c.17: Drôle d'homme

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Pourquoi ne s'est-il pas excusé avant? Il aurai très bien eu le temps, dans le couloir. Même pendant la soirée, franchement. Le pardonner? Bonne question. Tout le monde à le droit à une deuxième chance. Sauf que sa deuxième, elle est déjà passée. Tout dépend de ma volonté à présent, et pour le moment je lui en veux. Me connaissant trop bien, quand j'en aurai assez, je vais revenir et le pardonner, mais il aura déjà tourné la page, c'est du vécu. Que faire? Pardonner un maboul excentrique du ciboulot deux fois d'affilée serait trop beau, même inimaginable. Mais ne pas le pardonner... Je ne sais pas! Cette histoire m'énerve!

- Pourquoi tu ne t'es pas excusé avant?

J'ai assuré le futur détournement de sujet. Surprenant sans doutes, mais j'aurai aimé que mon ton soit plus ferme. Sauf qu'à voix basse, c'est légèrement difficile de varier.

- Je ne savais pas comment tu allais réagir, j'avais peur.

Il est franc et cherche réellement à se faire pardonner, amusant de décréter aussi facilement l'état d'esprit d'un être. Cependant, je ris intérieurement de savoir qu'il en a eu la nausée toute la journée, et je ne compte pas le laisser dormir de la nuit! Comme ça, la prochaine, il y réfléchira à deux fois avant de m'abandonner sur la route! En pleine nuit!

- Peur? rétorquais-je, piquante, dit l'excentrique qui me frappe dès qu'il est énervé! Tu n'avais pas à porter la main sur moi Adrien, je t'ai quand-même pardonné. Le lendemain, tu me refais un coup salaud en me laissant réaliser que ton père est l'entraîneur de l'équipe de France Junior! Tu fais tout pour m'énerver, et au moment où j'explose, tu me déposes comme à l'hôtel au bord d'une autoroute! Je rêve! Tu te rends compte?

J'additionne un petit "Je vais y réfléchir." avant de le laisser cogiter toute la nuit. Si il tenait vraiment à moi, il n'aurait pas fait ça, il faut qu'il apprennes que certaines choses passent avant les relations privées, et que nous ne sommes pas des pantins. Quoi qu'il en pense, j'éteins mon téléphone et m'endors rapidement. Le fait que peu de choses ne m'atteignent est bien souvent un bel avantage.


         J'ouvre les yeux, attirée par une mauvaise odeur de fumée, je lève la tête pour regarder où en est la nuit à la lumière des rideaux. Il fait sombre, seule la lumière de la lune éclaire, ce n'est pas l'odeur d'un feu qui aurait pu se déclencher dans les écuries, non. Je me lève doucement et examine les écuries de la fenêtre, tout semble calme, aucun cheval n'hennit, ça ne vient pas d'en bas. Je me persuade rapidement que ce doit être Adrien, qui fume?! Moi, j'avais des raisons de faire ça, je n'allais vraiment pas bien, mais lui? A pas de velours - chose qui me rappelle d'heureux souvenirs de liberté -, je me dirige vers la porte de ma chambre et m'arrête, la main sur la poignée. Suis-je sûre de faire cela? Pourquoi irai-je le voir, après tout? Parce que c'est mon ami. Je prends une grande inspiration et appuie sur le loquet. La porte cède, je me faufile dans dans le couloir, je m'avance de trois ou quatre pas vers la gauche et atteint rapidement la porte de la chambre d'Adrien, sans réfléchir je l'ouvre, et avance vers lui, sans même prendre la peine de regarder le reste. Je pose ma main sur son épaule et il se retourne. Soudain, un gros voile de fumée couvre mon visage, portant aussi l'haleine de l'adolescent.

AH! Cette fois, j'ouvre réellement les yeux, un ronflement a retenti dans toute ma chambre, Adrien?! Mais qu'est-ce qu'il fait dans mon lit?! Je le secoue pour le réveiller.

- Adrien! Adrien!

Il grogne et se réveille en face de moi, en ouvrant les yeux, tout semble normal pour lui.

- Qu'est-ce que tu fais dans mon lit?

Il referme les yeux, sachant très bien que j'attends une réponse de sa part, et que je le regarde.

- Oh! Tu me réponds!

Cette fois il ouvre carrément les yeux et se relève sur son coude, pour se retrouver à ma hauteur. Je peux même sentir son souffle, nous sommes vraiment très proches. D'ailleurs, c'est ce qui déclenche la panique intérieure dans ma tête. Mais à l'extérieur, rien ne bouge, et cet enfoiré n'a toujours pas répondu. De sa main libre, il prend ma tête et approche son visage encore plus du mien. Nos lèvres se touchent. Pourquoi je ne le repousse pas? C'est agréable d'embrasser, tout de même. Je ne sais pas pourquoi mon corps ne lutte pas, il est comme... complètement charmé, et il faut croire que je m'épanoui dans ses bras. Au bout de quelques secondes, on se sépare et il me regarde. Son regard est fatigué, ses yeux sont explosés et les rides de son visage n'ont jamais été aussi grande, de même pour ses cernes.

- Parce que j'ai besoin de toi, Iris.

Serait-ce une déclaration d'amour? L'alerte rouge de mon cartier central a été déclenchée. Que faire? Toutes les petites Iris dans ma tête s'agitent, deviennent folles et courent partout. Qu'est-ce que je fais?! Rien. Pour l'instant je me contente de le regarder, même si au fond, je ne le regarde pas franchement, je cherche plutôt comment réagir. La seule chose que je trouve à faire est de l'embrasser à nouveau. Une nouvelle fois, nos lèvres se touchent, aussitôt je le regrette.

Iris!! Mais qu'est-ce que tu fais? Repousse-le!

Je ne peux pas!

Si je peux. Mais ça ne se fait pas!

Si, ça se fait. Tu n'est pas amoureuse, Iris.

Les deux hémisphères de mon cerveau sont en pleine partie de ping-pong. Je prie pour que ceci soit en fait un rêve, comme le précédent. Réveille-toi, Iris! Fait que ce ne soit qu'un rêve!! In extremis, le cartier central de mes hormones prend le contrôle et repousse Adrien.

- Je, je ne peux pas. Arrête.

Je n'ai pas à me justifier, et il le sait. C'est lui qui a commencé, et comme un mouton, j'ai continué. Je me lève pour aller dans la salle de bain, mais sa main a été glissée dans la mienne, et elle me retient. Depuis quand elle est là, elle? Je regarde nos deux mains liées, en me demandant par quel hasard elles sont ensemble. Il faut à tout prix que je me calme, il faut qu'il me lâche! Je donne un petit coup pour me dégager, mais sa main est plus forte que je ne l'aurai cru. Il tire un grand coup de me propulse sur le lit, contre lui. L'alerte rouge sonne de plus belle, je ne peux pas me dégager!

AzzaroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant