La nuit était tombée sur la cour de Nantes, les portes s'étaient refermées sur les chambres, les gardes se préparaient à une longue nuit de veille, tandis que chacun soufflait sa chandelle. Thomas ramena Claudine à ses appartements, après avoir bavardé longuement dans un petit salon, à l'écart des autres groupes. En arrivant devant la porte de la jeune femme, il porta sa main à ses lèvres.
— Je vous souhaite le bonsoir, dame Claudine...
— Voulez-vous déjà partir, messire Thomas... ? lui dit-elle d'un air tendre.
Ils échangèrent un regard. Les yeux de Claudine brillaient intensément. Ceux du jeune homme se troublèrent...
— Il vaut mieux que je rentre, Madame... Ce ne serait pas convenable...
— Au diable les convenances ! s'exclama-t-elle. Allons-nous les laisser nous dicter notre vie et sacrifier notre bonheur ?
Thomas resta un instant silencieux, la dévorant des yeux.
— Claudine, vous êtes une femme vraiment merveilleuse..., souffla-t-il, le cœur battant, en ouvrant lui-même la porte.
Ils se glissèrent ensemble à l'intérieur, les joues en feu. L'obscurité régnait dans la pièce, mais aucun ne songea à allumer de chandelle. À peine Claudine eut-elle refermé la porte que Thomas l'enlaça tendrement dans ses bras. Puis il se pencha, l'embrassa. Ils restèrent longtemps ainsi, ne voulant pas mettre fin à ce doux moment. Ils passèrent un temps infini à s'enlacer, enveloppés par une obscurité juste troublée par la lueur de la lune à travers la fenêtre.
Quand il se fut rassasié de son odeur et de ses baisers, il la souleva dans ses bras et la porta sur le lit qui semblait les attendre. Elle l'attira à elle, l'enlaçant à nouveau, prolongeant leur étreinte sur les couvertures. Enfin, ils se déshabillèrent et se glissèrent dans les draps, brisant avec fougue un jeûne trop longtemps enduré.
Le lendemain, une joie sans pareille les envahit en se réveillant l'un contre l'autre, nus, au milieu des draps défaits. Un large sourire illuminait le visage du jeune homme en contemplant sa compagne étendue contre lui. Il la serra contre lui, l'embrassa sur le front.
— Tu as raison, dit-il soudain.
— Sans doute, mais à quel sujet ?
— Nous n'allons pas laisser nos origines différentes gâcher notre bonheur ! Claudine, veux-tu m'épouser ?
— Oui..., souffla-t-elle, le cœur chamboulé.
Bien plus tard, quand Thomas eut repris son poste dans la garde après de nouveaux ébats, Claudine alla fermer soigneusement la porte de sa chambre. Puis elle ouvrit un petit tiroir fermé à clé sous son armoire, et en sortit son sachet contenant la poudre contraceptive. Elle serra le sachet dans ses mains, le cœur battant.
La jeune fille alla ouvrir la fenêtre, et soudain le vent matinal lui balaya le visage. Elle inspira une grande goulée de cette brise fraiche, le visage rayonnant de joie. Lentement, elle tendit à l'extérieur le bras tenant le sachet, et déversa la poudre au-dehors. Le vent emporta les grains au loin, les dispersant au gré de la brise, bien loin, par-delà les toits de la ville.
***
La campagne menée par Arthur fut rapidement achevée. Dès juillet nous étions de retour à Paris, de même que le roi. Ravi de ces succès, Philippe Auguste arma Arthur chevalier, renouvela sa promesse de lui accorder la main de sa fille, puis reçut son hommage pour la Bretagne, l'Anjou, le Maine, la Touraine et le Poitou, qui lui seraient attribués dès qu'ils seraient pris. Je grimaçai à ces serments et ces hommages, mais me gardai bien de protester, sachant que mes discours ne serviraient à rien.
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La Dernière chevauchée, Tome 2
Historical FictionUne fois débarrassés de dame Blanche, Yanna et ses compagnons d'aventure doivent maintenant mettre leur jeune duc Arthur en sécurité. Mais le fils de dame Blanche, Bertrand de Menezher, court toujours et n'a pas perdu espoir de découvrir la coupe lé...