Chapitre 14

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Le trajet fut cent fois plus long pour Lylla que pour Larbos. Il ne se dirent rien de tout le voyage et de temps en temps Lylla lui jetait un regard incendiaire auquel il ne répondait pas. Elle voulait lui dire toute sa haine qu'elle éprouvait pour lui avec ces regards. Sa haine pour lui avoir arracher ce qu'elle s'était acharnée de gagner depuis toujours : de la liberté. Cela n'avait été que brefs et délectable; désormais, en voyant les maisons défiler par la fenêtre, elle se rendit compte de la chance qu'elle avait eu de connaître ce monde. Même que pour un seul instant, avoir pu savourer de le rencontrer.


Elle avait tant appris. Mais malheureusement elle en voulait encore plus : maintenant qu'elle connaissait ce pays, elle voulait voir ce qu'il y avait au delà du mur.
Mais tout cela était en train de devenir impossible.
Elle s'éloignait, inexorablement, de sa liberté. De toute ses forces, elle retenait ses larmes pour montrer à son père qu'elle était forte. De toute ses forces, elle essayait de ne pas penser à ce qu'elle laissait derrière elle.


Mais cette dernière chose lui torturait l'esprit : comment oublier cette douce sensation quand elle était sortie des murs ? Comment oublier les moments de fous rires avec Sally ? Comment oublier le regard de Livaï ?
Cela aussi, elle se demandait pourquoi cela lui faisait aussi mal. Horriblement mal au ventre. Comme un étau qui lui serrait les entrailles et la faisait presque suffoquer.
En voyant les villages défiler, elle aurait préféré sauter du carrosse en marche plutôt que de continuer sa route vers la cité royale. 


***

Une fois arrivée, l'angoisse de revoir ce qu'elle s'était forcée de quitter lui donnait envie de vomir. On la conduisit dans sa chambre. Son ancienne chambre.
Tout était là : le grand lit à baldaquin, le petit balcon qui donnait sur le jardin, la moquette mauve, la coiffeuse luxueuse en or, l'énorme commode en chêne, la petite table basse et sa bibliothèque.

 
Voir ainsi, que rien n'avait bouger. Elle réalisa comme un coup de marteau, qu'elle venait de revenir à la case départ.
Elle s'avança sur la douce moquette violette et tomba à genou dessus.
Lylla explosa alors en sanglot. Les bras sur le sol, le visage collé contre ses coudes et un torrent de larmes sur ses joues. Des sanglots qu'elle avait retenu toute la journée la secouaient maintenant toute entière.
Elle frappa de ses poings le sol en continuant de pleurer sans pouvoir s'arrêter.


— Pourquoi...Pourquoi... Gémissait-elle.


Elle s'arrêta de frapper la moquette seulement quand ses paumes devinrent rouges comme les rideaux de ses fenêtres. Elle se tint alors la tête et roula en boule sur le sol.
Les yeux gonflés et déversant sans interruption de l'eau salée, elle pleura ainsi sur le sol pendant deux heures entières. Quand elle parvint enfin à se relever en sanglotant, elle vit que le soleil avait quasiment disparut derrière le mur de la cité royale. Elle ne pût voir la descente du soleil car il était caché par ce mur. Les couchers de soleil lui manquaient déjà. Aussi elle s'écroula à nouveau sur le balcon.
C'était peine perdue : la peine qui lui broyait les entrailles était incontrôlable.
Elle resta jusqu'à que le soleil soit couché en train de pleurer sa peine. Les étoiles apparurent une à une dans le ciel quand elle parvint à s'assoir contre un mur et à reprendre son souffle.
Mais elle avait horriblement mal au coeur. Et comme chaque larmes lui tranchaient les yeux, elle s'arrêta enfin de pleurer.
La porte de sa chambre grinça et s'entrouvrit quelques minutes après. Lylla, n'ayant plus la force de crier à cet intrus de dégager , le laissa entrer. Il posa un plateau sur la table basse et vint se précipiter pour prendre Lylla dans ses bras.


—Oh....Karine.... Gemissa-t-elle en agrippant la femme âgée comme si c'était sa dernière chance.

 
— Chuuut ma chérie.... Chuchota Karine.

 
— Il m'a dit... Il m'a dit que si je ne venais... Pas avec lui... Il...il... Il allait faire en sorte que... Le bataillon d'exploration soit... Abolit par l'Assemblée... Je ne pouvais pas... Je ne pouvais pas prendre le risque que... Que... Alors je suis ici... Karine je...je n'en peut plus.... Sanglota-t-elle.


—Tu as fait un choix honorable. Tu t'es laissée guidée par ton sens du devoir. Nina tu... Commença Karine.


— Appelle moi Lylla... Coupa cette dernière.


— Lylla tu es une fille forte. T'enfuir comme tu l'as fait il y a 5 ans... Personne n'avais jamais vu ça. Tu as la force de surmonter les difficultés et de te tracer le chemin que tu désires. Ce pouvoir, il est immense et insurmontable. Tu es forte et déterminée et si tu continue à l'être, rien ne t'arrêtera. Lylla tu es la fille la plus courageuse que je n'ai jamais rencontré : rien ne t'effraie. Le monde extérieur, les titans, les lois... Rien ne t'arrête. Très peu de personne comme toi existe. Mais ce sont des personnes comme toi qui feront évoluer ce monde tellement inégal. Dit Karine en regardant Lylla dans les yeux. 

 
— Karine j'ai découvert tellement de choses dehors. Si tu savais... C'était les 5 plus belles années de toute ma vie. J'ai visité le pays pendant 4 ans. Tout est passé si vite. Ce pays regorge de beauté. Mais... Mais maintenant je... Je suis ici. Dit Lylla avant de fondre à nouveau en larmes.


— Ce monde, tu peux le sauver. Fit Karine.


Lylla redressa la tête.


— Regardes moi. Qui te dit que tu seras bloquée ici pour toujours ? Quand ton père te laissera sa place dans la chambre des nobles, tes idées pourront être entendu. Tu pourras faire quelque chose de ce monde, tu pourras exposer ton savoir et le faire partager aux peuples. Les nobles ont un pouvoirs énormes sur ce pays. Si tu deviens l'un d'eux, tu pourras continuer ta lutte pour la liberté. Fit Karine avec certitude.


Lylla resta un instant sans voix.
C'était donc vrai ? Y avait-il encore une chance pour qu'elle soit libre ?

 
— Revenir ici comporte beaucoup de désavantage, j'en convient, mais il contient aussi d'énormes chances. Étant la seule descendance de Martin Larbos, tu deviendras une noble. Et tu auras le pouvoir de changer les choses. Continua Karine.


— Karine. Si je suis seule dans ma cause, même si je suis noble, je ne pourrais rien faire changer du tout. Coupa Lylla, avec une mine sombre.


— Non c'est vrai. Mais tu pourras gagner des partisans. Et de recrue en recrue, tu pourras un jour te faire entendre. Rétorqua Karine en souriant.


Karine prit Lylla dans ses bras et la jeune blonde s'y blottit.
Ce que Karine ne savait pas, c'est que Lylla préférait vivre avec le bataillon d'exploration plutôt que de se préoccuper de la vie politique. Mais désormais, elle n'avait plus le choix.
Ce que Karine ne savait pas non plus, c'était que quelqu'un la retenait encore parmi le bataillon d'exploration...

Tout cela lui semblait ignoble, impensable... Accéder au pouvoir ... Cette idée l'avait toujours dégoûtée. Le pouvoir ne l'intéressait pas. Mais si maintenant cela devenait une possibilité pour devenir libre, alors elle y réfléchirait peut être. C'était peut être la seule solution étant donné son état actuel.
Elle ne pourrait plus s'enfuir à cause des passages entre la cité royale et la ville qui étaient désormais extrêmement contrôlés. D'autant plus que si elle partait, le bataillon d'exploration disparaîtrait et cela était impensable. L'humanité avait besoin de ce corps de l'armée.
Elle devrait donc assumer ce rôle jusqu'à la fin de sa vie... À cette pensée, une nouvelle larme coula sur ses joue.

Freedom - Tome 1 ( Livaï x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant