Préliminaire

147 15 3
                                    

-Tu me trouves grosse dans cette robe? s'inquiète Lucie. 

Je la regarde s'observer dans la glace depuis au moins dix minutes. Elle est inépuisable cette fille-là. Elle m'a réveillée à sept heures pour être sûre que nous soyons à l'heure d'ouverture des magasins. Et oui, aujourd'hui, c'est shopping!  Je dois bien être la seule fille de mon école qui n'est pas heureuse de faire les magasins pour dénicher la tenue parfaite. 

-Élé? Tu es toujours avec moi? 

Je me frotte les yeux et la regarde se pavaner dans sa robe bouffante rose bonbon. On dirait une robe sortie directement du placard de Barbie. 

-Désolée, j'ai pratiquement pas dormi cette nuit. 

-Éléonore, ça fait presque une semaine que tu ne dors ''pratiquement pas'', dit-elle en faisant des guillemets avec ses doigts. Qu'est-ce qui se passe? Tes expéditions avec Peter t'épuisent trop? rigole-t'elle. 

-Je savais que je n'aurais pas dû te raconter notre souper. Tu n'as pas arrêté de m'en rabattre les oreilles. 

-Oh, mais arrête et puis tu ne peux pas m'en vouloir, vous êtes si mignons ensemble! 

-Si par mignon tu entends qu'on ne s'est quasiment pas parlé depuis. C'est vrai que c'est très agréable, grognais-je. 

-Attends qu'il te voit dans ta robe ce soir! Il sera à tes pieds je te le garantis. 

-Il faudrait d'abord avoir cette robe, soupirais-je. 

-Nous l'aurions peut-être trouvée si tu y mettais du tien. 

-Ça, c'est toi qui le dis, Ça fait plus de deux heures que nous sommes ici et toujours aucune trace de ta robe et pourtant tu en mets du tien peut-être même un peu trop. 

-Je veux qu'elle soit parfaite et la perfection prend du temps.  

-Bon alors, enlève-moi tout de suite cet ignoble truc rose.

Elle m'adresse une grimace et va se changer. Une fois l'affreuse robe disparue, nous nous lançons chacune de notre coté à la recherche de notre perle rare. 

Je farfouille parmi les robes, mais rien ne me fait envie. Les couleurs me paressent ternes, de plus les coupes n'ont rien de spécial. Je n'ai aucune idée de la robe que je cherche. Je ne me suis pas posée pour penser à son apparence. Si Lucie ne m'avait pas réveillée ce matin, je serais allée au bal avec une vielle robe toute simple.  J'ai la tête ailleurs ces temps-ci. 

Depuis mon souper de famille, je fais de plus en plus de rêve. Toujours la même histoire, Cordelia et Mason. Cela m'empêche de dormir convenablement. Ce ne sont pas des cauchemars loin de là. Le problème c'est que lorsque je me réveille, je perds le fil de la réalité. J'ai l'impression que tout s'est véritablement passé.

L'autre nuit, lorsque je me suis réveillée, j'avais le coeur qui tambourinait contre ma poitrine. Ma respiration était lourde. J'avais tranquillement mené ma main jusqu'à mon ventre. J'ai fait glisser mon index sur ma peau quelques minutes.  J'aurais pu parier qu'un petit être s'y retrouvait. J'étais complètement déstabilisée. Je savais que c'était impossible, Dean et moi n'étions jamais été plus loin que de simples baisés. 

Malgré l'évidence, je n'avais pas pu me retenir d'acheter un test de grossesse le lendemain. Je m'étais trouvée terriblement stupide en voyant le résultat négatif.  

Au fond de moi, j'étais surprise. Cela m'avait paru si réel. 

Chaque fois que Mason me touche, m'embrasse... J'ai l'impression d'y être. De ne pas simplement le rêver, mais le vivre. Lorsque je tends la main et la pose contre sa joue, je sens une véritable chaleur. Si j'appuis ma paume sur son torse, je peux sentir sa respiration, voir qu'il est bien vivant. 

Nous sommesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant