c.63: Dimanche 9 Novembre

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Dimanche 9 Novembre: Trois semaines se sont écoulées depuis qu'Adrien et moi avons cassé. Je l'entends quelques fois pleurer, je finis d'ailleurs par me dire que c'est un garçon qui n'a pas peur de montrer ses sentiments, il se fiche de savoir que je l'entende pleurer ou non. Personnellement, je culpabilise sévèrement, je me sens affreuse... Le pire dans toute cette histoire c'est que je crois que je commence à réaliser que je ne peux pas lutter contre mes sentiments, j'avais pourtant réussi jusque là, à les contrôler. Je pensais bien qu'il pleurait parce qu'il relâchait ses nerfs, puis j'avais deviné que c'était de ma faute, mais aucun de nous deux ne revenait vers l'autre, c'était une sorte de combat. Je ne comptais évidement pas céder, si il a cru que céderais avant lui, c'est raté. De son côté, Lou va bientôt avoir un nouveau petit copain, vous ne devinerez jamais qui c'est! Quand elle m'a délivré discrètement que Boy la faisait craquer, j'ai cru devenir folle. Mais soit, j'avais convenu avec elle que puisque c'est mon amie, autant l'aider. J'ai donc parlé avec Boy, il avait l'air de plutôt bien l'aimer, ils se sont échangés leurs numéros, c'était trop mignon.

Aujourd'hui, c'est concours, comme à peu près tous les dimanches. Je sors de la salle de bain avec mes affaires dans les bras et cogne Adrien en traversant le couloir. Rapidement, nos regards se croisent et je crois y deviner une pointe hautaine, dégueulasse. Mes affaires m'échappent donc et je me dois de les ramasser.

- Ça te dérangerais de t'excuser? Lui lançais-je alors qu'il venait de me contourner pour partir.

- Oui. Et toi d'arrêter de m'éviter?

- Parce que c'est moi qui suit en train de le faire, peut-être?

J'ai haussé mon ton ainsi qu'un sourcil, dépliant ma main de manière à viser les vêtements étendus sur le sol.

- Je suis pressé.

- Pas tant que ça pour t'empêcher de m'adresser la parole. Et non, je ne t'évites pas, je vis sans toi, c'est tout. Tu en deviens parano!

Je finis par sourire délicieusement, il l'était réellement devenu. J'avais remarqué qu'il commençait à m'épier du regard, et ce souvent dans la journée. Je ne pouvais cependant nier le fait que je le faisais aussi, du moins déjà plus discrètement.

- ... J'ai rendez-vous, avec ma copine. Maintenant tu m'excuseras, mais je dois y aller!

- Non, je ne t'excuse pas, justement. Assumes juste que ce n'est pas de sa faute si tu pleures de plus en plus souvent en ce moment. Tu sais, je penses que ça vous rafraîchirait la mémoire si tu lui en parlait.

Lui qui m'avait tourné le dos pour repartir n'a pas fait un pas depuis. Il s'est figé, serrant ses doigts dans sa paume. Ses phalanges deviennent blanches. Doucement, il se retourne et me fusille du regard, je crois même que s'il aurait pu me tuer juste en me regardant, il l'aurait fait. Mais c'est une attitude décontractée et provocante que j'adopte, tout comme la phrase qui l'a mit dans cette colère terrible. Il se rapproche de moi et je me lève à mon tour pour lui faire face. Sa mâchoire est contractée, il veut me faire regretter mes paroles, mais j'en rajoute un peu, histoire de rire.

- En plus comme tu l'aimes vraiment... Non mais tu devrais lui dire, franchement!

Il accélère la marche et atteint mon niveau. Je crois qu'il ne cherche même plus à m'intimider, il laisse juste ses nerfs exploser. Sa main part brutalement cogner le creux de ma joue, ce n'est même pas une claque, mais un point! Il a frappé vraiment fort, parce que je viens de renifler un liquide au goût bizarre. Mais l'énervement qu'il vient de provoquer en moi remplace la douleur, qui ne s'atténue pas au cours des secondes. Il secoue alors son bras en disant:

- Ça, c'est pour tout ce que tu me fais endurer, connasse!!!

Alors là, il va voir ce qu'il va voir, mais alors... Mon point part frapper le bas de sa mâchoire a une vitesse telle qu'il n'a pas le temps de l'éviter, et je rajoute:

- Celui là, il était uniquement parce que tu m'as cherchée...

J'en décoche un deuxième dans l'autre joue, en complétant:

- Et celui là pour toutes les putes que tu trahis et que je jalouse!!

La seule chose qu'il trouve à faire, c'est de sourire.

- Tu les jalouses?

- Tu l'as parfaitement entendu, connard!

Je me tourne et pars à toute vitesse, mais malheureusement, une force majeure me retient, et je finis par me retourner, plus en colère que d'habitude. Déjà, ce n'est la première fois qu'il me frappe, et j'en ai marre!! Ensuite, je ne suis pas la petite fragile qu'il croit que je suis. De plus je ne jalouse même pas toutes les filles qu'il côtoie, ah mais quel connard!!!

- Alors tu... tu pinces encore pour moi?

- Connard!!

 Un troisième poing part se loger sur son arcade sourcilière, et il ne scille pas. Je me délivre plutôt très violemment de sa main encore fermée sur mon bras et claque la porte de ma chambre. Il ne bouge pas, je n'entends aucun de ses pas.

- Dis-le moi au moins.

Je sens qu'il est très sérieux, le ton de sa voix suppliant et à la fois sévère m'a tout dit, je serais presque entrain de parier que si je ne le lui dis pas, il va réellement partir en pleurant, m'insultant de tous les noms. Remarque, ce ne serait pas nouveau de l'entendre! J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Après avoir encore reniflé un peu de sang, j'arrive à répondre:

- Mais... Pourquoi tu tiens tant à ce que je le dise?

- Iris, tu... tu sais très bien, combien c'est important à mes yeux.

- Pourtant, je suis sûre qu'au moins une fille avec qui tu es sortis t'as aimée, elle, et pour de vrai. Je suis sûre que tu n'en a eu rien a foutre, comme toutes les autres.

- C'est vrai, mais c'est différent.

- Ce n'est pas un argument valable, ça.

Je me lève et ouvre la porte, pour caler une position dessus.

- Je sais, il rit, mais la différence avec toi, c'est que je t'aime comme un fou, que pour rien au monde je ne regarderais autre chose que tes jolies petites fesses si tu es avec moi.

- Et alors? Et si moi je n'en ai rien a faire? Et si j'avais envie de te faire voir ce que c'est de souffrir de ça? Et si je me mettais à jouer au même jeu que toi? A encaisser les mecs, comme ça?

- Tu n'en n'es pas capable.

- Ah bon?

- Parce que c'est aussi pour ton charisme que je t'aime autant.

- Touchée, coulée. Je souries, t'a gagné.

- Dis-le.

- Je. Une pose sépare les deux mots, t'aime.

Il se soulage un instant, rien qu'a entendre ses mots, mais je me ravive, qui a cru que j'allais me laisser faire?

- Pas!

Je claque la porte en rigolant de ma blague, et je l'entends râler et rire en ouvrant violemment la porte. Il me course jusque sur lit, et je finis par m'avouer vaincue. Sous lui, les mains bloquées, je rends les armes. Je ris encore, comme une gamine. Doucement, il se penche alors sérieusement sur moi et dépose un doux baiser sur mes lèvres.

- C'est pas tout, mais j'ai un concours moi!

- D'abord on va aller débarbouiller tout ça.

Il hausse plusieurs fois les sourcils et me balance de manière à rouler pour me remettre sur mes pieds. C'est vrai ça, je saigne encore du nez.




AzzaroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant