Le passage étant dans sa chambre, notre retraite était coupée. Nous nous mîmes à espérer de toutes nos forces qu'il ne faisait que passer... Mais bientôt, nous entendîmes Bertrand s'asseoir sur son lit en grommelant contre sa malchance, puis un bruit de papier, indiquant que le sire s'installait pour étudier des documents...
Odet se retourna alors vers la cheminée et palpa le linteau de droite sur toute sa hauteur.
— Mais qu'est-ce que tu fabriques ? chuchotai-je vivement.
— Il y a peut-être un autre passage.
— Quoi ? Mais non voyons, je le saurais !
— Chut ! intima Étienne.
Bertrand avait bougé dans sa chambre. Nous retînmes notre souffle. Même Odet cessa sa recherche, fixant comme les autres la porte communicante. Elle était heureusement presque fermée, mais pas suffisamment pour étouffer les bruits. Le lit grinça, puis le plancher. Bertrand s'était levé et marchait dans notre direction. Tous pâlirent et se préparèrent à l'affronter. Chacun dégagea en silence son couteau ou son poignard, sauf Odet qui recommença à tâter fébrilement l'intérieur des linteaux de la cheminée, espérant toujours trouver une issue.
Les pas se rapprochèrent de la porte. Nous nous redressâmes doucement pour être prêts à réagir. Aubin se colla au mur à côté de la porte. Celle-ci s'ouvrit bientôt en grinçant. Bertrand apparut, sourcils froncés, une dague à la main. Son visage se couvrit aussitôt de stupeur en découvrant sa nièce et ses compagnons dans la pièce !
Profitant de l'effet de surprise, Étienne, le plus proche, se jeta sur sa dague et la lui arracha, mais le sire se reprit vite et hurla :
— À moi !! À la garde !!
Aubin, qui s'était glissé derrière lui, brandit alors son poignard par le bout de la lame, prêt à le lancer.
— Non !! l'arrêtai-je.
Alerté, Bertrand se retourna d'un bloc vers le jeune homme et hurla de nouveau, tandis qu'Aubin me lançait un bref regard de reproche.
— Il doit être livré vivant à la justice de notre duchesse, dis-je pour me justifier.
En même temps, Odet, Étienne et Loeiz l'avaient tous trois ceinturé. Bertrand se démenait en tous sens, hurlant sa rage par des imprécations et des menaces. Brandissant mon épée, je lui assénai un violent coup de son pommeau sur le crâne, l'étendant raide sur le plancher.
Dans le silence retrouvé, nous tendîmes l'oreille... Hélas, bien vite de nombreux bruits de pas se firent entendre, accompagnés de cris. Les gardes seraient là d'une seconde à l'autre. Aubin et Étienne attrapèrent Bertrand par les bras pour l'emmener, inconscient, et nous courûmes vers la porte menant à la pièce d'à côté. Au moment où nous allions y passer, un cri nous arrêta :
— Ça alors !
Nous nous retournâmes, et vîmes Odet debout dans la cheminée, devant une petite ouverture sombre.
— Fuyez ! lançai-je aux autres, tandis que je revenais en arrière pour rejoindre le jeune homme.
Mais aucun ne m'obéit. Bertrand fut laissé en plan dans sa chambre, pour tous nous retrouver devant la cache. Trois petits pots de terre s'y alignaient, en parfait état. Je les attrapai d'un geste pour les emmener, mais dans ma précipitation ils m'échappèrent. Les petits récipients tombèrent par terre, où ils s'écrasèrent en mille morceaux, répandant une fine poudre sur le sol. Au même instant, Étienne eut la présence d'esprit d'aller fermer la porte donnant sur le couloir, au moment où les gardes arrivaient et frappaient contre elle.
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La Dernière chevauchée, Tome 2
Ficción históricaUne fois débarrassés de dame Blanche, Yanna et ses compagnons d'aventure doivent maintenant mettre leur jeune duc Arthur en sécurité. Mais le fils de dame Blanche, Bertrand de Menezher, court toujours et n'a pas perdu espoir de découvrir la coupe lé...