c.46: Cata ou pas?

1.5K 128 4
                                    

C'est un garçon, son visage est beau, il a de fins sourcils, épilés peut-être, mais la nuit m'empêche de le distinguer clairement, tout comme la couleur réelle de ses yeux et du reste. Ce que je remarque de clair, par contre, c'est qu'il fait pratiquement une tête du plus que moi. Je ne dis pas que je suis petite, je mesure un mètre soixante dix tout pile, mais lui, il est vraiment grand!

- Salut, oui.

J'ai veillé à ne pas être trop froide, pour ne pas non-plus lui donner un mauvais avant goût de moi. Je bois encore une gorgée et me retournes à nouveau, je suis dos à lui.

- Je peux rester avec toi ou...?

- Oui, vas-y.

Je me décale pour lui laisser gentiment une place, mais il me contourne et s'adosse de l'autre côté, là où je ne me suis pas décalée. Je fronce machinalement les sourcils, en faisant attention à ce qu'il ne le remarque pas.

- Comment tu t'appelles?

Je tourne alors la tête dans sa direction, ses yeux croisent les miens, mais je soutiens mon regard tandis qu'il perd cette mini bataille. Ce genre de truc, je le considère comme un jeu, mais ce n'est pas la question.

- Iris, et toi?

- Si je te le dis, tu ne te moques pas?

Je me demande bien quel drôle de prénom il peut avoir pour s'assurer d'abord que je ne rigole pas ensuite. J'espère que ce n'est pas un truc du genre "Gontran" ou encore ""Philibert" !

- Croix de doigt de fer, si je mens, je vais en enfer.

Je tente de paraître la plus sincère possible, mais s'il porte un des ces affreux et ridicules prénoms, je peux dire tout de suite que je vais en enfer!

- Smile.

- Smile? Tu t'appelles Smile? Genre... Sourire?

Je ne cache pas mon étonnement, je ne trouve même pas pourquoi je suis censée rire à ce genre de prénom, ce n'est pas "normal", ça oui, mais de là à en rire, non. Loin de là!

- Oui, je n'y suis pour rien, et sinon, tu es accompagnée?

- De ma meilleure amie, c'est elle qui m'a traînée ici! Et toi?

J'ai l'impression de passer à l'interrogatoire, c'est trop bizarre.

- Elle s'appelle comment? Moi je suis venu seul, avec pour motif une pauvre invitation. Ça va que je connais pas mal de monde, mais personne de vraiment sympa. Alors bon, vaut mieux être seul que mal accompagné, hein.

J'analyse sa réponse, il est populaire? Pour voir le monde qu'il y a dans cette demeure, il me paraît difficile de ne connaître personne, à part mon cas... Je jette un coup d'œil derrière mon épaule, en espoir que Lou ou un de ses amis viennent me délivrer, mais les seules choses que je repère sont six ou sept paires d'index pointés sur moi, mais qui peut bien être cet inconnu portant le nom de Smile?

- Elle s'appelle Lou.

- Lou? Celle qui traîne avec trois mecs seule?

- Ouai, pourquoi?

- Elle est super belle. Bien foutue aussi.

Je me racle la gorge, je n'avais encore jamais entendu une telle chose d'elle, plutôt crue et sans regret. Il a l'air d'être dragueur, dommage pour lui, je suis prise... Je souris en coin après qu'il se soit excusé à cette pensée.

- Heu, je peux te poser une question?

J'aimerai tellement pouvoir pouvoir lui répondre sèchement que non, pour lui faire comprendre qu'il est lourd et que je souhaite être seule, mais ce serai impoli vis-à-vis de lui. Je jette encore un coup d'œil derrière mon épaule et un plus gros attroupement discute, en nous fixant, et ma méfiance l'emporte sur la curiosité de connaître sa question.

- Nan.

Je vois ses yeux s'écarter dans la pénombre et cracher quelconque vulgarité de la barrière.

- Smile s'est fait clasher!!

Je me retourne vivement: un gars, à un mètre de nous, vient de crier quelque chose qui m'a attirée, aussitôt, tout le balcon lance un:

- POOOHH!!!

Et je rigole en comprenant la scène. Je ne prends même pas le temps de regarder son visage et m'en vais, sans oublier mon verre. La maison est si grande que mon esprit s'embrouille, je descends et regarde la piste du haut des escaliers, en quelques minutes, elle s'est remplie et la plus grosse concentration est sous mes yeux, impossible de repérer Lou. Mais qu'est-ce que je suis allée faire ici, moi? Je me m'immisce alors dans la foule en tentant de repérer de longs cheveux blonds virevoltants. Personne, je ne vois personne que je connais, enfin si, dans la foule, je repère la petite Flore, plus allumée que jamais.

- Tu n'aurais pas vu Lou?!!

Elle secoue négativement la tête et je désespère. Evidemment, ma veste et celle de Lou sont dans les vestiaires, elle n'a donc pas son portable. Il ne me reste qu'une chose à faire: vérifier les buffets, dehors et regarder dans les chambres, aux premier et deuxième étages. Je passe donc comme prévu tous les buffets, en me permettant quelques sortes de délices différents, puis, j'entame les portes à l'étage. Je vide mon verre d'un trait et le pose sur un buffet, marre de faire attention à ce truc. J'ouvre la première porte, c'est une chambre vide, attendant sûrement deux amants, mais rien ne presse, il n'est que vingt et une heure.


J'arrive à la première porte du second étage, je commence à en avoir marre, pour être honnête. Miraculeusement, c'est une pièce grande comme une chambre, disposant d'un petit lit au fond. A l'intérieur, j'y retrouves ma tignasse blonde, ses trois amis, et une dizaine d'autres personnes assises en rond, faisant tournoyer une bouteille. Tout le monde se retourne, et j'en deviens écarlate.

- Ah ben enfin! On t'attendait! Tu viens ou tu ne veux pas jouer parce que t'es en couple?

L'énervement que j'accumule depuis près de vingt minutes et plus s'évapore à cette phrase, la tête de mon beau gosse d'Adrien peut attendre! Vous allez vous dire que je suis débile et insensée, mais j'adore le jeu de la bouteille.

- Non, j'arrive!!

Je m'assois donc à côté de ma meilleure amie et le plus grand de ses amis fait tournoyer le verre. Tout se passe tellement bien que je m'ennuie, la bouteille n'est toujours pas tombé sur moi, et ça va faire dix minutes que nous jouons, je veux bien regarder les autres s'embrasser mais le temps fini par être long. Lou a déjà passé six baisers, ou presque, à croire que la malchance est tombée sur moi! Enfin, je constate avec effroi que le creux de la bouteille est face à moi, je n'ai pas vu qui est celui que je dois embrasser. Je pose mes yeux sur la dernière personne à avoir joué, je connais ce visage.

AzzaroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant