c.11: L'anniversaire du mort

3.2K 229 21
                                    

Azzaro traverse la fin de la propriété sous la grande allée pavillonnée d'arbres, puis s'engage à gauche dans un chemin en herbe, sûrement uniquement pour les cavaliers. Le petit cheval prend doucement le trot, il ne boite pas. A mon grand étonnement, il est incroyablement confortable et doux dans ses foulées, c'est vraiment un top cheval. Dommage que personne ne s'en soit rendu compte avant! Je mets bien au moins quatre foulées avant de me recaler, il faut dire qu'à part Scoub, je ne montais pas vraiment d'autres chevaux. A la fin de la ligne, il suit le chemin de droite, qui mène a un immense champs, je ne peux pas vous dire combien il est grand et long, mais bien plus que cinq hectares!

"Tu es prête?"

Je le regarde avec une totale confiance, Azzaro a ce don de me mettre dans mes baskets, à l'aise. C'est une particularité de sa part. De leur part. Je ne sais pas si j'arriverais à l'aimer un jour autant que Scoub, mais je peux bien dire que son cœur est aussi grand que celui qu'elle avait.

- Go!

Je lance ce cri comme je l'avais toujours aussi bien annoncé a Scoub. Soudain je sens qu'il prend de la puissance, beaucoup de puissance dans son arrière-train en se baissant un peu. Je sens ses antérieurs décoller et en un rien de temps se retrouver ventre à terre, la liberté pour nous.

- POUR SCOUUUB!!!!!!!!

Je cris, à m'en déchirer la gorge, le point de notre victoire levé vers le ciel. La seule émotion qui me secoue, toute entière, à chaque seconde de ce galop, c'est le bonheur. Celui qui mène n'importe qui à la victoire, soutenu d'un peu de courage. Les frissons ne cessent de me traverser, les fers d'Azzaro claquent à une vitesse folle. Je me fais accompagner d'un puissant hennissement d'étalon, j'ai du mal à croire ce que je viens d'entendre, serais-ce Azzaro? Quoi qu'il en soit, pour un cheval blessé, la vitesse qu'il a pris est juste incroyable, on dirait un pur sang

 A la fin de ce grand galop, la vitesse ralentit et Azzaro repasse au pas doucement. Un nouvel hennissement d'étalon retenti et fait résonner toute la forêt qui nous entoure.

- Merci Azzaro! Merci beaucoup. Merci, merci, merci.

Ce sourire ne semble à présent plus vouloir se détacher de mes lèvres. Il faut croire que j'ai pris une bonne douche de bonheur, et cet honneur que j'ai rendu a Scoubidou, c'est le meilleur que jamais je n'aurais pu faire, sans l'aide d'Azzaro.


Nous rentrons tranquillement, discutant de tout. Lou m'attendait au box de mon cheval.

- On a très bien entendu les deux hennissements d'un cheval venant de là d'où tu arrives, je n'ose même pas imaginer deux secondes que c'était lui?

Je ris. Je suis heureuse. Il y a bien trop longtemps que ce sentiment m'avait quittée.

- Exact! Je ne sais pas d'où il tient sa puissance, mais elle est... Waw! Haha! C'est un truc de fou! Je t'assures!

Je m'exclame et m'extasie devant les merveilleuses prouesses dont Azzaro en a montré la capacité ce soir. Finalement, la vie n'est peut-être pas aussi injuste qu'elle peut le paraître à certains moments. La vie peut être formidable et savourer chaque plaisir que laisse la nature à notre égard en est une source de magie. Après tout, on n'a qu'une vie. Je finis de m'en occuper auprès de Lou, à qui j'expose tous mes projets naissants avec lui.

- Ben dis donc! Les journaux disaient que tu avais beaucoup d'ambitions et qu'une chute ne t'arrêterait pas, je vois qu'un an plus tard, tu leur rembourses clairement la part!

Cette idée me fait rire, pour une fois que la presse ne disait pas faux! Lou m'abandonne quand elle voit la voiture blanche de sa mère débarquer sur le parking et me souhaite une bonne soirée. Ce soir là, je n'ai pas non-plus l'occasion de rentrer avec Adrien. Décidément, c'est un mystérieux!


                  Il fini par débarquer en vitesse dans la cuisine se laver les mains et s'attabler alors que nous venions de commencer sans lui, à force de l'attendre. Le repas est comme toujours, extrêmement silencieux, ça commence à me taper sur le système. Bien que je n'ai pas pour autant envie de raconter mon escale, personne ne daigne parler. Adrien prétend qu'il n'a pas faim pour le dessert et monte plus tôt à l'étage, lui qui se goinfre habituellement... Je finis de manger et monte. Arrivée dans ma chambre, je tombe sur un paquet est déposé soigneusement sur mon lit, avec un petit mot dessus. Je m'avance, referme la porte et lis, curieuse.

"Enfile cette robe pour ce soir, 21 heures sur le parking. Adrien."

J'ouvre la boîte et découvre une superbe robe bleu pâle laissant discrètement sa place au blanc en descendant. Elle est, juste magnifique. Je la soulève pour mieux la juger, bien qu'elle me laisse sans voix. En dessous, un petit gilet blanc en dentelle est disposé. Je file l'enfiler dans la salle de bain après une bonne douche. Elle me va comme un gant! Je dispose sur ma tête les petits assemblages, soigneusement réunis dans une petite pochette en soie noire. A tous ces assemblages, je viens installer un brin de mascara sur mes cils. Quelques minutes passent avant que l'heure ne sonne. Je descends sur le parking, ne sachant pas trop à quoi m'attendre, venant de lui. De loin, à moitié dans le noir du soleil couché, j'aperçois la silhouette d'Adrien, dépassant du toit de la belle Ferrari rouge. Je m'approche discrètement de lui et le découvre enfin, habillé en parfait gentleman. Il est extrêmement sexy dans ce smoking. 

- Mademoiselle.

Il me lance ce simple mot en me découvrant, inclinant respectueusement sa tête. Ce costard lui va comme du sur mesure, il laisse dessiner sa parfaite musculature.

- Je tiens quand-même à t'informer que je n'ai pas l'intention de faire me sauter en rentrant de soirée!

Il rit doucement en rougissant fortement et me demande ma main, comme dans les films. Ça fait bizarre de comparer la réalité à un film. Je lui cède donc, il l'embrasse, puis me dirige soigneusement de l'autre côté de la voiture, pour me faire monter. Je m'installe correctement sur le siège en cuir et il prend place à côté de moi, je n'ose pas le regarder. Il se mettrait à croire que je le matte, et c'est d'ailleurs ce que je meurs d'envie de faire. Mais un peu de retenue, jeune fille!.

- Quand je te dis ça, je suis sincère, Adrien. 

Il démarre sans pour autant me regarder.

- Je vois, tu es vierge?

J'ouvre grand les yeux, vraiment surprise. Sacré culot! Je ne suis pas lunatique d'habitude, mais cette question vaut bien une saute d'humeur, tout de même.

- J'ai seize ans, et je me respecte, monsieur.

Je suis quand-même choquée. Apparemment, la discrétion ne fait pas partie de sa vie.

- Ça fait deux ans d'écart, ce n'est pas beaucoup, remarque-t-il. 

Il ne quitte pas les yeux de la route, même pour me jeter un regard. Sur ce gros blanc, je décide de changer de sujet.

- Bon, on va où?

Silence radio, un sourire naît en coin sur son visage, rien qu'à l'idée que je ne sache pas quelque chose. Une soudaine pensée me remue: me croirait-il si je lui avouais que je communique avec Azzaro? Jamais... Déjà, j'ai moi-même du mal à y croire, c'est totalement irrationnel, toute cette histoire.


AzzaroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant