A croire que la chance est tombée sur nous après tous ces évènements, je sors de la carrière victorieuse. Je viens de réaliser un parcours sans fautes avec un temps superbe, après l'échec spectaculaire de la semaine dernière. Pauline est présente dans les estrades, aux côtés de ses amies – qui sont mes anciennes amies aussi - de Lou et d'Adrien. Boy n'est pas là, il a enfin trouvé un élevage pas très loin, et il est parti ce matin chercher son troisième chiot. Il m'a confié en partant qu'il comptait l'appeler Kat, diminutif de Katherine, le nom de sa réelle mère. Il m'a dit qu'il savait qu'elle était morte en lui donnant la vie, et que son père l'avait abandonné suite à cela, n'ayant pas de quoi s'occuper d'un enfant seul. Il sait qu'il vit aujourd'hui au Canada avec une nouvelle famille. Il avait l'air de le détester, ce qui est compréhensible. Je reviens à la réalité, Lou surgit à la barrière du paddock et me lance des grands signes. Certaines personnes pourraient avoir honte que cette personne absolument dérangeante pour tout le monde soit sa copine, mais moi, je m'en fiche bien. Elle passe sous la barrière et flatte fièrement l'encolure du jeune étalon. Il réclame aussitôt, et démasquée, Lou lui donne une grosse carotte en riant.
La fin de l'épreuve arrive à grande vitesse, puisque j'étais l'avant dernière à passer. Si la cavalière qui est passée juste après moi n'est pas remontée à la première place, je suis normalement deuxième. Pas de doute : Elle vient d'esquisser joli un refus pour le dernier obstacle, à moi la deuxième place !
Le micro nous appelle et on me remet un flot et une plaque. Le petit moment où Azzaro en profite pour faire le con; c'est le tour d'honneur. Il se cabre avant de partir. J'avoue que j'ai du mal à le contrôler, il va falloir qu'il apprenne à gérer ses joies, celui-là ! Cependant, il talonne élégamment le hongre blanc qui le précède. J'ai de la chance d'être entre deux hongres, autrement, j'aurais eu le droit à une parade amoureuse ! J'ai beau avoir mis un nœud blanc, les gens possédant des juments n'en n'ont pas tenu rigueur au paddock de détente.
- Allez les fanfarons de concours, à la maison ! Claironne la voix d'Adrien en s'installant sur le siège du conducteur.
L'épreuve de Lou a eu lieu une heure après mon épreuve, et elle l'a remportée haut la main. On donnait presque l'impression que tous les participants de l'Amateur 2 ont fait exprès de faire tomber le numéro sept tour à tour. Lou, suivie de trois autres concurrents ont été les seuls à ne pas la toucher, et comme Savane l'a traînée sur tous les obstacles, ils avaient plus de dix secondes d'avance sur les deuxièmes. Boy m'a accueilli avec son nouveau petit berger allemand. Il était trop mignon avec ses grandes oreilles toutes poilues. Il a beaucoup joué avec Scoub et Jackpot! Pour le moment, cette journée annonçait uniquement du bon, et ça a continué ce soir :
C'est donc pendant le repas – repas auquel j'ai eu le droit d'inviter Lou, puisqu'elle dormirait chez nous le soir – que le téléphone a retenti dans toute la maison. Olivier a alors râlé avant de poser sa serviette sur la table et tirer sa chaise en arrière. On l'a attendu cinq minutes, puis nous avons fini par manger sans lui. Il semblait préoccupé, et seuls ses pas allant d'un bout à l'autre du salon résonnaient jusque dans la salle à manger. Les seules bribes de phrases que je parvenais à entendre de ma place étaient floues. Puis, vers la fin de l'appel, il a crié dans le combiné avant de subitement raccrocher. Il l'a reposé sur le bureau et énergiquement, nous a rejoint. Les rides de son visage ne semblaient pas toutes d'accord. Mais il a choisi de tout de même nous en parler. Il a posé des yeux implorants sur Lou :
- C'était le comité d'enquête sur la provenance des animaux sans papiers. Ils ont travaillé sur la tentative de vol de Savane. Lou, ils souhaitent que je te demande où as-tu acheté Savane ?
Sans même hésiter une seule seconde elle pose sa fourchette et lève la tête.
- Aux Haras Nationaux ! Pourquoi ?
- Tout d'abord, grâce à la plaque d'immatriculation, ils ont les trois ravisseurs sous la main. Ils m'ont dit que ces trois personnes viennent tout droit d'Espagne. Ils devaient toute leur richesse a un étalon français nommé Savane, alezan, possédant la même petite tâche que Savane sur le bout du nez, et les mêmes balezanes. Ces trois espagnols ont amené à la police des photos de l'étalon en question après qu'ils aient été arrêtés. En effet, on dirait qu'il s'agit vraiment de Savane. Seulement, les enquêteurs viennent d'avoir une autre enquête bien plus grosse sur les bras, et veulent en finir avec ça au plus vite. Ils m'ont dit qu'ils passeraient prendre Savane dans la soirée. J'ai eu beau leur hurler que ce ne pouvait être lui, pas deux secondes ils ont douté de leur hypothèse.
- Mais ce n'est pas possible ! Olivier je te jure que pour le prix auquel je l'ai acheté et son si jeune âge, ce n'est pas possible ! Quand-même, il avait un an à peine quand je l'ai eu, je l'ai vu grandir! Je te jure que ce n'est pas lui! J'avais beau avoir sept ans quand il est arrivé ici, je m'en souviens comme si c'était hier.
- J'ai bien sûr renseigné cela à la police, ils ne m'ont pas crus. Je m'en souviens aussi bien que toi, je te ferais dire. Il marque une pause. Ils vont venir avec les photos, tu en aurais de toi et lui petits?
- Heu... Maman devrait en avoir, mais moi je n'en ai pas. Je vais l'appeler!
Personne n'a réagi qu'elle s'est levée d'un bond et a couru dans les escaliers. Le repas s'est terminé sans elle, alors je suis montée la rejoindre après avoir déposé un doux baiser à mon petit copain.
J'ai poussé la porte doucement. Elle pleurait aux côtés de Scoub, restée dans la chambre le temps du repas, ce soir. Je ne lui ai pas demandé quelle était la raison, puisqu'elle me le dit toujours. Entre des hoquettements, elle se confie.
- Tu crois qu'ils vont l'emmener ? Tu crois qu'il va se séparer de moi ? Ils ne peuvent pas me le prendre, je lui appartiens.
- On ne va pas les laisser faire, je te le jure sur la tête de ma jument.
Elle fourre sa tête sur mon épaule et continue de pleurer sur mon pull de longues minutes encore avant de se reprendre en main. Elle sèche ses yeux. Aucun maquillage n'a coulé, puisqu'elle ne se maquille pas. Elle a simplement les yeux rougis.
- Tu as récupéré une photo au moins?
Elle lève l'œil, puis penche la tête sur son téléphone. Après l'avoir déverrouillé, une vieille photo d'elle et Savane apparaît. Il est aussi grand qu'elle, et je l'entends sourire en reniflant.
- Il était tout petit, et puis il a fait une grosse poussée de croissance à trois ans.
En effet, on aurai dit un nain. Ses jambes sont toutes petites, ce n'est pas la proportion d'un poulain normal. Je souris aussi à présent et je suis rassurée. Avec ma main, je relève doucement ses très longues mèches blondes qui collent à sa peau.
- On va la montrer a Olivier?
- D'accord.
C'est donc bras dessus bras dessous que nous partons, direction le salon. C'est une pièce dans laquelle se situe le bureau, et Olivier y veille souvent tard, voire très tard. Fièrement, elle plante l'écran de son téléphone devant le nez d'Olivier. Il lève aussitôt le regard, surpris d'abord par la luminosité de l'appareil. Comme tout adulte, il prend l'Iphone de sa main droite et s'éloigne le plus possible de l'écran en faisant une tête bizarre.
- Génial, ils n'ont pas intérêt à nous emmerder plus maintenant, sinon je vais poursuivre ces espagnols jusque dans leur trou du cul de pays.
Je souffle en souriant, il a l'air décidément planté sur son opinion comme les fondations de ce manoir. En parlant de l'histoire, la sonnette retenti. Nous nous dirigeons machinalement vers la porte, et à travers les carreaux flous de la grande porte d'entrée, les girofares des voitures de polices s'éteignent et s'allument à répétition. Une grande ombre noire se dessine, puis c'est un policier que nous découvrons en ouvrant la porte. Prévisible. Je vous avoue que je ne m'attendais pas à cela, mais Lou a planté la photo d'elle et Savane au nez du policier, alors qu'il n'avait même pas encore sorti un mot. Il a eu la même réaction qu'Olivier; plus précisément se reculer et froncer les sourcils, avant de comparer son visage à la fillette de l'époque.
VOUS LISEZ
Azzaro
Genel KurguLes riches, non merci. Alors se faire adopter par un couple typé ultra-riche, c'est le comble. S'ajoutent à cette mascarade un garçon insupportable et un cheval... étrange. #1 dans la catégorie Chevaux, dans la catégorie Animaux et Cavalière ~ Co...