Azzaro

c.42: Enfin le weekend

Iris, vous allez à cette soirée, et sans broncher, merci. Je soupire en faisant la moue. Tout le monde connaît cette moue: "C'est bien parce que c'est toi...".

- Je t'accompagnes, mais à une seule condition.

- Tout ce que tu voudras!

- Soit on dort chez elle, soit ta copine peut crever pour qu'on vienne.

Lou grimace en me prenant la main, comme elle le fait toujours très bien.

- Ça, ça va pas être possible, à moins de planter une tante. Anne ne peut pas engager un chauffeur qui pourrait venir entre trois et quatre heures du matin? Voire six ou sept?

Bien évidemment que c'est possible, et c'est même le premier ordre qu'Anne donnerait à l'issue de cette soirée. Mais je ne veux pas retourner au manoir, simplement pour ne pas donner le malin plaisir à Adrien de profiter du fait que je ne tiennes pas debout. La nuit, Adrien n'est plus. Adrien est un monstre qui se réveille des enfers, et je ne tiens à supporter ça, encore.

- On ne peux pas plutôt dormir chez toi?

- Si, si tu veux, mais faudra être vraiment hyper discrètes, je te rappelle que ma petite sœur dort elle, a quatre heures du matin.

J'avais déjà oublié que Lou avait une sœur... Je ne l'avais vu qu'une fois, à travers les vitres de la voiture qui dépose habituellement Lou au centre équestre. Les informations que je détenais d'elle étaient plutôt minces: elle a neuf ans, se prénomme Violette et elle ressemble beaucoup à sa grande sœur. Lou s'amuse à beaucoup me le répéter, elle en est plutôt fière. Elle se revoit plus petite, découvrant le monde.

- Parfait. C'est quand la soirée?

- Demain soir. Je sais je te préviens plutôt tardivement...

Je lève les yeux au ciel: le retard et Lou, c'était un lien très fort qui les unissait. Elle détourne alors son attention et se dirige vers son alezan. Deux bras m'entourent délicatement et le parfum masculin frais qui m'envahit les narines me laisse rêver quelques secondes. J'en profite, parce que je sais qu'en général, le soir, c'est plus l'odeur de l'écurie qui rempli mes narines quand je le serre dans mes bras.

- C'était quoi cette nouvelle? 

- On va en soirée chez une copine de Lou demain soir.

J'ai beau ne pas le voir, je sais parfaitement qu'un délicieux sourire se dessine sur ses lèvres et illumine ses yeux. Je ne sais pas exactement ce qu'il espère venant de moi, mais il à intérêt à ne pas espérer, pour une fois qu'on a l'occasion de faire un truc entre filles. Je me retournes pour affronter son regard brun.

- Mais seulement nous deux.

Je vois petit à petit son expression changer, je sais que je suis sadique, mais ça me fait plaisir. J'en rigole intérieurement.

- Je ne peux même pas venir? Il y aura plein de mecs, et bourré, on fait des conneries, Iris.

Je rigole encore plus. Il n'y a même pas deux mois il a ramené un nombre incalculable de filles après les soirées et venait se blottir contre moi derrière, ça, moi j'appelais ça merder. Lui aussi, il en avait fait un bon nombre de conneries vis-à-vis de moi, et jusqu'à présent j'avais subit en silence, pas question d'avoir un petit ami garde du corps.

- A qui le dis-tu? Non, j'aurais Lou, et uniquement Lou, merci.

Je pars sur mes dires, sous le visage secoué du beau gosse. Je précise derrière mon épaule:

- Bien entendu, je dors chez elle, petit écervelé!

Lui et moi savions très bien quelles intentions Adrien aura quand je rentrerais de cette soirée. Je l'entends de loin rire, avant d'empoigner aux côtés de Lou la barrière du paddock, pour céder le passage a mon amie, les deux chevaux autour d'elle.