c.44: Un petit cœur brisé

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J'ai déposé un bisou sur le bout du naseau d'Azzaro à cette pensée. J'ai rangé mes affaires et je suis allée voir Lou.

- Bon, il va être onze heures et demi, il faudrait qu'on y aille, si tu veux être en ville à midi!

- Déjà? Je fini de brosser la queue et j'arrive.

Je souffle, Lou et le retard... Je cale mon épaule contre le mur et croise les bras en la regardant faire. Je vois malgré l'ombre du fond du box son petit sourire grimper sur ses joues, ce qui a le don de m'attirer le regard. Son visage est beau, avec des rondeurs lisses et parfaites. Ses grandes dents blanches, ses lèvres rosées et pulpeuses, son petit nez, et je ne parle pas de ses yeux, vous en connaissez mon opinion. J'ai de la chance de l'avoir, cette Lou.

- Pourquoi tu souris?

- Parce que je sais que tu as pensé que j'étais encore en retard, et ça me fait rire.

J'étouffe un rire et baisse la tête pour cacher sur mon visage à la réalité de sa phrase. Finalement, elle se redresse et abandonne sa brosse dans sa caisse.


Nous sommes dans la voiture depuis un quart d'heure quand Lou baisse la tête et fait jouer ses doigts, signe d'agacement. Elle m'inquiète, parfois.

- Qu'est-ce que tu ne me dis pas? 

- Rien, il n'y a rien que je ne te dis pas, justement. Je ne peux rien te cacher!

Je fronce les sourcils, je ne vois pas ce qu'elle veut me dire. Elle a l'air désemparée, et la dernière fois que je l'ai vue comme ça, c'est quand elle s'était fâchée avec Tyler.

- Parlons-en plus tard, à table, s'il te plait.

Je me contente d'acquiescer, mais des idées de scénarios affreux envahissent mon esprit. Non, non, non. Iris, va faire un câlin à ta copine, même si tu ne connais pas la raison. Tu vas lui prouver que tu tiens à elle et qu'elle peut se livrer. Je me bouge alors et entoure son corps de mes bras chaleureux et aimants. Dans la voiture, Anne nous conduit, mais je vois bien dans le rétroviseur qu'elle s'inquiète, sans pour autant se permettre une minime question. J'approuve ce geste avec reconnaissance en lui souriant quand son regard croise le mien.



- Merci beaucoup, à demain!

Lou remercie Anne en la saluant de la main alors que cette dernière remonte doucement la vitre de sa voiture pour nous laisser seules sur le parking. En réalité, je ne lui ai pas dit que j'allais à une fête, j'ai simplement dis que je dormais chez Lou. Elle a beau ne pas être ma vraie mère, elle a tout pouvoir sur moi, et ça, je ne peux pas l'éviter.

- Aller, maintenant, resto! Mon ventre gargouille!

La folle Lou se réanime en un éclair, rien qu'à la pensée d'aller manger. Nous nous retrouvons donc dans un des meilleurs Kebab de la ville, en tête à tête au fond d'une salle lumineuse.

- Alors, lançai-je la bouche pleine, dis-moi ce qui te rendais malheureuse?

Son sourire retombe peu à peu au fur et mesure qu'elle réalise que oui, j'ai osé entamer le sujet. Son visage devient sévère. Pas triste, comme j'aurais pu le penser, mais sévère. Elle affiche une certaine pâleur dans les yeux et devient froide.

- Tyler...

- Quoi Tyler? Vous vous êtes encore engueulés? Je vais le tuer si vous continuez!

Elle ne me laisse pas une seconde qu'elle lâche tout bas:

- Il m'a dit en face qu'il m'avait trompée, et qu'il souhaitait qu'on en arrête là.

Je fige. Ma frite salée est en suspension dans les airs pendant que l'alerte rouge se répand dans tout mon corps. C'est révoltant.

- Pardon?!

Je me suis peut-être exprimée un peu fort, oubliant tout le monde autour de nous, mais même le chef cuisinier à tourné la tête vers nous.

- Quelque chose ne va pas?

Une femme d'environ trente ans à la table voisine s'inquiète immédiatement, réaction particulièrement déstabilisante de la part d'une inconnue, mais je vois que toute la clientèle est suspendue à l'attente de la réponse, et j'avoue que je rougis, je n'aurais jamais du crier, oh que non...

Sous l'effet de la colère, les mots passent la barrière de ma bouche avant même que je n'en choisisse le ton.

- Tyler l'a trompée!!

Je les ravale immédiatement, sans même prendre la peine de me plier au regard assassinant de ma conjointe. J'ai merdé, mais du début, jusqu'à la fin.

Sans regarder, cachée derrière mes longs cheveux libres, j'entends la femme avec ses talons se rapprocher et s'arrêter à notre table. Je relève donc timidement la tête, intriguée sans doute, en remarquant du coin de l'œil que Lou fait de même. Finalement, amicalement, elle se penche sur mon amie et l'entoure de ses bras d'inconnue. J'en viens à presque sourire, mais j'en suis incapable. Tout simplement, l'image du garçon craquant qu'est Tyler ne renvoie rien de bon, mais elle est présente en gros dans ma tête, et je l'imagine commettre un crime, il me répugne.

Je fini par sourire de reconnaissance à la jeune femme, qui me regarde tendrement. Je ne le vois pas, mais je sais pertinemment qu'à cette seconde précise, une première larme fait son chemin sur la joue de Lou. Puis une deuxième, et enfin, pile calculé, elle renifle après six secondes. C'est mon petit bonheur, ça, de la connaître parfaitement. Finalement, la jeune femme se détache d'elle et la regarde en face en prenant son visage entre ses mains.

- Sois forte ma belle.

Cette parole est tellement belle qu'elle me reste dans le cœur, et en effet, oui, il va falloir être forte. Cette fille me donne envie soudainement de la connaître, mais je me retiens, ce n'est pas le moment. Elle nous quitte finalement pour rejoindre sa famille et tout le restaurant se remet à discuter, comme si rien ne s'était passé. En temps normal, personne n'aurait essayé de savoir pourquoi j'avais crié, et sois-même, on ne saute pas aux bras d'une inconnue, même si elle a le cœur brisé. Il se trouve que cette jolie fille vient de briser la tradition des "moutons". j'appréciais ce geste.

Nous finissons donc de manger en discutant après l'avoir consolée. J'essaye de la faire rire, et ça marche à merveille. Cinq minutes plus tard, un cuisinier arrive avec un plateau à la main. Je le regarde, étonnée. A moins d'être bigleux, il a vu que nous étions déjà servies!

- Tenez mademoiselle, un gratuit, pour votre cœur. Un kebab c'est bon et manger est une des choses préférées des adolescents, alors mangez!

Je ris avec l'homme tandis que Lou prend le plateau maladroitement en le remerciant énormément. Finalement, tout se passe bien qui fini bien.

- Bon, en route pour chez le coiffeur!

Lou m'annonce gaiement sa phrase en regardant sa montre: elle adore y aller. Pendant une balade, elle m'a raconté qu'une fois, elle s'était endormie quand la coiffeuse lui avait massé le crâne. Depuis ce jour, elle fait une multitude d'efforts pour rester éveillée. Heureusement qu'à l'époque, elle n'avait que huit ans! J'en ris, quand elle se lève précipitamment.

AzzaroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant