nouvelle depuis ! Seigneur, dans quel état vais-je le retrouver... Nous sommes fin avril, tu sais, Arthur vient juste d'avoir seize ans. Quel triste anniversaire, au fond d'une geôle...

— Allons, mon ange, nous verrons bientôt la fin de ce cauchemar, me rassura-t-il en me berçant doucement. Et si le roi Jean a osé le toucher, Philippe Auguste lui fera payer, sois-en sûre...

— Le Ciel t'entende, mon Aubin...

Me blottissant davantage contre lui, je l'embrassai tendrement, le sourire aux lèvres. Ravi de me voir revenue à une humeur plus aimable, il m'enlaça à son tour avec force, décidé à ne plus me lâcher.

— Je n'ai pas été tendre avec toi, ces temps-ci, murmurai-je en détachant doucement mes lèvres des siennes. Je te demande pardon, mon amour...

— Hum... il n'y a qu'une seule façon de te faire pardonner...

Et, me prenant dans ses bras, il me porta sur notre couchette. Je lui souris, sentant pour la première fois ma tension retomber. Mon cœur battait à nouveau la chamade. Était-ce un effet de mon soulagement, de mon optimisme retrouvé ? Toujours est-il que je parvins enfin à me laisser aller sous les longs baisers que nous échangeâmes. Mon corps entier criait son besoin de douceur et d'amour. Prudent, Aubin eut la bonne idée de ne pas me brusquer. Il me caressa, m'embrassa pendant de longues minutes, réveillant patiemment un désir étouffé depuis longtemps.

Je réalisai soudain combien j'avais besoin de lui et combien ses bras fermes, ses larges épaules, son torse musclé et ses étreintes enivrantes m'avaient manqués. Je répondis à ses caresses, lui signifiant que j'étais enfin prête à aller plus loin. Nous nous déshabillâmes et nous glissâmes entre les draps sans rompre le contact entre nos lèvres. J'étais encore trop fragile pour prendre le dessus. Ce fut lui qui s'allongea sur moi, écartant doucement mes cuisses pour s'y faire une place. Il frotta son sexe contre ma toison, sans cesser de m'embrasser et de pétrir mes seins d'une main affairée. Il descendit brièvement, le temps d'attraper un mamelon entre ses lèvres et de le mordiller délicatement. Je me mordis la lèvre pour retenir un gémissement de plaisir, éblouie par les sensations enivrantes qui m'envahissaient.

Je sentais l'humidité entre mes cuisses devenir inondation. Il fallait qu'il me prenne, je voulais le sentir en moi, que la sensation de son membre coulissant entre mes parois remplaçât dans ma mémoire les horreurs précédentes. J'étais affamée par le manque de lui.

— Mon amour, prends-moi, je t'en prie, murmurai-je à son oreille.

Il releva la tête pour me regarder dans les yeux. Puis, abandonnant toute prudence, il plongea en moi et donna libre cours à son désir refoulée, à sa faim au moins égale à la mienne.

Malgré la proximité des soldats dans le campement, je pus retenir les cris de plaisir qui s'échappèrent de ma gorge, oubliant complètement que seule une toile de tente nous séparait des autres. Peu nous importait que quelqu'un fît irruption sousla tente ou même nous entendît du dehors, nous ne fîmes rien pour retenir nos élans. Plus rien n'avait d'importance.

La Dernière chevauchée, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant