Chapitre 21

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Le coup de feu était parti...
Lylla se retourna et s'apprêtait à sortir de sa cachette quand Livaï lui attrapa les deux bras et la plaqua contre l'arbre où elle était cachée. Il fit barrière de son corps pour l'empêcher de courir.


— Chut ! Ils vont nous repérer. Murmura Livaï.


— Lâches moi. Je vais aller le tuer. Ordonna Lylla, les yeux remplis de haine et de larmes.

 
— Pas maintenant. C'est trop tard. Répondit Livaï.


Elle le poussa mais Livaï l'entoura  et elle se retrouva bloquée dans ses bras. Il la tenait fermement contre lui, pour l'empêcher de bouger ou pour la consoler ? Elle ne savait pas. Lui non plus d'ailleurs.
Le corps de Lylla devint alors dépourvu de toute force et elle se laissa entourer. Elle pleura à flot et elle resta au creux de l'épaule de Livaï jusqu'à ce qu'elle arrive à arrêter ses larmes. Mais même après s'être calmée, elle ne bougea pas et écouta les battements de coeur de Livaï qui étaient relativement forts et rapides.
Comme la première fois, elle aimait sentir son torse robuste et son odeur masculine contre elle.

 
Foutues hormones... S'énerva-t-elle en son for intérieur. 

 
Livaï aurait voulu rester ainsi, car il aimait la sentir contre elle, mais sa conscience le rappela à l'ordre.


S'attacher à quelqu'un c'est souffrir. Se disait-il.


Alors il la lâcha et prit son expression la plus neutre possible.


— C'est bon t'es calmée ? T'as failli nous faire repérer. Râla-t-il.


À cette remarque, Lylla vit rouge.


— Oh excuse moi c'est pas comme si mon père venait de tuer ma mère cachée. Rétorqua-t-elle de se retenant de lui faire manger son poing.

 
Livaï savait qu'à la réponse qu'il venait de donner, il se serait frappé lui même tant c'était égoïste de dire cela. Mais c'était la seule chose qui lui était venue à l'esprit pour justifier le fait qu'il venait de la serrer dans ses bras.  Mais il tenait à se rattraper de cette égoïsme.


— Navré. Dit-il en détournant les yeux.

 
La troupe était partie, et heureusement car Lylla lança un regard assassin à Livaï avant de marcher au pas de course vers la rivière.
Lylla était déçue de l'attitude de Livaï. Il semblait bien se moquer de ce qu'elle ressentait. Et en plus il l'avait serré dans ses bras uniquement pour la retenir de courir et non pas pour la consoler comme elle l'avait cru pendant un instant. Cela rendit sa peine encore plus grande et le creux au fond de sa poitrine s'approfondit encore.
De l'autre côté de la rive, on distinguait un corps étendu par terre. Une larme coula sur la joue de Lylla et elle traversa la rivière en marchant dans l'eau, en se fichant royalement de ses bottes qui allaient être encore plus trempées et pleines de boues.
Sans doute Larbos avait laissé le corps afin que ce soit un malheureux jardinier qui retrouve le corps et fasse croire à un suicide.


Lylla s'approcha du corps et s'accroupit à sa hauteur.
On aurait pu croire que Karine dormait paisiblement, la nuque baignant dans les herbes hautes. Mais le petit point rouge au milieu de son front  indiquait que sa vie s'était envolée.
Lylla prit le visage de Karine dans ses mains et lui caressa la joue tandis que sa vue recommençait à se brouiller de larmes.
Elle savait désormais pourquoi Mme Larbos ne lui avait jamais porté l'attention d'une mère. Tout simplement parce que ce n'était pas elle qui l'avait porté dans son ventre et lui avait donné naissance. Voilà pourquoi c'était Karine qui s'était principalement occupée d'elle.

 
— Maman... Murmura-t-elle en faisant tomber quelques gouttes d'eau salée sur le visage de Karine.


C'était une manière de se rattraper que de prononcer ainsi ce tendre mot. Elle ne lui avait jamais dit alors elle se devait de le faire maintenant même si elle ne pouvait plus l'entendre.
Elle venait de perdre la seule personne en qui elle avait depuis toujours confiance. Et même si Karine n'avait jamais occupé le statut officiel de "maman", elle restait la seule femme avec qui elle avait tout partagé et avait remplis son enfance de tendresse.
Aujourd'hui Lylla s'en voulait de ne pas l'avoir appelé "maman" à chaque fois qu'elle la voyait. Lylla avait toujours cherché de l'attention de la part de sa mère officielle, Mme Larbos, mais n'en avait jamais trouvé. Elle cherchait une vraie mère mais elle l'avait depuis toujours auprès d'elle. C'était Karine.


Et dans quelle douleur, Karine avait dû vivre en voyant que sa fille ne la voyait pas comme sa mère ? Elle avait dû se taire et accoucher de cet enfant puis le donner à une autre femme. Rien n'était plus horrible et inhumain. Quel marché tordu lui avait fait signer son père pour qu'elle se retrouve à accoucher pour une autre femme ?
Elle se rappelait des fois où elle avait été méchante avec Karine. Maintenant elle s'en voulait de l'avoir blâmée si souvent. 
Le temps était passé trop vite, elle aurait aimé mieux la connaître. Oui la connaître par coeur et la graver ainsi dans son coeur.
Mais c'était déjà fait. Karine avait laissé une marque au fer rouge. Une plaie béante dans la conscience de Lylla.
C'était une infamie ce que venait de faire Larbos .
Il avait tué la mère de son enfant sans aucune raison valable. Si Lylla n'était pas, en cet instant, dévastée par la tristesse, elle irait courir après Larbos pour l'étrangler et lui faire payer cette mort inutile.


Mais Karine était morte et Lylla devait reprendre sa route.
Dans un dernier adieu, Lylla coucha le corps de Karine dans le champ et croisa ses bras sur son ventre. Elle dispersa ses cheveux autour de son crâne et plaça un petit bouquet de fleur dans ses mains. Lylla essuya le sang qui coulait du petit trou et y plaça une petite fleur violette.
Après cette courte sépulture, Lylla déposa un baiser humide de ses larmes sur la joue de Karine.
— Je suis désolé. Lança Livaï derrière elle.
Lylla ne se retourna même pas vers Livaï et resta dos à lui tandis qu'elle se relevait. Elle essuya ses larmes d'un revers de manche.

Tu as la force de surmonter les difficultés et de te tracer le chemin que tu désires. Ce pouvoir, il est immense et insurmontable. Tu es forte et déterminée et si tu continue à l'être, rien ne t'arrêtera.

Il fallait qu'elle donne raison à ces paroles de Karine. Il fallait qu'elle honore sa mémoire . Il fallait qu'elle prouve qu'elle avait raison.
Elle allait dénoncer son père et prendre sa place au sein de la chambre des nobles. Ainsi elle se battrait chaque jour pour la liberté que Karine lui avait insufflée.
Sa détermination plus forte que jamais, elle se remit en route.


— En avant. On a des documents à récupérer. Lança-t-elle à Livaï sans même lui adresser un regard.

Freedom - Tome 1 ( Livaï x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant