Freedom - Tome 1 ( Livaï x OC )

Chapitre 9

Le lendemain, Lylla alla s'excuser  pour le dérapage d'hier soir. Autrement dit, elle s'excusait de l'avoir serré contre elle. Livaï répondit simplement que c'était déjà oublié.

Mais c'était un leurre de dire que c'était oublié : aucuns des deux n'avaient pu oublier. Livaï n'avait plus dormi de la nuit et Lylla avait remué dans son lit jusqu'à l'aube tant chacun étaient déstabilisés.

Livaï se demandait la provenance de ce frisson quand il apercevait Lylla, et cette dernière ne comprenait pas pourquoi elle le trouvait encore plus beau que d'habitude. Hier, seul Livaï était perdu mais maintenant Lylla avait rejoins le bal.

Tout les deux ne changèrent cependant en rien leur attitude. C'était comme si de rien n'était mais comme dit, ce n'était qu'en apparence.
Alors les jours qui ont suivis ce petit incident, ils évitaient chacun de croiser le regard de l'autre afin de chasser les frissons involontaires. Mais rien ne changea. Dès qu'ils se regardaient à nouveau, cela revenait.

Il fallait les applaudir pour admirer la façon avec laquelle aucun des deux ne laissaient absolument rien paraître de cette confusion.

Livaï était plus que jamais embarrassé par la situation. Il ne se comprenait plus ; ce qui le rendait irritable et tout le bataillon le sentit passer. Il s'énervait lui même de ne pas réussir à comprendre ce qui lui arrivait et il s'en voulait. Il se disait que cela devait être de la frustration  que Lylla lui ai ainsi tenu tête. D'ailleurs c'était bien une première depuis des années. Aucun de ses précédents subordonnés n'avaient jamais osé lui parler comme elle l'avait fait : en le tutoyant et en haussant le ton. Elle s'était adressée à lui comme une personne qu'elle connaissait depuis toujours, et il n'en avait plus du tout l'habitude. Depuis les disparitions tragiques d'Isabel et de Farlan, Livaï avait construit une véritable coquille d'indifférence autour de lui. Il avait fuit tout attachement avec autrui et il avait réussi. Et après tant d'années d'effort à fuir, le voilà, par un seul regard avec elle, dans un nuage nouveau de perplexité. À cause de cela, Livaï était très en colère contre lui même. 

Lylla, elle, ne comprenait tellement rien à ce qui lui arrivait, qu'elle laissa bien vite tomber toute ses tentatives pour expliquer ses émotions nouvelles. Elle se rassura en pensant que ça allait passer avec le temps. Lylla pensait que c'était de la gène de s'être " jetée" sur son supérieur. Chose qu'elle n'approuvait pas. Son éducation lui disait que ce qu'elle avait fait était très déplacé mais elle l'avait fait quand même. Et rien ne pourrait plus en changer.
Ils laissèrent le temps opérer.

— Lylla je peut te parler s'il te plait ?

La jeune femme concernée se retourna et quitta sa tâche ménagère pour voir son interlocuteur. Elle vit Harry, qui se tenait dans l'encadrement de la porte ébène. Il semblait peu sûr de lui et la tension se lisait sur son visage.

— J'ai terminé. Je peut y aller ? Demanda Lylla à son supérieur Livaï.

Son escouade avait aujourd'hui décidé de tuer le temps en nettoyant. Enfin c'était Livaï qui avait ordonné de tout nettoyer à nouveau pour le plus grand désespoir de son escouade.

— Oui. Dit il simplement sans prendre la peine de lever les yeux sur Lylla.

— Merci. Répondit elle avant de quitter son tablier pour aller rejoindre Harry derrière la porte.

Livaï les observa s'éloigner du coin de l'œil avec une pointe de colère dont il ignorait la provenance.

Harry entraina Lylla dans le jardin où il s'arrêta devant les tables à manger extérieures et s'assit sur un des bancs.

— Bon... On fait quoi on compte les mouches ? Dit Lylla qui perdait déjà patience. Non parce que si tu voulais t'éloigner du regard des autres c'est loupé : toutes les fenêtres ont vu sur cet endroit.

Harry parut alors encore plus embarrassé qu'avant.

— C'est pas grave... On a qu'à parler doucement. Dit il d'une petite voix. Assieds toi ce sera mieux.

Lylla s'exécuta.

— En fait voilà... Je voulais t'en parler parce que t'es la seule qui puisse comprendre quelque chose à ça... Alors en fait, il... Je...
— Aller crache le morceau ! S'énerva Lylla.

— J'ai trouvé des documents sur le bureau d'Erwin qui  disait que le bataillon d'exploration risquait d'être supprimé.

— Comment ? Tu es sûr de ce que tu avances ? Il y avait une signature officielle ? S'étonna Lylla.

— Oui, c'était au nom d'un certain Martin Larbos. Je ne sais pas vraiment qui s'est mais je crois que c'est un haut dirigeant de la chambre des nobles.

— Martin Larbos. Tu en es sûr ? Coupa Lylla.

— Oui j'en suis sûr il y avait son nom. Répondit Harry. Tu le connais ?

— Non. Mentit Lylla.

Oh si que je le connais... Pensa Lylla en son fort intérieur.

— Enfin bref... C'était dit que le bataillon risquait de fermer... Et sans argent, c'est la fin assurée du bataillon. C'était communiqué comme une simple information mais cela ressemblait à un avertissement.

— Un avertissement à la fermeture ? Ce serait horrible de fermer le bataillon d'exploration... Désastreux... Et on ne peut rien faire en plus... Marmonna Lylla.

— Il est aussi écrit qu'il viendra faire une visite dans deux semaines pour prendre connaissance de la réaction d'Erwin.

— QUOI ?! Cria Lylla sous le choc.

Harry la regarda avec incompréhension.

— Enfin... C'est bien une première depuis longtemps... Un membre de la chambre des nobles qui vient voir le bataillon d'exploration. Rattrapa Lylla.

-— Je suis bien d'accord ça m'a l'air tordu. Répondit Harry. Tu penses qu'on peut faire quelques chose ? Le bataillon d'exploration c'est tellement devenu important pour moi... Que s'il fermait ce serait une vraie catastrophe pour moi. Tu vois une solution ?

— Non... Les nobles ont trop de pouvoirs pour qu'on puisse s'en prendre à eux. Ce serait de la folie... On va juste devoir se contenter d'observer. Termina Lylla.

Et se cacher. Pensa Lylla.

— Tu n'as pas d'idée ? Je pensais que tu en aurais... Se lamenta Harry.

— Il ne vaut mieux pas en avoir. S'en prendre aux nobles c'est de l'inconscience. Trancha Lylla avec fermeté.

Elle se leva et fit volte face.

— Merci de m'en avoir parlé.
Harry l'attrapa par le bras et la serra contre lui.

— Merci à toi. Dit il.

Lylla se dégagea d'un coup sec.

— Je t'ai déjà dit d'arrêter. Rétorqua-t-elle sèchement avant de lui tourner définitivement le dos.

Elle marcha d'un pas actif jusqu'à son grenier aménagé où elle s'écroula sur le canapé pour faire le point.

Le gouvernement voulait fermer le bataillon d'exploration . Enfin surtout les nobles puisque Martin Larbos allait venir dans deux semaines. Cela compliquait ses projets... Et tout semblait devenir compromis.